« Fraudes administratives, complaisances claniques »… Le torchon continue de brûler à la Caisse nationale de garantie sociale (CNGS) où le syndicat des agents s’est à nouveau insurgé le 7 mai dernier contre l’opacité et l’irrégularité du plan de liquidation de l’institution, dont les responsables tenteraient, aux dires des syndiqués, de flouer la Cour de Comptes qui veut éclaircir ce conflit.
Alors que la Cour des Comptes cherche à décanter la brouille qui oppose, depuis le 18 février dernier, les agents de l’ancienne administration de la Caisse nationale de garantie sociale (CNGS) et son comité de liquidation en réunissant des pièces justificatives, le syndicat des agents a de nouveau dénoncé, le 7 mai dernier, la falsification de ces documents devant servir à l’arbitrage de ce conflit, les agissements frauduleux du comité de liquidation concernant l’établissement des bordereaux justificatifs des agents, sollicités par la Cour des Comptes pour tirer au clair cette situation « opaque ».
«Le site informatique de la CNGS a été délocalisé depuis bientôt deux ans vers la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Ce travail devait être fait chez nous, pourquoi aller le faire à la CNSS ? Et pourquoi profiter de l’absence du directeur général de la CNSS, monsieur Antoine Yalanzele, pour faire ce travail ? Cela prouve à suffisance que ces bordereaux sont confectionnés de façon illégale, simplement parce que la Cour des Comptes veut voir clair dans cette affaire» explique le président du syndicat de employés, Jean de Dieu Ndong Nzé.
«Parmi nous il y a beaucoup d’anciens chefs d’équipes. Si la Cour des Comptes veut voir clair, qu’elle nous fasse appel car nous pouvons fournir des informations fiables» a-t-il poursuivi.
Le syndicat des agents de la CNGS dénonce également le recrutement d’une trentaine d’agents sur la base de complaisances claniques, en violation des dispositions du plan de liquidation de l’institution.
«Les salaires ont été doublés voir triplés. Or dans l’ordonnance de liquidation de la CNGS, il n’était pas question de garder une partie du personnel et d’en envoyer la majorité au chômage. Voilà encore une grosse erreur du comité de liquidation de la CNGS» a ajouté monsieur Ndong Nzé.
En grève depuis le 18 février dernier pour réclamer le paiement intégral de leurs droits après la liquidation de leur ancienne administration, les agents de la CNGS avaient remis leur sort entre les mains du chef de l’Etat, en sollicitant son arbitrage le 24 avril dernier.
«Nous attendons ce tour de table qui a été promis par le chef de l’Etat afin de voir clair dans la liquidation de la caisse nationale de garantie sociale» a conclu le président du syndicat de la CNGS.
En décembre dernier, le gouvernement avait décidé de liquider la CNGS, l’une des deux institutions de sécurité sociale du pays. Une enveloppe de plus d’un milliard de FCFA avait alors été versée pour le paiement des droits, mais le personnel demande à avoir davantage d’informations sur le mode de calcul de ce qui a été remis à chacun face aux inégalités constatées dans la répartition de ces droits.
La CNGS s’occupait exclusivement des retraités de la fonction publique, des travailleurs indépendant et des indigents. Si les retraités de la fonction publique ont été reversés au Trésor public où ils perçoivent normalement leur pension, les indigents et les travailleurs indépendants ont été abandonnés à leur sort, sans solution de rechange.
Pour rappel, une faction cagoulée et puissamment armée des forces de l’ordre gabonaises avaient procédé dans la nuit du 3 au 4 avril dernier à l’évacuation forcée d’une cinquantaine d’employés de la CNGS qui tenaient le piquet de grève devant l’entrée principale de l’établissement.