Elle est trentenaire et elle est jolie, mais ce n’est pas à sa beauté que la chanteuse de gospel Bénédicte Wora doit son succès au Gabon: elle appelle à « briser le joug » du VIH-sida dans une chanson devenue un tube.
« Je suis une artiste engagée. Je m’intéresse aux sujets sur la condition sociale, et notamment à la lutte contre le VIH-sida », explique à l’AFP Wora, fine jeune femme originaire de la province de l’Ogooué maritime (sud-ouest), refusant de révéler son âge exact.
Pour aider à porter le message anti-sida aux jeunes, en particulier les élèves, l’Unesco a appuyé la production -clip vidéo compris- de cette chanson intitulée « Briser le joug du VIH-sida », sortie pour la première fois en single en 1997 et rééditée en 2008 sur son dernier album.
« Arrêtons ces guerres/Si nous voulons nous battre, nous avons un adversaire de taille/(…) Combattons le VIH », y chante-t-elle. « Seigneur, si Tu es avec nous, aucun mal ne peut nous résister/Nous le vaincrons », dit-elle aussi dans ce morceau régulièrement diffusé par les radios et télévisions du pays.
Fervente chrétienne, elle indique avoir « l’espérance que Dieu fera quelque chose en tout ».
« En 1999, j’ai commencé à fréquenter l’église plus ou moins régulièrement. En 2000-2001, j’ai fait un choix: celui de chanter Dieu. La paix, la joie… mais autour de Dieu (…) Mon évangile est tourné vers le social », affirme-t-elle, taisant les circonstances l’ayant conduite à ce choix.
Sorti dix ans après son album « Ndossi » (Le rêve, en langue lumbu), « +Briser le joug+ est le premier de ma carrière gospel », précise Wora qui, contrairement à la plupart des adeptes de cette musique religieuse, n’a pas fait ses armes dans une chorale.
« J’ai commencé directement dans l’orchestre Bee-Pop’s », faisant « plutôt de la variété », explique la chanteuse, cinquième d’une fratrie de six enfants ayant grandi à Port-Gentil, la capitale économique.
Au lycée, elle remporte un concours musical parrainé par Pierre-Claver Akendengué, grande figure de la musique au Gabon. « A partir de là, je me suis dit qu’il était possible de faire quelque chose en musique », se rappelle-t-elle.
Mais à l’époque, le gospel n’était pas dans ses projets.
« Mon père voulait que je sois fonctionnaire. Il a lâché prise lorsqu’il a compris que ce n’était pas mon truc », dit Wora, qui a été secrétaire pour financer des études à l’étranger avant d’abandonner ce projet et de « travailler au service clientèle d’une compagnie aérienne ».
Pour finir, « j’ai choisi la musique », assure Bénédicte Wora, également bijoutière et décoratrice d’intérieur « selon l’inspiration ».
Son inspiration? « Elle vient de Dieu », les onze titres de son dernier album « parlent de Dieu », répond-elle.
Au Gabon et dans la région où la musique religieuse est favorablement accueillie, Bénédicte Wora a son audience. Mais elle séduit au-delà des églises, en accompagnant son choeur d’accents afro-jazz, zouk et d’entraînants rythmes sud-africains, comme dans « A gnobule (Il m’a délivré) ».
« Il y a le chant qui guérit, délivre, restaure », assure Wora, estimant avoir « fait le bon choix de couper » avec les virées « en boîte ».