Monsieur le Président,
Selon l’article 13 du code électoral, vous avez été choisi d’organiser et d’administrer l’élection présidentielle du 30 Août 2009. Vous me permettrez de vous faire remarquer que vous organisez une élection d’avance contestée, voire sans intérêt et qui, si le processus électoral n’est pas interrompu dans l’immédiat pourrait inévitablement aboutir à une crise politique majeure au Gabon.
Depuis le début du processus électoral, j’observe avec le peuple gabonais dont l’intérêt est mis en jeu que le temps n’est pas mis à profit pour préparer ces élections dans des conditions convenables et propices à la transition. La non maîtrise du calendrier et du processus par la CENAP et le Ministère de l’Intérieur sur le déroulement de l’organisation de l’élection présidentielle 2009 est inquiétante.
La date arbitraire du 30 Août 2009 imposée par la Cour Constitutionnelle se révèle encore une fois précoce pour l’élection du 3ème Président de la République Gabonaise. Aujourd’hui, nous sommes dans une impasse qui nous mène droit à l’échec. Le Ministère de l’intérieur est entièrement responsable de cet échec, car le fichier électoral à sa charge n’a jamais été conçu pour organiser des élections transparentes, mais uniquement dans le but de favoriser l’ancien régime en place. Vous êtes aujourd’hui confronté à l’exigence du peuple gabonais à participer pour la toute première fois à une élection transparente et démocratique.
Il est tout de même impensable que nous, Gabonais, soyons incapables de créer et de maintenir un fichier électoral pour une population, dit-on de 1.500.000 habitants. C’est gênant de citer le Gabon uniquement comme pays producteur de pétrole et j’estime qu’il est temps de le citer comme pays producteur d’intelligence ou de savoir faire. Nous assumons aujourd’hui la politique arbitraire qui a longtemps consisté à favoriser ses parents, ses amis en lieu et place des compétences requises.
Est-il réellement impossible de maintenir un fichier électoral pour une population stabilisée à 1.500.000 habitants depuis plusieurs décennies ou s’agit-il simplement des manoeuvres opaques qui en ont toujours fait du plus impopulaire un Maire, un Député, un Sénateur …? Les compétences ne manquent ni au Gabon, ni dans les différentes communautés gabonaises et ni dans les organisations internationales, mais c’est une question de volonté politique.
Le Gabon doit désormais vivre dans son ère, l’ère des technologies, l’ère des bases de données où seront consignées une fois pour toutes, les informations permettant de mettre en place un fichier électoral fiable. Il va de soi que pour créer un tel fichier, il faut d’abord assainir son contenu par l’intermédiaire d’un recensement de la population. On ne le dira jamais assez, nous nous orientons vers un échec programmé et nous échouons là, où les autres pays aussi souspeuplés et sous-développés ont réussi.
Monsieur le Président, plusieurs irrégularités sur les listes électorales en France ne permettent en aucun cas de valider le scrutin du 30 Août 2009. Des conversations ou confidences obtenues par les autorités chargées d’organiser les élections à l’ambassade du Gabon en France, ressort un constat alarmant qui me commande en tant que citoyen de dénoncer haut et fort. Les listes électorales n’ont pas été conçues à partir de la mise à jour des listes de la dernière élection présidentielle, mais à partir des listes d’établissement des passeports biométriques d’une part, et des listes gérées par des associations de Gabonais contrôlées par l’ambassade d’autre part.
Autrement dit, tout Gabonais ayant fait sa demande de passeport est automatiquement inscrit sur les listes électorales.
Est-il nécessaire de rappeler que l’article 48 du code électoral nous enseigne que « L’inscription sur une liste électorale est individuelle, volontaire et personnelle. Elle est faite sur présentation de la carte nationale d’identité ou de l’acte de naissance ou du jugement supplétif en tenant lieu. Au moment de l’inscription, sont relevés, les noms, les prénoms, date et lieu de naissance, domicile ou résidence, profession, adresse de l’électeur ainsi que les noms, prénoms du père et de la mère.» ?
