Des opposants que l’on jette en prison ou trimbale devant les tribunaux, on en voit presque qu’à toutes les époques, de l’Antiquité greco-romaine à l’ère dite des grandes démocraties. L’exemple le plus récent nous vient de la France où le président de la République, Nicolas Sarkozy, par procureur interposé, n’en finit pas de faire des misères à un ex-Premier ministre, Dominique de Villepin, de surcroît cadre de l’UMP, parti au pouvoir.
Si dans un pays considéré comme un parangon des pratiques démocratiques, des citoyens dont le seul péché est de prétendre à la succession au fauteuil présidentiel sont persécutés, il ne serait donc pas scandaleux qu’en Afrique où les vertus de l’Etat de droit sont encore au stade de balbutiement, les chefs d’Etat ne facilitent pas la tâche à leurs opposants. Ce qui est plutôt regrettable, ce sont les méthodes utilisées qui n’ont d’autres objectifs que d’étouffer à jamais tout son de cloche qui ne proviendrait pas de la chapelle du pouvoir.
En Afrique, plus particulièrement dans la partie centrale du continent, et à une époque où la force des arguments doit l’emporter sur l’argument de la force, la disparition mystérieuse des opposants semble être le sport favori de nombre de dirigeants. Les exemples toujours d’actualité sont ceux de la Guinée Equatoriale, du Tchad et de la Centrafrique. Dans ces pays d’Afrique centrale, ont respectivement cessé de se faire entendre, le colonel Cipriano Nguema Mba, ancien payeur de l’Armée, Ibni Oumar Mahamat Saleh, porte-parole de la CPDC, et le ministre d’Etat Charles Massi.
Les présidents des pays concernés ont beau tenter de convaincre l’opinion nationale et internationale qu’ils ne sont mêlés ni de près, ni de loin à ces enlèvements, les circonstances dans lesquelles ils se sont produits ainsi que leur manque d’entrain à faire la lumière dans ces différentes affaires font d’eux des suspects sérieux. Sans oublier que ces différents opposants étaient loin d’être de simples figurants dans le microcosme politique ou militaire de leurs pays, ce qui fait d’eux des entraves à la pérennisation au pouvoir des présidents Obiang Nguema, Idriss Déby et François Bozizé.
Entre autres comportements qui font peser davantage les soupçons sur ces potentats assoiffés de pouvoir, c’est le traitement qu’ils infligent à tous ceux, parents et proches des victimes, qui cherchent à en savoir plus sur ces drames. Et dans le cas centrafricain où certaines informations affirment la mort de Charles Massi, le président Bozizé aurait voulu prouver son implication dans cette affaire qu’il ne se serait pas pris autrement en expulsant Mme Massi de la Centrafrique. Comme justification de son acte, il avance le fait que le mari de celle-ci a pris les armes contre lui. Un tel penchant des gouuvernants africains à fournir des arguments bon marché pour expliquer leur négation des droits de l’homme, est encouragé par l’attitude trop passive de la communauté internationale.
En effet, ni l’Occident, ni l’Union africaine n’a levé le petit doigt pour condamner comme il se doit ces pratiques inhumaines. N’en ont-ils pas les moyens ? Que neni ! Sans doute certains protègent-ils leurs intérêts, les pays des dirigeants incriminés regorgeant de ressources naturelles considérables et précieuses.