Devant une salle de la chambre de commerce comble le 22 juilet 2009, le Dr. Daniel Mengara a livré le discours ci-dessous.
Compatriotes,
Mesdames et messieurs,
Il me plaît énormément de me retrouver parmi vous aujourd’hui en cette exceptionnelle occasion.
Exceptionnelle occasion parce que l’opportunité m’a enfin été offerte de partager avec vous ma vision du Gabon, vision inspirée par les 42 années de souffrance et de traumatisme que notre peuple, le peuple gabonais, a vécu sous un régime qui a fait de la dictature, du vol et des viols son mode de gouvernance.
Mais si je suis là aujourd’hui, c’est surtout aussi à cause d’une femme, la femme qui m’a donné vie et qui, toute sa vie, comme tant d’autres mères gabonaises, m’a éduqué à vouloir pour les autres ce que je voudrais pour moi-même : c’est-à-dire l’amour pour la justice. Cette femme est morte le 4 juillet dernier parce que née dans un pays où l’on a tout fait pour meurtrir le peuple gabonais et le condamner à la mort lente dans un pays où personne n’a songé à construire des hôpitaux dignes de ce nom.
Je voudrais à ce titre demander à tous ceux qui sont présents de se lever pour observer une minute de silence à la mémoire de tous ceux qui, pendant les 42 dernières années de bongoïsme au Gabon, ont souffert dans leur âme et dans leur être.
(Je vous remercie)
Oui, Mesdames et Messieurs, je suis devant vous aujourd’hui pour annoncer ma candidature à la Présidence de la République gabonaise.
Cette candidature, elle n’est pas pour moi. Elle est celle des Gabonais, de tous les Gabonais. Je dédie ma candidature à tous les Gabonais connus et inconnus qui ont souffert du dédain et de l’irresponsabilité de ceux qui ont pendant 42 ans tué les aspirations et les attentes de toute une nation.
C’est aux martyrs de la République que je dédie cette candidature.
C’est à Jean-Hilaire Aubame, Eugene Amogo, Germain Mba, Capitaine Mandza, Joseph Rendjambé, Doukakas Nziengui et à tous les autres martyrs de la République connus ou inconnus qui, comme moi, ont refusé jusqu’au bout les compromissions et payé ce refus de leur vie, que je dédie cette candidature.
C’est à Martine Oulabou et aux citoyens de la République qui, pendant 42 ans, ont succombé face aux injustices, aux arbitraires et aux assassinats injustifiés, que je dédie cette candidature.
C’est à Paul Mba Abessole, Pierre Mamboundou, Agondjo Okawé, Simon Oyono Aba’a, Jean-Pierre Nzongue Nguéma, Mbout Yembi, André Kombila et tous ceux de leur génération qui ont commencé ce combat pour la dignité, et dont certains ont succombé aux pressions du temps et de la dictature, que je dédie cette candidature.
A tous ceux-là qui ont essayé en leur temps, à tous ceux-là qui ont donné leur vie à l’idéal du changement et de la réforme au Gabon, à tous ceux-là qui de quelque manière que ce soit, essaient encore, malgré la dictature, les privations, les injures et les indignités à leur vie et à leurs âmes, je transmets mon salut le plus patriotique et mes remerciements.
Et je remercie le seigneur mon Dieu de m’avoir permis de rentrer enfin au Gabon après 11 ans d’exil pour me recueillir sur la tombe de ma mère qui est décédée, comme vous le savez, sans que j’aie pu me rendre à son enterrement parce que le régime en place, jusqu’à très récemment, se refusait encore à me délivrer mon passeport.
Mes chers compatriotes,
Avec la mort d’Omar Bongo, une page de l’histoire de notre pays vient d’être tournée, et une autre commence.
Chers compatriotes,
Je ne suis pas venu vous parler de haine, mais d’amour.
Je ne suis pas venu vous parler de division, mais d’unité et de rassemblement.
Je ne suis pas venu vous parler de rivalité, mais d’amitié.
