Des militaires ont investi, lundi 16 mars, les bureaux de la présidence et de la banque centrale dans le centre d’Antananarivo. Une forte explosion et des tirs nourris ont été entendus dans les bâtiments. Le chef de l’Etat, Marc Ravalomanana, ne se trouvait pas sur place. Il vit retranché dans un autre palais, situé à une dizaine de kilomètres de la capitale. L’armée a donné l’assaut des bureaux de la présidence à Antananarivo pour « précipiter le départ du (président Marc) Ravalomanana », a déclaré le chef d’état-major de l’armée, le colonel André Andriarijaona. « Le palais est occupé. C’était notre mission pour aujourd’hui. Pour l’instant, nous n’avons pas d’autres ordres », a-t-il précisé. Il a ainsi expliqué que les militaires n’iraient pas au palais où se trouve le chef de l’Etat tant qu’ils ne seraient « pas rassurés sur la position » de la garde présidentielle qui le protège, afin d’éviter un bain de sang.
Selon France 24, les combats ont désormais cessé. Le palais est tombé dans les mains de l’opposition. La prise du palais se serait faite dans une relative tranquilité, les militaires n’auraient utilisé leurs armes que pour faire des tirs de sommation. Selon RFI, deux blindés restent désormais stationnés dans la cour.
Selon un scénario bien rodé, le chef de l’opposition, Andry Rajoelina, a harangué ses partisans lors d’un rassemblement sur la place du 13-Mai, au cœur de la capitale. Il a demandé « aux forces de l’ordre d’exécuter sans retard » un « mandat d’arrêt » pour « haute trahison » visant le président. Ce « mandat » avait été auparavant annoncé par la « ministre de la justice » nommée par l’opposant.
« BEAUCOUP DE CHOSES VONT SE PASSER DANS LES PROCHAINES 48 HEURES »
Mais par la suite, M. Rajoelina a assuré qu’il n’avait pas demandé à l’armée de prendre le contrôle du palais présidentiel. « A l’heure actuelle, Ravalomanana n’a pas de pouvoir », a confié à Reuters celui que l’on surnomme Andry « TGV », avant de lancer : « beaucoup de choses vont se passer dans les prochaines 48 heures ».
D’après le commandant de la gendarmerie nationale, des éléments de la garde présidentielle ont fait défection au moment de réintégrer leur unité d’origine dans les forces armées. Une partie des forces de sécurité s’est d’ores et déjà rangée derrière l’opposition. Dans la matinée, deux explosions avaient été entendues près du palais présidentiel mais, jusque-là, rien n’indiquait qu’il s’agissait d’une attaque de l’opposition ou de l’armée contre la résidence de Marc Ravalomanana.
L’Union africaine (UA), réunie d’urgence à Addis Abeba, a prévenu l’opposition et l’armée malgaches qu’elle condamnerait toute prise illégale du pouvoir à Antananarivo. « Si l’opposition veut s’emparer du pouvoir sans avoir rempli les obligations légales et constitutionnelles, ce sera un coup d’Etat et nous condamnerons », a affirmé à la presse le président en exercice du Conseil de paix et de sécurité de l’UA.
Les troubles de ces derniers mois à Madagascar ont fait 135 morts. Ils risquent de porter un coup très grave au secteur du tourisme, qui rapporte 390 millions de dollars de devises par an, et de faire fuir les investisseurs étrangers présents notamment dans la prospection pétrolière et minière. Malgré ses immenses richesses agricoles et minières, l’île est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique.
source: le monde avec AFP et reuters