AFRIQUE – La disparition du chef d’Etat gabonais fait resurgir des histoires de corruption…
Malgré les nombreux témoignages de sympathie émis par les dirigeants étrangers, la mort d’Omar Bongo faire resurgir des affaires de corruption où apparaît le nom du chef d’Etat gabonais.
Le député Verts Noël Mamère s’est emporté ce mardi, sur France Inter: «On ne va pas pleurer sur une crapule de plus qui disparaît de la planète. Tous ceux qui sont attachés à la démocratie ne pleureront pas la mort du président Bongo.»
«C’était un président qui n’avait pas le souci de ses citoyens. Il a bien servi les intérêts de la France et des hommes politiques français», a estimé de son côté l’ancienne juge française et nouvelle députée européenne verte, Eva Joly. «La manne pétrolière n’a pas profité» aux Gabonais, a-t-elle estimé. «La France a une grande dette envers le Gabon pour avoir maintenu au pouvoir pendant toutes ces années Omar Bongo», a ajouté l’ancienne magistrate, qui a instruit la tentaculaire affaire Elf et ses ramifications gabonaises.
Omar Bongo, un relais de la «Françafrique»
De son côté, l’ancien ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, a déclaré n’avoir «jamais entendu» que le président gabonais ait aidé «financièrement tel ou tel» dans la classe politique française.
Tout au long de la Ve République française, Omar Bongo a pourtant été l’un des principaux relais de la «Françafrique» où s’entremêlaient raison d’Etat, lobbies et réseaux politico-affairistes.
Son nom apparaît dans plusieurs affaires politico-judiciaires en France, notamment dans l’affaire Elf, symbole des dérives de la Françafrique, dans l’affaire Francesco Smalto, et l’affaire «Noir Silence».
Quelques organisations militantes ont évoqué des soupçons de corruption et de clientélisme. «Il faut fermer la page d’une certaine forme de gestion et de gouvernance en Afrique avec un pouvoir absolu du président, qui est une espèce de « parrain » (…)», a relevé Alioune Tine, responsable de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO) à Dakar.
Encore en cours: l’affaire des «biens mal acquis»
Depuis le 2 décembre, une plainte a été déposée par l’association Transparence International France, qui accuse Omar Bongo de posséder en France des biens immobiliers de luxe financés par de l’argent public détourné.
Pour l’avocat de l’ONG, William Bourdon, «la disparition du président Bongo ne change rien aux poursuites en cours dans l’affaire des biens mal acquis», plusieurs membres de la famille de l’ancien chef d’état étant également visés par la plainte.