Je ne suis pas venu vous parler d’abandon, mais de persévérance.
Je ne suis pas venu vous parler d’une ethnie, d’une tribu, d’un clan ou d’une famille, mais de nation et d’unité nationale.
Ce dont je suis venu vous parler, c’est de cet engagement citoyen, cet amour de la patrie et de l’intérêt général qui, pendant 42 ans, nous a cruellement manqué, car à la place on a installé l’individualisme et la promotion personnelle qui ont fini par tuer les aspirations des Gabonais.
Ce dont je suis venu vous parler, c’est de ce sens des valeurs et de la moralité personnelle et publique qui, pendant 42 ans, a été annihilé dans nos esprits, car à la place, on a installé la bière et les fesses, la fumisterie et la petitesse d’esprit qui animalisent.
Ce dont je suis venu vous parler, chers compatriotes, c’est tout simplement de citoyenneté.
Mais cela ne veut pas dire renoncer à faire les bilans qui s’imposent, aux fins de comprendre comment et pourquoi nous en sommes arrivés là.
Oui, pendant 42 ans, les Gabonais ont souffert dans leur corps et dans leur être. Cette souffrance, je l’ai connue à titre personnel.
Je l’ai connue quand, grandissant dans le petit village de Mekaga Essangwame à Minvoul où je suis né, j’ai vu mon père et mes deux petites sœurs jumelles mourir de maladies inconnues alors que je n’avais que 5 ans, tous morts dans un pays où personne ne s’était préoccupé de construire des hôpitaux dignes de ce nom. Et après 42 ans, d’autres meurent encore de maladies pourtant soignables dans un pays pourtant riche, ou du moins potentiellement, mais dont les leaders ont choisi de s’accaparer de la richesse nationale au détriment d’un peuple plus que jamais confiné à la mort lente dans des hôpitaux mouroirs.
Cette souffrance, je l’ai connue quand je voyais ma mère se lever chaque matin pour aller planter l’arachide et la banane avec lesquels elle se devait de réunir les 40.000 francs sans lesquels je ne serai jamais, à douze ans, allé étudier au Collège Jésus-Marie de Bitam. Il m’est même arrivé de ramasser dans des poubelles des bouteilles vides que je revendais aux bars en échange des quelques CFA qui me permettraient de m’acheter un bâton de manioc mangé non pas avec de la viande, du poisson ou de la sauce, mais avec la vieille boîte de pâte d’arachide que ma mère me remettait en début d’année scolaire pour ma survie des trois premiers mois.
J’ai connu la souffrance qui découle de la pauvreté la plus abjecte quand, pour espérer manger autre chose que la vieille pâte d’arachide de ma mère, je devais me lever à quatre heures du matin pour faire les corvées d’eau chez les gens chez qui je louais une chambre, dans l’espoir qu’un jour, ils m’inviteraient à leur table pour partager leur repas ou me laisseraient un fond de casserole que je récurerais avec mes doigts affamés.
42 ans après, sous ce même régime qui a mon âge, le seul régime que j’aie connu de toute mon existence, rien n’a changé.
D’autres enfants, d’autres jeunes, comme moi à l’époque, doivent endurer au jour d’aujourd’hui la pauvreté la plus abjecte, les indignités d’une vie sans espoir, parce qu’une caste d’hommes et de femmes plus intéressés par l’enrichissement personnel que le bien commun, a choisi de condamner toute une nation à la mort lente et au désespoir.
Tout cela dans un pays aux richesses et au potentiel immenses. Et 42 ans plus tard, la pauvreté que j’ai connue tout enfant a empiré. Au cours de mon adolescence, on pouvait encore rencontrer un villageois nantis qui, grâce à la culture du cacao, nourrissait dignement sa famille. Aujourd’hui, c’est impossible.
L’ironie du sort, c’est par la suite quand le Président du pays qu’on appelle Gabon se retrouve à aller mourir dans un hôpital espagnol, parce que, chez lui, il n’a jamais construit un hôpital digne de ce nom. Il ne se doutait pas que le sous-développement auquel il avait volontairement condamné son pays, la précarité qu’il avait volontairement entretenue comme arme de domination et de contrôle, et par laquelle il a condamné son peuple à mendier ses droits, finiraient bien par le rattraper.
