Les populations ont pris d’assaut les centres de retrait des cartes d’électeurs depuis le lancement de l’opération le 24 août dernier, avec une semaine de retard sur le calendrier électoral validé par la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP). Dans les centres de Libreville, les électeurs dénoncent une organisation anarchique, l’absence de noms sur les listes, ou encore la présence sur celles-ci de personnes décédées.
© Static/gaboneco – Les populations ont pris d’assaut les centres de retrait des cartes d’électeurs depuis le lancement de l’opération le 24 août 2009
Lancée avec une semaine de retard le 24 août dernier sur l’étendue du territoire national, l’opération de distribution des cartes d’électeurs connaît une affluence massive des populations dans les centres de retrait mis en place dans les différentes circonscriptions à Libreville et dans l’intérieur du pays.
A Libreville et Owendo, 11 centres de retrait ont été mis en place, la plupart dans les mairies d’arrondissements et les cases d’écoutes. Dans chaque centre, les autorités administratives sont censées avoir disposé par ordre alphabétique la liste électorale définitive de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP).
Pourtant, sur les lieux, les électeurs rencontrent de nombreuses complications pour rentrer en possession du sésame qui leur permettra de voter le 30 août prochain.
A la mairie du 6e arrondissement de Libreville le 26 août dernier, «tous les noms ne sont pas sortis dans les listes», avoue la chargée de distribution des cartes d’électeurs.
«Il y a des gens qui nous menacent. Il y a des gens qui ne retrouvent pas leurs cartes. On est obligé de leur dire d’aller voir au ministère de l’Intérieur», ajoute son collègue, monsieur Mba Marvin.
Mais «certainement avant dimanche, tout le monde aura sa carte», poursuit-il confiant.
A la mairie du 1er arrondissement de Libreville, «il y a des personnes qui ont leur nom sur les listes mais qui ne retrouvent pas leur cartes», témoigne la personne chargée de la distribution.
«C’est tout, mais sinon ça se passe bien», estime-t-elle néanmoins.
Du côté des électeurs, le son de cloche n’est pas le même et de nombreux requérants dénoncent une organisation anarchique et des failles flagrantes dans le processus de distribution.
«C’est le vrai désordre. Je suis là depuis 9 h 00. J’arrive il n’y a même pas de listes, il n’y a rien. J’ai retrouvé le nom du frère de mon père qui est mort il y a dix ans», affirme monsieur R. à la mairie du 6e arrondissement.
«C’est un désordre organisé de la part du ministère de l’Intérieur. Nous ne pouvons pas imaginer qu’un pays qui regorge d’intelligence soit encore réduit à cette situation. Vous regardez les files d’attente, vous regardez la cacophonie dans laquelle s’organise le processus de distribution des cartes !», s’indigne Pascal, un requérant à la mairie du 6e arrondissement de Libreville.
«Nous avons même l’impression qu’il s’agit d’une barrière à l’entrée pour empêcher les Gabonais d’impulser le changement voulu. C’est désolant. Vous imaginez, cela fait plus de deux heures que je suis là. Je suis au même endroit, rien ne bouge», s’exclame-t-il encore.
«C’est à croire qu’au ministère de l’Intérieur, on ne connaît pas la notion de gestion, on ne sait pas qu’il va falloir mettre en place une logistique d’accompagnement. (…) Vous comprenez le ras le bol des Gabonais et la nécessité d’impulser le changement réel pour que ce pays change», conclu-t-il sèchement.
Les 813 164 électeurs ont cinq jours pour retirer leurs cartes, un délai écourté en raison du retard d’une semaine accusée par les autorités de l’Intérieur pour le lancement de cette opération.
Toutefois, la loi électorale prévoit que les cartes non retirées puissent être disponibles dans les bureaux de vote, une disposition dont l’avenue de Cointet dit qu’elle sera respectée. En tout, chaque centre de retrait disposera de 4 200 minutes pour distribuer les cartes aux électeurs de sa circonscription. Or le retrait massif des cartes d’électeurs le jour du scrutin pourrait entraîner des complications eu égard aux contraintes de temps.
Ce nouveau retard accusé dans le processus électoral devrait encore soulever les critiques qui pleuvent sur le ministère de l’Intérieur depuis la fin du mois de juillet dernier.