Manifestement, rien ne semble présager, du moins pour l’heure, pas même par les commentateurs politiques les plus avisés, que l’ancien Premier ministre, Jean-François Ntoutoume Emane, élu samedi à la tête de la mairie de Libreville, est sous le coup d’un contentieux post-électoral.
Le 3 juin prochain, le nouvel édile de Libreville prêtera serment devant la Cour constitutionnelle (CC) après une large victoire (81,34% des suffrages sur 97 votants), lors de l’installation du nouveau bureau du Conseil municipal de Libreville. Mais, cette joie ne risque-t-elle pas de se transformer en jeu de massacre pour le nouveau maire de Libreville, s’interrogent bon nombre d’observateurs. Pour le moment, on savoure d’abord la victoire, les recours après.
Le 20 mai dernier, deux têtes de listes battus aux locales du 27 avril dernier, Claudio Ndembi Nzinga de l’Union du peuple gabonais (UPG, opposition) et Placide Ndong Meyo du Rassemblement du pour le Gabon (RPG, majorité), ont annoncé avoir déposé auprès du greffe en chef de la Haute juridiction, deux recours en annulation contre M. Ntoutoume Emane.
Selon un des requérants, l’ancien Premier ministre aurait »violé » les dispositions combinées des articles 128 et 129 du code électoral. Celles-ci stipulent que »la manipulation du fichier électoral, par transfert d’électeurs d’une circonscription à une autre, entraîne l’annulation de l’élection ».
Dans le dossier du candidat UPG dont l’AGP a pris connaissance, M. Ndembi Nzinga pointe les »radiations abusives » des électeurs du centre de vote de l’école publique de Bissegué (bastion acquis à l’opposition, NDLR) pour une autre circonscription électorale.
Selon M. Ndembi Nzinga, près de 3.000 électeurs régulièrement inscrits lors des législatives de décembre 2006 et des partielles (juin 2007) au 5e arrondissement, ont vu leurs noms être transférés au centre de l’école de Belle Vue 2.
Pour sa part, M. Ndong Meyo, dit, lui, se fonder essentiellement sur la »violation des dispositions relatives à la répartition, à parité majorité-opposition, des assesseurs dans les bureaux de vote ».
Pour certains observateurs, si toutes ces accusations s’avéraient vraies et convaincantes, la nouvelle de l’élection du nouveau maire risque de sonner comme un coup de tonnerre à Lalala (fief du nouveau maire) pareillement qu’en 2006, où l’élection de M. Ntoutoume Emane dans ce siège avait été annulée pour »corruption avérée » et »falsification des résultats ».
Selon l’enquête diligentée par la Haute juridiction, l’un des représentants du RPG avait affirmé avoir perçu une somme de 500.000 francs CFA dans le but de falsifier les résultats électoraux par le bourrage des urnes.
Baron du régime, Jean-François Ntoutoume Emane, Premier ministre (janvier 1999 et janvier 2006) a dirigé la liste du PDG dans cette circonscription électorale de Libreville, la capitale. Il a été présenté par le PDG comme son candidat à la mairie centrale.
Au 5e arrondissement, le PDG a été donné vainqueur avec 50,26% de suffrages devant l’UPG qui a obtenu 15,88%, suivi du RPG qui n’a récolté que quelque 9,73% de suffrages.
Les élections des conseillers municipaux, départementaux et d’arrondissements ont été largement remportées les 23 et 25 mai par le PDG, lequel a raflé plus de 1.100 sièges, score en deçà de celui obtenu en 2002, soit 1.990 sièges.
Mardi, la Cour constitutionnelle va examiner l’ensemble des dossiers (recours) parvenus au greffe. Parmi ces dossiers, figurent ceux visant le nouvel édile de Libreville, qui devrait être convoqué à la barre avant sa prestation de serment le 3 juin prochain, si confirmation il y a.