· La loi électorale est donc bafouée et ignorée dans la mesure où les inscriptions n’ont pas été faites de manière personnelle, individuelle et encore moins sur la base du volontariat.
· On dénombre plusieurs centaines d’enregistrements incomplets, soit par l’absence de la date de naissance, de la localité ou des noms et prénoms des parents. Lors de
l’établissement d’un passeport biométrique, toutes ces informations sont renseignées dans un formulaire, à partir de là, on ne peut tolérer toutes ces lignes incomplètes. Il s’agit vraiment d’un manque de sérieux, si conformément au même article 48, est demandé au moment de l’inscription, de relever, les noms, les prénoms, date et lieu de naissance, domicile ou résidence, profession, adresse de l’électeur ainsi que les noms, prénoms du père et de la mère.
· On retrouve sur ces listes, des enfants qui n’auront même pas atteint l’âge légal donnant droit au vote le jour de l’élection présidentielle.
· Il a été attribué à plusieurs dizaines d’électeurs des parents dont ils ne connaissaient jusqu’ici, l’existence.
Ces listes contiennent des doublons pour des électeurs ayant fait une demande de passeport biométriques et ayant été inscrits par des associations gabonaises non mandatées. Quel décret donne autorité aux associations gabonaises de vous garantir des listes électorales fiables ?
L’article 50 du code électoral nous enseigne qu’ « en cas d’inscriptions multiples, l’électeur est invité, par la commission de révision de sa circonscription électorale qui a été saisie de l’anomalie, à opter pour une liste dans un délai de quinze (15) jours. » Comment peut-on contacter un électeur si l’on n’a pas pris la peine d’enregistrer son adresse et donc implicitement sa localité.
Monsieur le Président, vous avez désormais plusieurs éléments vous permettant d’annuler le vote des Gabonais de France et très probablement partout à l’étranger.
La fraude à l’étranger est inévitable. Tous les candidats ne peuvent se faire représenter aux quatre coins de la planète sous prétexte que nous ayons une représentation diplomatique. Le gonflement des effectifs est à prévoir dans certains pays où même la présence des Gabonais suscite des doutes. En effet, si les Gabonais ne connaissent même pas la population totale de leur pays, ils ne sauront davantage sur la répartition de leurs compatriotes à l’étranger. Autant votez
dans les cinq pays où résident les plus grandes communautés gabonaises peut me paraître fondé, autant il n’y a aucun intérêt de généraliser le vote partout dans le monde par coups de plusieurs millions de francs CFA, qui pourraient servir autrement le peuple Gabonais.
Monsieur le Président, vous vous trouvez face à une nouvelle forme de fraude « dite des passeports biométriques » car plusieurs centaines d’étudiants ayant établi leurs passeports biométriques en France se sont inscrits sur les listes électorales au Gabon. L’article 99 du code électoral prévoit le vote par procuration. Cet article nous informe que « les électeurs que des obligations dîment constatées retiennent éloignés de la circonscription sur la liste électorale de la quelle ils sont inscrits » peuvent voter par procuration. Il me paraît alors normal compte tenu des circonstances aggravantes, que le vote par procuration soit simplement annulé.
Monsieur le Président, il vous revient maintenant de prendre vos responsabilités vis-à-vis du fichier électoral corrompu qui sera mis à votre disposition pour éviter d’amener le peuple gabonais vers l’inconnu.
PS : Je vous prie de bien vouloir me communiquer la nouvelle date du report de cette élection présidentielle 2009 dite anticipée.
Paris, le 8 Août 2009
La Section Internationale
Christian AUBIAN NGUEMAH
Mouvement de Redressement National – Gabon
Solidarité – Concorde – Liberté
MORENA-UNIONISTE – Section Internationale
2, rue Paul Gauguin – 95140 Garges les Gonesse – France
Tel : 06 68 55 06 88 – 01 39 86 36 43 – 06 27 50 31 44
La Section Internationale – Paris
tres bonne analyse,l’annulation du vote du 30 aout est inévitable et obligatoire.