Les opérations de mise en place d’un fichier électoral biométrique vont démarrer dans les prochains mois, a annoncé vendredi dernier le ministre de l’Intérieur, Jean François Ndongou, lors d’une conférence de presse à Libreville.
Le ministre gabonais de l’Intérieur, Jean François Ndongou, a annoncé vendredi dernier à Libreville la mise en branle des opérations visant à établir un fichier électoral biométrique. ‘‘Sur la base des instructions du Chef de l’Etat, le Gouvernement a élaboré un cahier de charges définissant à la fois les objectifs globaux et spécifiques pour l’introduction de la biométrie dans notre système d’enrôlement’’, a déclaré Jean François Ndongou face à la presse. Le patron de l’administration en charge des élections a également annoncé pour le début de l’année 2013 la publication des listes électorales biométriques pour tenir compte du planning des échéances électorales locales de cette même année. ‘‘Nous avons lancé un appel d’offres restreint depuis le 23 décembre 2011 et aujourd’hui nous avons une liste importante des soumissionnaires. Le dépouillement des offres se fera d’ici le 20 février et le démarrage effectif du projet, courant mars de cette année’’, a renchéri le ministre de l’Intérieur, avant de revenir sur les différentes péripéties qui ont favorisé l’accord de la classe politique autour de l’introduction de cette technologie dans le processus électoral. Jean François Ndongou a évoqué la concertation de la classe politique autour d’Omar Bongo Ondimba en 2005 comme point de départ des négociations sur l’amélioration de la mécanique électorale.
‘‘En effet, au sortir de l’élection présidentielle de décembre 2005, la classe politique s’était retrouvée autour de feu le Président Omar Bongo Ondimba pour renforcer les conditions de transparence dans l’organisation des élections au Gabon car, l’on notait de plus en plus des griefs aux lendemains des différents scrutins’’ a-t-il rappelé. Il a de ce fait souligné le ‘‘consensus (qui) s’était dégagé autour de plusieurs avancées’’ dont l’instauration de deux enveloppes accolées ; la remise d’un exemplaire du procès verbal à chaque représentant de candidat dans les bureaux de vote ; le visa du président du bureau de vote et des deux assesseurs (Majorité et Opposition) sur les bulletins de vote pour qu’ils soient valables, etc. Ce consensus avait été consacré par les accords dits d’Arambo en 2006, au lendemain de la grave crise postélectorale qui avait vu le leader de l’Opposition Pierre Mamboundou se réfugier à l’ambassade de l’Afrique du Sud à Libreville après la mise à sac du siège de son parti. Cette crise avait du reste connu un apaisement avec la rencontre qualifié d’historique entre Omar Bongo Ondimba et Pierre Mamboundou après 20 ans de méfiance et de défiance. Jean François Ndongou est par ailleurs revenu sur le dispositif législatif et budgétaire qui devrait rendre possible l’usage de la biométrie, à savoir : la promulgation de la loi sur la protection des données à caractère personnel, la prise de l’Ordonnance n° 009/PR/2011 dont les dispositions de l’article 4 stipulent clairement que le prélèvement des empreintes et l’identification photographique de l’électeur, seront applicables à compter des élections locales de 2013 et la prise en compte au budget de l’Etat exercice 2012 de l’introduction de cette technologie à travers une inscription de l’ordre de 20 milliards de francs CFA. Au demeurant, le projet d’introduction de la biométrie dans le processus électoral est une proposition de loi de Pierre Mamboundou, le président défunt de l’Union du Peuple gabonais (UPG) décédé le 15 octobre 2011. Mamboundou avait estimé que seule l’utilisation de la biométrie dans le processus électoral pouvait garantir des élections crédibles et transparentes au Gabon.
Louis-Philippe MBADINGA