A 29 ans dont dix passés dans le mannequinat, la grande et fine métisse gréco-gabonaise s’engage pour que les élections du 30 août dans son pays d’origine se déroulent dans la transparence.
Elle est à l’origine du mouvement Les anges gardiens du Gabon, qui réclame un contrôle du scrutin chargé de désigner un successeur à Omar Bongo, décédé en juin après plus de 40 ans de règne, et un report du vote pour qu’il soit mieux organisé.
« C’est une initiative citoyenne, pacifique, sans coloration politique, bénévole, qui a pour objectif de s’assurer de la transparence du processus électoral au Gabon », explique-t-elle.
« Le délai imparti pour organiser les élections était trop court », déplore-t-elle. « Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Nous voulons tous avoir un président relativement rapidement mais il faut aussi s’assurer de faire les choses dans les meilleures conditions ».
Les anges gardiens, qui ont manifesté vendredi près de l’ambassade du Gabon à Paris, prévoient d’autres actions. Gloria Mika a aussi lancé une pétition sur son site internet.
De son vrai nom Gloria Ndzila, celle qui a notamment défilé pour Ungaro et Escada a accroché à son écharpe verte un badge « I love LBR » pour Libreville, la capitale gabonaise où vit son père diplomate et une grande partie de sa famille.
Elle-même réside en Grèce mais c’est à Paris, la ville où elle passe ses vacances, qu’elle a eu la possibilité de s’inscrire pour participer à l’élection présidentielle.
« NOUVELLE ÈRE »
A ses yeux, le décès d’Omar Bongo « ouvre une nouvelle ère » pour le Gabon, ancienne colonie française riche en pétrole située à l’ouest de l’Afrique centrale.
« On sent cette bouffée d’air dans le pays. Les gens veulent jouer un rôle dans cette élection, c’est la première fois qu’ils se sentent concernés. Ils ont cette soif de changement donc le minimum serait de les écouter et de respecter ça », dit-elle.
Mardi matin, Gloria Mika a assisté à une réunion de Gabonais de Paris que devait présider Ali Bongo, actuel ministre de la Défense et candidat à la succession de son père.
Retenu à Libreville par son agenda ministériel, selon son entourage, il s’est fait représenter par le ministre des Sports et par sa porte-parole, Clémence Mezui.
Lors de son intervention à la tribune, cette dernière a notamment mis en avant le danger d’émiettement du Gabon, où vivent une dizaine d’ethnies différentes.
« Le Gabon n’est pas la Côte d’Ivoire mais si nous n’y prenons garde, la Gabon peut devenir le Rwanda et cela, personne ne le souhaite », a-t-elle déclaré.
Gloria Mika s’inquiète elle aussi des tensions dans le pays. « On frôle la guerre civile. Une chose qu’on ne peut pas se permettre pour un pays d’à peine 1,4 million d’habitants », souligne-t-elle.
Cosmopolite par ses origines et son parcours – elle a vécu au Gabon, au Sénégal, en Afrique du Sud, aux Etats-Unis, en France et en Grèce, où elle vient d’obtenir un diplôme en communication – la jeune femme reconnaît que l’engagement citoyen n’est pas courant dans le monde de la mode.
« Dans mon entourage on parle très peu politique, plutôt ‘entertainment’. Certaines pensent ouvrir leur boîte de mannequin ou faire du cinéma », dit-elle. « M’engager était un devoir, je me suis sentie obligée de faire quelque chose ».
Gloria Mika a déjà eu des propositions pour intervenir en faveur d’autres causes en Afrique.
« Je n’y ai pas pensé encore », dit-elle, un peu hésitante. « Mais si des personnes veulent solliciter Les anges gardiens pour les élections dans leur pays, je pense que je pourrais m’engager dans ce sens-là ».