Le président français doit déjeuner avec son homologue gabonais, réélu dans des conditions douteuses en septembre.
Renouer des liens distendus par des derniers mois plutôt agités. Ali Bongo est arrivé à Paris jeudi soir, pour sa première visite bilatérale hors du continent africain en tant que président. Il devait s’entretenir avec Nicolas Sarkozy ce vendredi midi.
Au menu de cette «visite de travail», selon un communiqué de l’Elysée, des discussions sur le sommet de Copenhague, ainsi que sur la prochaine entrée du Gabon au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Mais aujourd’hui, c’est davantage le symbole que l’intérêt diplomatique qui importe. Ali Bongo, investi président à la mi-octobre après un scrutin controversé, tente en effet de normaliser les relations entre Paris et Libreville, après plusieurs incidents.
Bourgi a la langue bien pendue
Ainsi, la plainte déposée à Paris par l’ONG Transparency International France contre feu Omar Bongo et d’autres chefs d’État africains dans l’affaire des «biens mal acquis» avait fortement déplu au vieux président, décédé le 8 juin dernier. Nicolas Sarkozy avait ensuite été hué aux obsèques de Bongo père.
Quand elle n’était pas en froid avec le clan Bongo, la France se voyait accusée d’ingérence dans les affaires intérieures gabonaises, notamment par l’opposition. Ainsi, les multiples déclarations cet été de Robert Bourgi, le conseiller Afrique de Sarkozy, avaient fait ressurgir le spectre de la «Françafrique».
Bourgi déclarait par exemple quelques semaines avant les élections qu’Ali Bongo était «le meilleur défenseur des intérêts français dans tous les domaines». Puis, début septembre, il dérapait à nouveau, révélant quelques secrets de famille de la «Françafrique».
Emeutes à Port-Gentil
Les adversaires d’Ali Bongo avaient alors beau jeu d’accuser la France – qui garde au Gabon une base militaire permanente, 10.000 ressortissants et 120 entreprises dont le géant pétrolier Total – d’avoir choisi son favori pour la présidentielle du 30 août.
Des émeutes avaient d’ailleurs fait plusieurs morts à l’annonce des résultats du scrutin – considéré comme frauduleux par l’opposition – et le consulat français de la capitale pétrolière Port-Gentil avait été incendié.
La relative discrétion française sur les conditions du vote (ainsi que les félicitations adressées par Nicolas Sarkozy à Ali Bongo) avaient donné du grain à moudre aux opposants. Lesquels continuent leur mobilisation.
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L’ancien candidat à la présidentielle Bruno Ben Moubamba a ainsi dénoncé vendredi une «erreur politique fondamentale» de la France. «Je suis extrêmement choqué qu’un grand pays démocratique comme la France soit la première puissance occidentale à recevoir Ali Bongo», a-t-il déclaré.
Hasard du calendrier? Fin octobre, moins de 3 semaines avant cette visite d’Ali Bongo en France, la justice française refusait en appel d’ouvrir une enquête sur cette affaire.
Erreur politique»
L’ancien candidat à la présidentielle Bruno Ben Moubamba a ainsi dénoncé vendredi une «erreur politique fondamentale» de la France. «Je suis extrêmement choqué qu’un grand pays démocratique comme la France soit la première puissance occidentale à recevoir Ali Bongo», a-t-il déclaré.
Hasard du calendrier? Fin octobre, moins de 3 semaines avant cette visite d’Ali Bongo en France, la justice française refusait en appel d’ouvrir une enquête sur cette affaire.