En 1998, quand je créai le BDP-Gabon Nouveau, j’avais prédit que rien de bon ne pouvait plus se passer au Gabon tant qu’Omar Bongo serait au pouvoir. J’avais prédit qu’Omar Bongo ne pouvait plus rien faire pour le Gabon et qu’il ne fallait rien attendre de lui qui soit humain vu que c’était un homme foncièrement mauvais.
Ma prédiction s’est révélée juste vu qu’Omar Bongo est mort sans avoir rien laissé de positif aux Gabonais, en dehors des grincements de dents et des déperditions quadragénaires qui ont normalisé chez nous toutes les formes de déviances possibles. Il laisse un pays exsangue dans lequel l’immoralité s’est érigée en valeur, l’arbitraire en loi et le vol et les viols en exemples.
Alors qu’on nous laisse de côté ces faux discours de paix qu’on nous vante depuis 42 ans. Est-ce qu’on mange la paix ? Quand une femme voit son enfant mourir dans des hôpitaux mouroirs parce qu’il n’y a pas de médicaments, de quelle paix parle-t-on ?
Quand on nous dit par exemple qu’un enfant gabonais sur 10 meurt avant son premier anniversaire, de quelle paix nous parle-t-on ? Je vais vous montrer comment il faut répondre au discours de paix des menteurs : imaginez qu’on vous dise qu’au Gabon, 4000 enfants ou bébés qui auraient pu être sauvés soient morts chaque année par la négligence de nos dirigeants. Eh bien, multipliez 4000 bébés par an par 42 ans et vous obtenez 168000 bébés. Dans d’autres pays, quand on voit 168000 personnes mourir par une telle négligence, on appelle cela criminalité.
Mesdames et Messieurs, j’ai en moi la révolte de tous ceux qui, ayant connu les injustices et les privations les plus insupportables, savent dire : « Plus jamais ça ». Pas forcément pour moi, mais pour les autres, ceux qui se retrouvent confinés au drame quotidien de jours sans pain, d’hôpitaux sans médicaments ni médecins, de chômage permanent, de la vie chère, de la maladie et de l’insalubrité.
La situation du Gabon aujourd’hui nous oblige à une analyse sérieuse. Il ne suffit pas de tout simplement vouloir le changement, encore faut-il savoir ce que changement veut dire.
Le changement, ce n’est pas simplement avoir un nouveau président. Encore faut-il que ce président, une fois élu, puisse traduire dans les faits, la rupture que les Gabonais attendent, et apporter des solutions immédiates à leurs souffrances quadragénaires.
Le changement, ce n’est pas non plus de simples regroupements autour de personnalités dans des contextes de repli identitaire très dangereux pour le Gabon, et qui n’engagent pas le peuple dans le débat d’idées qui s’impose.
Le changement veut dire la capacité du peuple gabonais à élire librement son leader dans un contexte de démocratie avérée et que ce leader soit capable de résoudre, tout de suite, les problèmes de misère, de précarité et de vie chère. Il se trouve malheureusement que depuis 42 ans, le Gabon a raté le test de la démocratie et aujourd’hui, on est en train de nous bâcler une élection qui accouchera encore d’une souris de 42 ans sans que le sort des Gabonais ne se soit amélioré outre mesure.
Il faut donc que les Gabonais soient vigilants et s’apprêtent à barrer le chemin à tout ce qui peut se mettre sur le chemin de leur libre expression démocratique, à tout ce qui peut invalider leur vote et leur voler, une fois de plus, une fois de trop, leur pays. Il faut que les Gabonais puissent dire à ceux là qui veulent leur voler la démocrate : Plus jamais. Plus maintenant. Pas cette fois.
Le changement ne viendra ni par le désir du régime de démocratiser. Le régime en place est foncièrement antidémocratique. Le changement ne viendra pas non plus par des leaders façon-façon qui, au cours des années, se sont compromis à l’autel de la convivialité et des habitudes du ventre.
