Les dirigeants de la défunte Union nationale, principal parti de l’opposition dissout en janvier 2011, assistés des leaders des partis politiques alliés, ont commémoré, le week-end dernier, la création de cette formation politique passée à la clandestinité. Le discours de Myboto à cette occasion est un instantané de l’histoire politique récente du Gabon.
La cérémonie festive était agrémentée de danses traditionnelles et de chants, d’un instant de pédagogie et d’histoire portant la genèse du principal parti de l’opposition, dissout en janvier 2011 sur décision du ministère de l’Intérieur entérinée par le Conseil d’Etat.
«Le 10 février 2010 naissait en ces lieux, de la fusion du Mouvement africain pour le développement (MAD), du Rassemblement national des républicains (RNR) et de l’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD), l’Union Nationale. Tel l’enfant du poète qui paraît et que tout le cercle de famille applaudit à grands cris, ce jour là, le cercle de famille constitué par des milliers de militantes et militants et en présence des présidents des partis politiques de l’opposition ou leurs représentants à nouveau parmi nous que je salue et remercie très fraternellement, avait massivement applaudi à grands cris», a rappelé Zacharie Myboto, président de l’UN.
«La naissance, ce 10 février 2010, de l’Union nationale était une surprise qui n’avait laissé personne indifférent dans le paysage politique national. Questionnements, gêne, peur, doute, hostilité, tribalisme (parti des Fangs ou parti des Fangs et des Nzébis), tout y était passé et persiste à ce jour», a poursuivi Zacharie Myboto.
«Le retard infondé du ministre de l’Intérieur de nous délivrer le récépissé de reconnaissance de plein droit du parti conformément à la loi, le refus des medias publics d’exploiter nos activités sous de prétextes fallacieux, la dissolution inique de l’Union Nationale, les menaces, intimidations, répressions et poursuites judiciaires exercées par le pouvoir PDG sur et contre nos militantes et militants obéissent à ce dessein et à cette logique de diaboliser et de discréditer notre parti, son puissant adversaire. Peine perdue, il n’y parviendra pas», a laissé entendre le leader de l’opposition dans un discours visant à démontrer les bassesses orchestrées par le pouvoir en place pour faire disparaitre ce parti.
«Notre combat pour la défense de la démocratie pluraliste, de l’Etat de droit, de la souveraineté nationale et de la légalité républicaine est ardu et sans répit. Il commande notre mobilisation permanente et soutenue. Nous le menons avec les autres partis politiques de l’opposition. Dans cet esprit, nous avions en février et juillet 2010, lors de leur visite au Gabon, remis un mémorandum au président de la république française et un au Secrétaire général des Nations unies, dans lequel, l’opposition dénonçait les pratiques autocratiques instaurées dans notre pays et ayant permis le coup d’Etat électoral d’août 2009 et proposait des voies de sortie. Nous avons, pour les dernières élections législatives, exigé la mise en œuvre des mêmes propositions résumées dans ce mot d’ordre «pas de biométrie, pas de transparence électorale, pas d’élection», a rappelé l’orateur.
«Nous tenons à notre parti comme à la prunelle de nos yeux. Le Congrès National Africain (ANC) déclaré hors-la-loi pendant l’Apartheid, en 1960 et légalisé à nouveau le 2 février 1990, soit trente ans après, est au pouvoir en Afrique du Sud depuis 1994. Nous nous battrons toujours pour le rétablissement de l’Union nationale qui ne mourra jamais. C’est, je le redis, un préalable à tout», a rassuré le président de l’UN.
Les dirigeants de l’Union nationale ont saisi l’occasion de la célébration du deuxième anniversaire pour annoncer le lancement, dans les prochains jours, sur tout le territoire national, d’opérations de création et d’installation de cellules ainsi que de renouvellement de celles qui existent. Mais aussi la nomination, dans les prochains jours, des responsables au niveau de la direction du Parti.