Le repreneur de Plysorol sera connu ce matin. L’offre de reprise de Guohua Zhang, qui a un pied en Chine et un autre au Gabon, a déjà reçu l’assentiment des salariés. Entretien avec Guohua Zhang, 39 ans, actionnaire-dirigeant de Shandong Longsheng (import-export de bois en Chine) et d’Honest timber Gabon.
Dans votre offre de reprise, vous maintenez les sites et les emplois. Pourquoi autant de générosité alors que Plysorol a perdu 18 millions d’euros en 2008 ?
Tout comme Plysorol, nous sommes des professionnels du bois. Notre expérience réussie de plus de 10 ans en matière de contreplaqué nous a permis d’identifier des marges d’amélioration possibles, en particulier dans les approvisionnements qui représentent 46 % des coûts de Plysorol. Il n’y a pas de raison de tailler dans la masse salariale alors qu’elle ne représente que 20 % des coûts de l’entreprise.
C’est-à-dire…
Il est plus rentable d’agir sur l’approvisionnement et l’animation du réseau commercial, que de licencier et de se priver du savoir-faire et du dynamisme des salariés.
Lisieux a été traumatisée par la fermeture de Wonder. Comment rassurer la population sur le maintien de l’entreprise ?
Les entreprises chinoises sont des entreprises comme les autres, elles visent à étendre leurs activités. Pour nous, investir dans Plysorol c’est poser un pied en Europe. Avec les trois sites de Lisieux, Épernay et Fontenay-le-Comte ensemble, nous disposons d’une implantation industrielle intégrée de premier plan, pour fournir des produits de haute qualité. Ce serait une erreur que de casser cette logique.
Et sur le produit ?
Quant à remplacer les produits Plysorol par du contreplaqué chinois, en raison des droits antidumping de 66 % qui frappent les importations d’Okoumé chinois en Europe, c’est d’un point de vue économique tout à fait impensable.
Comment ne pas décevoir les salariés qui ont mis leurs espoirs en vous, lors du dernier Comité central d’entreprise ?
J’ai été très touché de la confiance des salariés de Plysorol. Il n’y a pas eu de réticence à cette offre chinoise. Ils ont compris que le projet que je porte avec le maintien des sites et des emplois est dans l’intérêt de tout le monde. Mon projet a été accueilli du mieux possible.
Vous ne vous êtes pas engagé sur la pérennité des emplois au-delà de deux ans…
Comment convaincre que l’on ne va pas faire, ce que l’on n’a jamais eu l’intention de faire ? Si nous reprenons Plysorol, nous injectons dès demain 10 à 15 millions d’euros d’argent frais dans la trésorerie de l’entreprise, tandis que nous prévoyons d’investir 20 millions d’euros par an pour le développement de l’outil de production. Comment imaginer que nous voudrions tout liquider dans 2 ans ? Personne n’a intérêt à perdre de l’argent. Tout le monde, bien au contraire, à intérêt à ce que ça tourne !