Observateur attentif de la campagne présidentielle américaine, Fidel Castro vient de se livrer à un exercice d’équilibriste inhabituel dans sa dernière « Réflexion », publiée le 26 mai par la presse cubaine. Il critique les récents propos du candidat démocrate Barack Obama à Miami, sans cacher sa sympathie à son égard, tout en se gardant de le défendre car ce serait « faire une énorme faveur à ses adversaires ».
Dans un discours, le 23 mai devant la Fondation nationale cubaine-américaine, l’organisation la plus influente de l’exil, qualifiée de « mafia » par La Havane, M. Obama s’est prononcé pour le maintien de l’embargo contre Cuba afin d’y hâter la démocratisation. Mais il s’est dit prêt à dialoguer directement avec les dirigeants cubains, à la différence de la démocrate Hillary Clinton et du républicain John McCain. Comme le réclament de nombreux exilés, il a pris position pour la levée des restrictions imposées par le président George Bush sur les voyages dans l’île et les transferts de fonds familiaux.
« Une formule de faim pour la nation, d’aumônes sous forme d’envois d’argent et de visites de propagande en faveur de la société de consommation et son mode de vie insoutenable », résume Fidel Castro. Il déplore que M. Obama qualifie la révolution cubaine « d’antidémocratique et sans respect pour la liberté et les droits de l’homme ». « C’est l’argument utilisé, presque sans exception, par les administrations américaines pour justifier leurs crimes contre notre patrie », souligne-t-il.
Dans son article, Fidel Castro exprime sa sympathie pour le candidat démocrate. « Je n’ai aucune rancune envers sa personne car il n’est pas responsable des crimes commis contre Cuba et l’humanité », commence-t-il, avant de noter qu’il est « sans aucun doute le candidat le plus avancé du point de vue social et humain ».
Fidel Castro salue « la magnifique définition de la mondialisation impérialiste, celle des estomacs vides », présentée par Barack Obama à Miami. « Je ne mets pas en doute l’intelligence aiguë d’Obama, son talent de polémiste et son sens du travail. (…). J’observe avec sympathie son épouse et ses filles, un tableau humain agréable », poursuit le fondateur de la révolution cubaine, qui a vu défiler dix présidents à la Maison Blanche avant de céder le pouvoir à son frère, Raul, en juillet 2006.