Nous avons eu au Gabon des leaders qui, en entre 1990 et 1998, disaient encore d’Omar Bongo qu’il était le SIDA du Gabon, et puis, un jour, ont fait une acrobatie pour s’allier à ce même SIDA. Alors, puisque nous savons que le SIDA tue, quand on s’allie au SIDA, cela ne veut-il pas dire que par effet de contamination, on devient un SIDA soi-même, un SIDA qui tue les Gabonais?
Nous avons aussi dans ce pays, des leaders qui se disent leaders politiques juste parce qu’ils sont les enfants du Président, les amis du Président et même les dépositaires de l’héritage de paix du président. C’est court comme CV, surtout quand on sait que les années d’expérience au gouvernement tant vantées par les uns et les autres se sont traduites par la mort lente des Gabonais et la continuité de leur calvaire. Ce n’est pas là le type d’expérience que je vanterais car l’expérience qui tue les Gabonais n’est pas une expérience, c’est un crime.
Il y en a même qui vous diront qu’ils n’étaient pas d’accord avec le régime et qu’ils étaient forcés de faire certaines choses. A ceux-là, je dis que si un autre homme peut vous forcer à faire quelque chose, c’est que vous n’êtes pas un homme. Un homme, un vrai, ne se laisse pas dicter sa volonté. Quand vous n’êtes pas d’accord avec un régime, vous n’entrez pas dans son gouvernement et vous le combattez de l’extérieur. C’est aussi simple que cela.
Vous savez sans doute, pour ceux qui connaissent l’historique du BDP-Gabon Nouveau, que j’ai refusé six fois de rencontrer Omar Bongo.
Pour moi, rencontrer ou ne pas rencontrer Bongo était une question simple: j’ai tout simplement refusé de me soumettre aux compromissions qui tuent la dignité des Gabonais depuis 42 ans. Omar Bongo voulait me rencontrer, non pas pour l’avancement du Gabon, mais plutôt pour me corrompre comme il l’a fait avec tout le monde en m’offrant de l’argent, des postes de ministre et de Premier ministre, alors que moi, tout ce que je voulais, c’est la démocratisation immédiate du Gabon en vue du développement durable de notre pays gangrené par 42 années d’incompétence bongoïste.
En refusant de rencontrer Omar Bongo pendant 10 ans, je me suis tout simplement opposé à cette corruption politique qui a compromis l’avenir du Gabon et à laquelle pratiquement tous nos aînés politiques ont succombé. Loin d’être de l’extrémisme, mon refus était une tentative de montrer à mes compatriotes qu’il était possible de résister à la corruption, qu’il était possible de se contenter d’une vie de dignité construite non pas avec le vol et les mensonges, mais à la seule sueur de son front par l’effort et l’abnégation. Je voulais montrer qu’il était encore possible de dire au Gabon, et pour le salut du Gabon : « Plus jamais ça. Plus maintenant. Pas cette fois. »
Pendant 10 ans, j’ai ainsi essayé de faire comprendre aux bongoïstes qui m’approchaient que les postes de ministre ou de Premier ministre ne m’intéressaient pas du tout, et ceci pour une raison simple : cela n’aurait strictement servi en rien le Gabon que je devienne ministre ou Premier ministre.
Par modestie, je suis toujours parti du simple point de vue que si d’autres Gabonais avant moi, dont certains étaient plus compétents que moi dans certains domaines, n’ont pu faire avancer le Gabon par leur entrée dans les multiples gouvernements bongoïstes, il ne me serait pas non plus possible de réussir. La preuve : tous ceux qui, depuis que le régime Bongo existe, sont entrés au gouvernement, ont fini corrompus, déprimés, incapacités, incompétents.
