L’Élysée était au courant de l’existence d’un trafic d’armes vers l’Angola, au plus tard à la fin de l’année 1995. C’est ce que relève le jugement du tribunal correctionnel de Paris, confirmant ainsi les propos tenus par Charles Pasqua mardi soir sur France 2. « Le président de la République était au courant de l’affaire des ventes d’armes en Angola, le Premier ministre était au courant, la plupart des ministres aussi – moi, je n’étais pas compétent dans ce domaine » avait ainsi déclaré l’ancien ministre de l’Intérieur quelques heures à peine après sa condamnation à trois ans de prison, dont deux avec sursis, lors du procès de l’Angolagate.
Le tribunal s’appuie sur une note de la DGSE du 6 décembre 1995 rédigée pour « l’état-major particulier, le cabinet, le secrétaire général et le conseiller pour les Affaires africaines à la présidence de la République » et pour les ministères de la Défense et des Affaires étrangères. « Le gouvernement angolais a reçu de grandes quantités de matériel militaire provenant de certains pays de l’Est et de la Russie par l’entremise d’un intermédiaire français non autorisé », révèle cette note citée dans le jugement et qui mentionne « la société franco-slovaque ZTZ-OSOS dirigée, entre autres par un Français, Pierre Falcone ».
« Je demande au président de la République de lever le secret-défense » (Pasqua)
Charles Pasqua a estimé qu’il fallait profiter de cette affaire pour lever l’opacité entourant ces transactions. Toujours sur France 2, l’ancien ministre de l’Intérieur a demandé la levée du secret-défense sur les opérations de ventes d’armes à l’étranger effectuées par la France. « Je crois que le moment est venu de mettre les choses au clair », a-t-il expliqué. « Je demande au président de la République de lever le secret-défense sur toutes les ventes d’armes, sur toutes les opérations réalisées à l’étranger afin que l’on sache s’il y a eu des retours de commissions en France et que l’on sache qui en a bénéficié », a-t-il ajouté. Prié de dire s’il visait une personne en particulier, il a répondu : « Je ne pense à personne. Je suis très serein en ce qui me concerne. »
Les ventes d’armes vers l’Angola ont eu lieu entre 1993 et 1998, durant les septennats des présidents François Mitterrand et Jacques Chirac. L’actuel président de la République, Nicolas Sarkozy, a servi successivement à cette époque comme ministre du Budget, porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication dans les gouvernements d’Édouard Balladur.