Au lendemain de l’élection présidentielle du 30 août au Gabon qui a vu la victoire du candidat du PDG, Ali Ondimba Bongo, ses concurrents n’ont pas hésité à crier à la fraude électorale.
Et comme on s’y attendait, des partisans de l’opposition sont entrés en action pour manifester leur mécontentement. C’est ce qui arrive généralement en Afrique quand on soupçonne le camp d’en face d’avoir usé de tous les moyens pour ne pas perdre. La violence s’est installée dans le pays et a fait craindre le pire. Quand la crise politique a connu une accalmie après des appels au calme de l’Union africaine, on a trouvé un autre mode pour faire baisser la tension : le recomptage des voix. Du jamais vu dans cette Afrique qui a sa propre démocratie.
Après deux semaines donc de recomptage, il n’y a pas eu de coup de théâtre. Ali Bongo sera le locataire du Palais du bord de mer qu’occupait Bongo père, décédé en juin dernier après 41 ans au pouvoir. C’est la Cour constitutionnelle qui a validé son élection avec 41,79% des voix à l’issue d’une heure de lecture. L’opposant historique, Pierre Mamboundou, est désormais deuxième du scrutin avec 25, 64% des voix et passe ainsi devant l’ex-ministre de l’Intérieur André Mba Obame crédité de 25, 22%. Doit-on parler de surprise après cette victoire de Bongo fils ? Assurément non, et il le savait lui-même dans son for intérieur. Il est resté stoïque dans ses appartements sans chercher à aller voir un marabout pour savoir si la Cour constitutionnelle dirait autre chose que la confirmation de son élection. Ce recomptage, qui ne change rien, a un peu fait oublier le Gabon sur la scène africaine.
Dans quelques jours, quand il aura fini de prêter serment, Ali Bongo sera-t-il dans la lignée des grands hommes d’Etat ? C’est ce qu’on attend non seulement du vainqueur de cette présidentielle, mais la question qu’on se pose aussi est de savoir s’il va ouvrir son gouvernement à d’autres sensibilités politiques. Les appétits ne manqueront certainement pas dans son camp, et il lui faudra une grande lucidité dans la conduite des affaires. En tout cas, on peut se féliciter du fait que la transition se soit bien passée, même si on n’oublie pas les morts de Port-Gentil.
En attendant de voir Ali Bongo à l’œuvre, l’opposition devra s’en prendre à elle-même de ne s’être pas unie pour affronter l’adversaire commun. En allant en rangs dispersés à ce scrutin à un tour, elle a grandement ouvert la voie du Palais présidentiel à Ali Bongo, qui ne demandait pas mieux. Les résultats de Mamboundou et Obame auraient nettement fait la différence et chassé le Parti démocratique gabonais (PDG) du pouvoir.
C’était le seul moyen d’obtenir le changement que des Gabonais réclament depuis longtemps, mais les ambitions des uns et des autres ont pris le pas sur la coalition. Voilà ce que ça coûte de s’obstiner à vouloir faire cavalier seul. Le changement viendra-t-il un jour ? Quand on sait que Bongo père a régné en maître sur ce pays avant de tirer sa révérence, il est possible que le fils verrouille davantage le système pour suivre les traces des autres dictateurs qui ne sont pas prêts à aller planter leurs choux.
source: mondeactu