Que d’intellectuels absorbés, que de valeurs intégrées, que d’opposants corrompus en 42 ans ! Et pourtant, malgré les multiples remaniements et gouvernements de combat, rien de positif n’en est sorti pour le Gabon. En fait, malgré l’absorption des plus grandes valeurs intellectuelles et politiques du Gabon depuis 1990, voire depuis 1967, les choses ont empiré: il n’y a pas plus de démocratie au Gabon ; il y en a moins. Il n’y a pas eu progrès économique au Gabon ; il y a eu régression, et ce malgré le doublement de la richesse pétrolière ces dernières 5 années. A la fin, il semble plutôt que toutes les personnes qui sont entrées dans ce régime, qu’il s’agisse d’opposants comme Paul Mba Abessole ou d’intellectuels avec des compétences en matière économique comme Emile Doumba, ont fini par se casser les dents sur ce régime, confirmant ainsi l’adage bien gabonais selon lequel, au Gabon, on ne change pas le système Bongo, c’est le système Bongo qui vous change. Moi, j’ai fait le choix de refuser d’être changé et perverti par ce régime. J’ai préféré rester loin de ce système et lutter, du dehors, pour son évincement pur et simple.
Je laisse les Gabonais et le seigneur notre Dieu juger de la pertinence de la décision de ceux qui, sachant bien que ce système était pourri et criminel, ont choisi d’y entrer et de se joindre à cette criminalité au lieu de continuer à le combattre de l’extérieur. Je n’ai pas voulu me faire complice de la souffrance des Gabonais. Car il est vrai que pendant que ceux qui ont choisi de rejoindre Bongo, eux, mangeaient à la table de Bongo pendant des années, des milliers d’enfants gabonais ont continué à mourir de malnutrition et de manque de médicaments à l’hôpital.
Moi, j’ai voulu éviter qu’on ne dise un jour qu’un seul enfant est mort au Gabon pendant que moi, je mangeais en compagnie de Bongo ou que je défendais Omar Bongo et son régime au moment même où le génocide des enfants Gabonais continuait pendant 42 ans.
Je ne présente donc pas ma candidature à la présidence de la république parce que j’attends d’améliorer ma situation personnelle ou professionnelle comme ceux qui ont choisi de faire de la politique leur carrière à vie. Non, chers amis. Je me présente pour être le candidat, et si vous le voulez bien, le Président qui apportera la réforme démocratique et institutionnelle tant désirée par les Gabonais et consacrera la rupture d’avec les méthodes et le système qui ont mené le Gabon à la ruine économique et politique.
Oui, mes chers compatriotes, je viens au Gabon vous dire, sans haine et sans violence, que le Gabon nouveau que nous attendons tous depuis 42 ans est possible en seulement 5 ans si nous disons aux bongoïstes que le temps de partir est venu et que nous n’accepterons plus la mort lente comme seule manière de vivre au Gabon. Plus jamais. Plus maintenant. Pas cette fois.
Oui, en 5 ans, la santé et le suivi médical pour tous, du jour de la naissance au jour de la mort, est possible au Gabon. Je ne veux plus voir aucune mère gabonaise mourir comme ma mère est morte à cause du manque de suivi médical et de structures hospitalières. Plus jamais. Plus maintenant. Pas cette fois.
En 5 ans, l’emploi pour tous est possible, et la suppression totale de la grande pauvreté au Gabon est possible. Je veux établir chez nous une économie de marché à l’américaine où les Gabonais qui font preuve de créativité pourront, avec l’aide de l’Etat, devenir milliardaires en se lançant dans le business et les affaires.
Aux Etats-Unis où je vis actuellement, de simples étudiants avec un emploi à temps partiel dans un restaurant comme serveurs arrivent à s’acheter des voitures 4×4 neuves. Je veux cela pour tous les Gabonais. Je veux que toutes les familles gabonaises aient la capacité de consommer, d’emprunter et de s’acheter des biens matériels et immobiliers, accèdent à Internet à partir de leurs maisons, éduquent leurs enfants dans les meilleurs écoles, connaissent le loisir et la paix familiale, aient accès aux ordinateurs, au logement décent avec connexions privées en eau, en électricité et en téléphone, reçoivent leur courrier directement dans une boîte aux lettres devant chez eux, aiment leur prochain, s’aiment entre Gabonais quelque soit leur ethnie, partagent la richesse nationale sans exclusive, mangent à leur faim et ne connaissent plus la misère.
