ADDIS ABEBA – L’Union africaine a suspendu Madagascar de ses instances après la prise du pouvoir par l’opposant Andry Rajoelina, considérant que celle-ci correspondait à « un changement de gouvernement non constitutionnel ».
« Le conseil estime que ce qui s’est produit à Madagascar entre dans la définition d’un changement de gouvernement non constitutionnel », a déclaré l’ambassadeur du Burkina Faso, Bruno Nongoma Zidouemba, président du conseil de sécurité de l’Union africaine. « Le conseil a donc décidé de suspendre la participation de Madagascar aux instances et organes de l’UA. »
La Communauté pour le développement de l’Afrique australe avait déjà refusé jeudi de reconnaître le nouvel homme fort de l’île.
Zidouemba a estimé que la remise du pouvoir par les militaires à Andry Rajoelina revenait à un coup d’Etat.
Il a ajouté que l’UA se réunirait à une date ultérieure pour débattre de la possibilité d’imposer des sanctions.
Le chef du gouvernement transitoire nommé par Rajoelina, Roindefo Monja, a déclaré que son administration plaiderait son cas devant l’Union africaine et la communauté internationale.
« Qu’ont-ils à dire à propos d’une lutte pour la liberté et la démocratie? Quel crime a été commis? » s’est-il interrogé.
« Nous expliquerons notre cause au monde entier (…) Le peuple a réclamé la liberté et les militaires se sont ralliés au mouvement populaire mais n’ont pas pris le pouvoir (…) Nous sommes sûrs que la communauté internationale comprendra. »
La Norvège a fait savoir qu’elle maintenait le gel de l’aide à Madagascar imposé cette semaine après l’arrivée au pouvoir de Rajoelina.
Le nouveau numéro un malgache, âgé de seulement 34 ans, a présidé jeudi son premier conseil des ministres et a dissous l’Assemblée nationale et le Sénat.
Rajoelina, qui a six ans de moins que l’âge légal pour être chef de l’Etat, doit prêter serment samedi prochain.
Il dirige un gouvernement de transition et s’est engagé à organiser des élections d’ici deux ans.
La France a déclaré qu’elle poursuivrait son aide, même si elle a jugé trop long le délai de deux ans pour organiser des élections.
A Washington, le département d’Etat a jugé « non démocratique » le transfert du pouvoir à Antananarivo.