La plateforme associative Œuvrer plus pour le Gabon (OPGA) a commencé depuis le mois de février dernier l’enregistrement des indigents gabonais pour structurer et améliorer l’assistance aux populations vivant dans la précarité. A travers la soupe populaire ou l’appui alimentaire, l’OPGA sensibilise les populations démunies sur les habitudes alimentaires de lutte contre la famine et propose une formule de lutte contre la pauvreté par le développement participatif communautaire.
Installé dans une annexe de la mairie de Nzeng-Ayong, dans le 6e arrondissement de Libreville, depuis le mois d’octobre 2008, la plateforme associative Œuvrer plus pour le Gabon (OPGA) étend et structure ses activités d’assistance et de sensibilisation des populations démunies de la capitale gabonaise.
Depuis la première soupe populaire le 17 février 2007 au quartier la Peyrie, OPGA a développé avec succès ses activités pour la promotion de la lutte contre la pauvreté à travers le développement participatif communautaire.
Au-delà de l’aide aux démunis, les repas distribués chaque jour au siège de Nzeng-Ayong, ainsi que les vendredi, les samedi et les dimanche dans les quartiers sous intégrés de Libreville, à des prix compris entre 200 francs CFA et 500 francs CFA, permettent de créer des lieux d’échanges pour apprendre aux populations à se réapproprier leurs habitudes alimentaires ancestrales, qui sont susceptibles de juguler la montée de la famine entraînée par la flambée des prix de première nécessité.
« Avec ces 100 F;CFA tu peux à peine manger un pain. Mais si un autre a aussi 100 F;CFA, etc. on peut acheter quelques ingrédients pour préparer et 5 ou 6 personnes peuvent manger», explique la présidente de l’OPGA, Bernadette Mimboui Mi Sima Desbordes.
Elle déplore que les influences extérieures poussent les populations vers des habitudes alimentaires exogènes et fassent perdre de vue le potentiel alimentaire local qui permettrait aux plus démunis de contrer la pauvreté.
«Il n’y a jamais eu la famine au Gabon jusqu’aux années 1980», affirme la présidente de l’OPGA, déplorant «une mondialisation sauvage alors que les populations locales ne sont pas du tout prêtes».
Depuis février dernier, l’OPGA a commencé l’enregistrement des indigents, avec déjà 470 personnes consignées, et plus de 800 en attente.
La cotisation mensuelle de 2000 FCFA donne accès aux ayants droits au soutien alimentaire, au soutien médical, aux réseaux d’emplois intérimaires ainsi qu’aux autres formes de soutien développés par l’OPGA.
Les personnes vivant avec moins de 150 000 FCFA ont accès à deux soutiens alimentaires par semaine, et ceux dont les revenus mensuels sont compris entre 150 000 FCFA et 200 000 FCFA y ont accès une fois par mois.
Le soutien alimentaire permet aux plus démunis d’acheter à moindre coût des denrées alimentaires de première nécessité récoltées ou acquises grâce aux collectes solidaires devant les supermarchés de la capitale ou aux dons spontanés, qui permettent de récolter en moyenne 500 000 FCFA par mois pour l’achat des denrées.
Un médecin bénévole assure des visites médicales gratuites aux indigents enregistrés et un réseau intitulé «Job Care» permet à ceux-ci de décrocher des missions de travail temporaires selon leurs compétences pour subvenir dignement à leurs besoins.
L’OPGA est actuellement en phase d’extension de ses activités qui rencontrent un grand succès auprès des populations, ce qui leur a d’ailleurs valu d’être admis depuis le 20 décembre 2008 membre honoraire du Conseil municipal du 6e arrondissement de Libreville.
Un nouveau local derrière l’Ecole normale supérieure devrait bientôt abriter une annexe de la Soupe populaire et une médiathèque, alors qu’un entrepôt de 1300 m² à Oloumi devrait bientôt abriter les laboratoires de la Soupe populaire et du nouveau service «Classe croûte» pour la préparation et la livraison sur les lieux de travail de repas économiques et diététiques issus de la tradition culinaire locale.
Des jardins communautaires à Libreville et des plantations communautaires à Meba, sur la route de Cocobeach, permettent également d’approvisionner l’association pour la préparation des repas et le soutien alimentaire.
D’ici 5 ans, l’OPGA espère parvenir à «stabiliser» 60% de leurs administrés, c’est-à-dire en leur assurant un emploi, un toit ainsi qu’un enterrement digne en cas de décès. A cet effet, des partenariats avec des opérateurs locaux sont déjà établis pour permettre des funérailles dignes à partir de 50 000 FCFA.
A force de formation, d’éducation, de sensibilisation, de soutien, d’assistance et de responsabilisation des populations démunis, l’OPGA entend constituer un réel front contre la pauvreté en communautarisant le potentiel et les moyens de chacun, en exploitant les techniques, le savoir faire et le potentiel locaux.