Je veux un pays où l’effervescence économique née de la monétarisation des Gabonais et l’augmentation de leur pouvoir d’achat mèneront à une économie de marché et à une société de consommation capable de générer deux à trois fois la richesse qui nous vient actuellement du pétrole, et faire de notre pays le modèle par excellence d’une économie de marché véritable capable de rivaliser avec celle des pays les plus développés.
Je veux un Gabon ambitieux fait de Gabonais qui croient en leur potentiel et en leur pays. Je veux qu’à côté d’une banque française, américaine ou chinoise, il y ait une banque gabonaise capable, par le simple génie et la compétition économique, de damer le pion à ses concurrents.
Je veux qu’à côté d’une compagnie pétrolière française, américaine ou anglaise, il y ait une compagnie pétrolière gabonaise. Et que, quand la compagnie française trouve du pétrole chez nous, elle prenne ses 75% et nous donne nos 25% comme c’est le cas actuellement. Mais que, quand la compagnie gabonaise trouve du pétrole, elle prenne ses 75% et donne à ses partenaires français leurs 25%. C’est cela la loi du business et nous sommes prêts à nous y appliquer en vue du redressement national.
Chers compatriotes, au moment donc où je m’apprête à rentrer au Gabon, le choix est simple : nous pouvons continuer avec les bongoïstes et voir nos enfants et nos mamans continuer à mourir, la pauvreté et la précarité continuer à meurtrir nos familles et la dictature continuer à nous conduire à l’exil ; ou alors nous pouvons choisir de dire que le bongoïsme ne passera plus au Gabon. Plus jamais. Plus maintenant. Pas cette fois.
Quand, il y a quelques temps, j’ai annoncé mon intention de me présenter à cette élection présidentielle anticipée, certains m’ont posé la question : Pourquoi ? Qui es-tu pour te présenter à l’élection présidentielle ? Qui te connaît même ? Est-ce que tu peux être élu ?
A ceux-là, je répondrai qu’en tant que citoyen Gabonais, je n’ai de caution ni de permission à recevoir de personne. Cela fait 42 ans que l’on nous dicte ce que nous pouvons faire et ce que nous ne pouvons pas faire, ce que nous pouvons dire et ce que nous ne pouvons pas dire. Cela suffit ! Que l’on laisse les Gabonais qui veulent s’exprimer, que l’on laisse les Gabonais qui veulent se présenter se présenter. Que l’on laisse s’affirmer le droit de tout un chacun à affirmer ses convictions du mieux qu’il peut. Que l’on laisse le peuple être le seul juge de la compétence des uns et des autres à mener, pour le bien de tous, la maison Gabon. Le droit de me présenter aux élections est un droit pour lequel je donnerais ma vie. Je ne permettrai à personne de me priver de ce droit. Plus jamais. Pas cette fois.
Il y en a d’autres qui m’ont dit. Mais votre passeport est bloqué par Bongo et ses sbires depuis 2005. Les bongoïstes ne renouvelleront jamais votre passeport. Laissez tomber. A ceux là, je répondrai que la privation de passeport est un crime contre la Constitution puisqu’elle prive, en fait, le citoyen que je suis de sa citoyenneté. Eh bien je dis aujourd’hui même que je me battrai jusqu’à la mort pour mon droit à la citoyenneté. Je ne laisserai personne me priver de ce droit. Personne. Plus jamais. Pas cette fois.
