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Tensions et intimidation sur les urnes au Gabon

Retards, désorganisation, télévision coupée : l’élection présidentielle pour désigner le successeur d’Omar Bongo, décédé en juin, a connu plusieurs incidents, hier à Libreville, la capitale gabonaise. Dans la plupart des bureaux, les votes ont commencé avec beaucoup de retard. Certains n’ont ouvert qu’à midi au lieu de 7 heures. «C’est une désorganisation organisée» par le camp d’Ali Bongo, fils aîné d’Omar Bongo et investi par le parti au pouvoir, a dénoncé Marc Ona, responsable d’une ONG. «Les bureaux de vote ont ouvert tard pour que les populations se découragent. Les gens sont rentrés à la maison parce que les bureaux n’étaient pas ouverts.»

Imprévu. Dans les quartiers populaires, de longues files d’électeurs se sont formées dès tôt le matin. Dans le quartier de Nkembo, un homme a failli être lynché par les électeurs : selon eux, il avait tenté de voter alors qu’il n’en avait pas le droit car de nationalité ghanéenne. Les forces de l’ordre ont dû l’exfiltrer. L’opposition gabonaise soupçonne le parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), d’avoir mobilisé les nombreux travailleurs immigrés vivant dans le pays afin de bourrer les urnes. Avant même le scrutin, elle dénonçait le gonflement artificiel des listes qui totalisent 800 000 électeurs.

A la mi-journée, nouvel imprévu avec l’annonce surprise du désistement de Casimir Oyé Mba, l’un des favoris du scrutin avec Ali Bongo, l’indépendant Andre Mba Obame et l’opposant Pierre Mamboundou. Oyé Mba n’a pas donné de consigne de vote. Deux jours plus tôt, il avait pourtant affirmé qu’il restait dans la course après des rumeurs le donnant rallié à l’ex-ministre de l’Intérieur Mba Obame.

Quelques heures après ce coup de théâtre, l’entourage de Mba Obame annonçait la coupure, par les autorités, de l’alimentation électrique des installations de sa chaîne de télévision privée TV+, abondamment utilisée dans le cadre de sa campagne électorale. «C’est une manœuvre d’intimidation qui montre que le parti au pouvoir est aux abois», déclarait le directeur de la télévision, Franck Nguema, accusant le camp d’Ali Bongo.

«Problèmes». «Si Ali gagne, il va y avoir des problèmes, beaucoup de Gabonais ne le veulent pas pour président, s’inquiétait, hier, un chauffeur de taxi. Mais si Mba Obame gagne, il y aura de plus grands problèmes encore parce qu’Ali n’acceptera jamais la défaite.» Ali Bongo n’a démissionné de son poste de ministre de la Défense, qu’il occupe depuis une décennie, que quelques jours avant le début de la campagne électorale. Les premières estimations étaient attendues tard dans la nuit d’hier. Les résultats officiels du scrutin, à un seul tour, devraient être connus aujourd’hui ou demain. Mais, de plus en plus, des troubles paraissent inévitables.

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