Elf, rebaptisé aujourd’hui Total, est la plus connue des entreprises françaises qui exploite les richesses du Gabon du fait de l’affaire qui à partir de 1994 et jusqu’au procès de 2004 a donné un coup de projecteur sur les liens entre les dirigeants de la société pétrolière, la famille Bongo, la mafia et les sommets de l’appareil d’État français.
Mais en fait, c’est l’ensemble de l’économie du pays qui est sous la coupe de sociétés françaises et il est difficile de toutes les citer. Le clan Bongo est servi au passage, étalant un luxe provoquant au milieu du dénuement. Mais l’essentiel de la richesse produite par les travailleurs du pétrole, des mines, de l’extraction forestière, du transport et des activités portuaires, etc., profite à des patrons et des actionnaires d’entreprises dont le siège est par exemple à Odet dans le Finistère (Bolloré), à la Tour Montparnasse à Paris (Eramet), à La Défense (Areva) ou à Niort (Rougier, pour l’exploitation et le négoce des bois tropicaux).
Que Bouygues ait obtenu le marché pour la construction d’un nouvel aéroport pour la capitale Libreville, que Bolloré soit favori pour la gestion du terminal portuaire de la capitale économique, Port-Gentil, cela n’étonnera personne. Par ailleurs, Bolloré est partenaire de la Banque gabonaise et française internationale, issue de la banque d’Elf, aujourd’hui liée à la compagnie du Komo, pieuvre qui a des intérêts dans de multiples secteurs du pays. Bolloré est également présent à travers des filiales allant du courrier express à des agences de voyages en passant par une « société de service et de transport pour aider les entreprises à venir exploiter les ressources du Gabon ».
Le gisement de manganèse de Moanda est exploité par la société Eramet, issue en partie de la privatisation de la sidérurgie dans les années 1990. Une certaine famille Duval, qui compte parmi les principaux actionnaires, vient de voir sa fortune fondre de près de 70 % par rapport au sommet qu’elle avait atteint en 2008, et malgré cela elle est classée au 23e rang des fortunes françaises, avec plus de 1,8 milliard d’euros. Ces milliardaires, ainsi que le groupe Areva, cherchent actuellement à se défaire de leur participation dans Eramet en empochant une confortable plus value.
Quant à la production d’uranium, elle s’était développée entre 1958 et 1999. Areva a indiqué en janvier dernier son intention de « se relancer dans l’exploration et la prospection de nouveaux gisements » dans le Sud-Est du pays.
Pas plus que les minerais, le bois de la forêt tropicale n’échappe à l’escarcelle des patrons français, à travers trois sociétés : Rougier-Gabon, Leroy-Gabon (filiale d’Isoroy), Compagnie équatoriale du bois-Thanry. Cette dernière, accusée d’avoir massacré la forêt, dispose pourtant d’un permis de trente ans pour exploiter 615 000 hectares – l’équivalent d’un département français – et a reçu une subvention de l’Agence française de développement pour établir un plan d’aménagement censé éviter de continuer à détruire la nature.
Bref, les sociétés françaises pillent les richesses du Gabon, et elles le font encore à bien plus grande échelle que le clan Bongo.
source: info-palestine