Mesdames et messieurs, c’est justement pour tous ces droits citoyens bafoués au Gabon depuis 42 ans que je me présente, pour ne laisser personne me dicter à moi, citoyen libre, ce que je dois faire ou ne pas faire. C’est justement pour ceux qui, comme moi, ont subi ce régime depuis 42 ans, sans pour autant avoir la voix, ni la force de lutter, que je me bats. Je veux être la voix de ceux-là, je veux être la voix des sans voix et exprimer pour eux le ras-le-bol qui est le leur et le mien de voir nos droits bafoués, refusés, contrôlés. Nous sommes fatigués de mendier des droits qui nous reviennent de droit, d mendier des soins de santé qui nous reviennent de droit, de mendier l’éducation de nos enfants qui nous revient de droit, de mendier le travail qui nous revient de droit. Nous sommes fatigués. Et nous disons donc, plus jamais, plus maintenant. Pas cette fois.
Ne vous y méprenez donc pas, chers compatriotes. Le combat à mener est celui de l’affirmation des droits citoyens refusés depuis 42 ans. Ce combat n’est pas facile. Tout le monde le sait. Mais est-ce parce que ce combat est difficile qu’il faille pour autant abandonner nos droits et libertés à ceux-là même qui profitent de notre ignorance, de nos peurs et de nos superstitions pour nous écraser un peu plus, pour nous voler un peu plus, pour nous animaliser un peu plus?
Je dirai non, chers compatriotes. Pas cette fois.
Aucune liberté n’a jamais été conquise sans combat, sans sacrifice. Ne croyons pas que le combat pour la liberté et le changement au Gabon se gagnera tout seul.
Moi, Daniel Mengara, je vous ai toujours regardé dans les yeux pour vous dire les vérités que, parfois, vous ne vouliez pas entendre. Parce que, pendant dix ans, j’ai longuement étudié le Gabon, je puis, aujourd’hui, encore une fois, vous prédire que rien n’est gagné car tout est à gagner. Il nous faut nous battre pour le changement immédiat au Gabon et la rupture.
Je vous le dis, chers compatriotes, les compromissions telles qu’on en a vues au Gabon ces derniers temps sont généralement le signe de l’échec de la démocratie. Toute démocratie qui doit être négociée autour d’accords de couloirs est généralement une démocratie tronquée parce que faite d’arrangements contre-nature qui faussent le jeu démocratique. Je crois à l’alternance démocratique qui insuffle du sang neuf et des idées neuves dans la société. Sans véritable alternance, on aboutit à ce qu’on voit actuellement au Gabon : l’enracinement au gouvernement, les gouvernements pléthoriques pour satisfaire tout le monde ou la géopolitique au rabais, les gros ventres, et rien comme progrès socioéconomique.
Pour donc sauver le Gabon, toute idée de changement véritable doit passer par un changement de système, c’est obligatoire.
A nos frères du PDG, donc, je dis tout simplement que je ne vous hais pas. Je ne vous ai jamais haï. Je suis tout simplement fâché contre vous comme j’étais fâché contre Bongo. Ne voyez-vous donc pas les crimes contre le peuple que vous avez commis pendant 42 ans ? Cela ne vous trouble-t-il pas que le pays soit si mal en point alors que le Gabon a tous les atouts pour se réussir un développement économique digne de ce nom ?
De quoi avez-vous peur, mes frères ? Pourquoi avez-vous si peur de la démocratie ? Pourquoi avez-vous si peur de la transparence électorale ? Pourquoi avez-vous si peur de l’Etat de droit ?
Aux frères rescapés du PDG qui veulent la rupture et qui veulent quelque chose de neuf pour notre pays, je dis rejoignez-nous. Je vous tends aujourd’hui la main. Saisissez cette main tendue et réconcilions cette nation trop longtemps meurtrie par votre cruauté et votre indifférence. Réconcilions-là autour de la démocratie et de l’acceptation des valeurs démocratiques.
A tous ceux qui veulent le changement, nous disons, faisons ensemble le Gabon nouveau de demain.
A nos amis du PDG, sortez de la mentalité qui fait que vous croyiez que le Gabon vous appartient et que vous puissiez en faire ce que vous voulez. Cette époque est passée. Les Gabonais ne l’accepteront plus. Pas maintenant. Pas cette fois.
Alors, mes frères et sœurs, osez courageusement braver le verdict populaire dans la transparence, même si cela veut dire la défaite électorale pour vous. Mais ne forcez pas les populations gabonaises dans les derniers retranchements de la violence et de l’insurrection. Comme je l’ai montré, la seule manière au Gabon d’assurer une transition pacifique consiste pour vous de quitter dignement le pouvoir en acceptant le verdict des urnes. Pourquoi voulez-vous causer la violence politique au Gabon par votre refus de la démocratie et de réforme ?
Aux généraux, militaires, gendarmes et policiers gabonais, sachez qu’au centre de la politique du BDP-Gabon Nouveau se trouve la revalorisation du statut de l’armée et des autres corps armés au Gabon. Nous voulons faire de la police et des militaires le premier rempart contre la corruption. La revalorisation du statut de l’armée voudra dire des salaires et des logements dignes pour les policiers, aux fins de les éloigner de la corruption et d’en faire des exemples de probité au sein de la société.
Au peuple gabonais, nous disons que tout est possible au Gabon, que tout sera possible. Le renouveau du Gabon est à portée de main car nous pouvons faire en cinq ans ce que les bongoïstes n’ont pas pu faire en 42 ans de pouvoir sans partage. En seulement cinq ans, le BDP-Gabon Nouveau pourra assurer le plein emploi au Gabon. En seulement cinq ans, il n’y aura pas un seul Gabonais au chômage, il n’y aura pas un seul gabonais qui ne soit soigné dans des hôpitaux modernes, il n’y aura aucun Gabonais qui ne puisse envoyer ses enfants dans des écoles de son choix, il n’y aura aucun étudiant sans bourse correspondant au salaire minimum du pays où l’état gabonais l’a envoyé, dont la bourse soit arbitrairement coupée, il n’y aura aucun Gabonais qui n’ait accès à un système de retraire et de sécurité sociale, il n’y aura aucun Gabonais qui vive dans des bidonvilles insalubres comme en ce moment.
Mais pour que tout cela soit possible, chers compatriotes, battons-nous plus que jamais pour non seulement une réforme immédiate des institutions de la République, mais également une alternance démocratique véritable.
Mais aussi, chers compatriotes, refusons les cuisses de dindons. Ne tuez pas vos enfants pour des cuisses de dindon. Savez-vous que quand vous mangez les cuisses de dindons qu’on vous donne pendant les élections, ce sont vos propres enfants que vous mangez ? Savez-vous que l’argent qui achète ces cuisses de dindon c’est votre argent ? Savez-vous que cet argent est l’argent qui aurait dû servir à acheter les médicaments dont vos enfants avaient besoin ? Ne vous posez donc pas des questions : Quand vos enfants mourront demain à l’hôpital parce que votre hôpital n’a pas de médicaments, souvenez-vous du jour où vous avez mangé la cuisse de dindon. C’est votre enfant que vous avez mangé.
Alors, refusons le dindon électoral. Refusons la bière électorale. Dites à ceux qui veulent insulter votre dignité que vous n’accepterez plus que l’on vous insulte : Plus jamais. Plus maintenant, pas cette fois.
Alors, sans haine et sans violence, restons fermes sur nos convictions. Et défendons nos droits pour que demain soit meilleur qu’aujourd’hui, pour que à cette élection l’alternance démocratique que nous cherchons soit effective.
Pour tout ce qui précède, pour la dignité et les martyrs tombés sous le poids de la précarité, de la maladie et de la pauvreté, pour la paix et le renouveau, pour le progrès économique et la réconciliation nationale, pour notre peuple et une destinée porteuse d’espoirs et de progrès, pour l’alternance démocratique, pour la réforme, la vérité et le retour des valeurs, pour le rassemblement et l’unité, pour le progrès et le développement durables, pour la rupture et le changement,
Mesdames et Messieurs : je m’appelle Daniel Mengara et je suis candidat à l’élection présidentielle anticipée de 2009.
Je vous remercie.
Lu à Libreville, le 22 juillet 2009
Daniel Mengara
Président, BDP-Gabon Nouveau