Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a été au cœur d’importantes rencontres bilatérales, en marge du 14ème Sommet de l’Union africaine (UA) qui s’est achevé mardi dernier à Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie, rapporte jeudi l’envoyé spécial de l’AGP au siège de l’UA.
Les entretiens que le président gabonais a eus avec plusieurs chefs d’Etat, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, le secrétaire d’Etat adjoint américain pour les Affaires africaines, Johnnie Caster, les ministres des Affaires étrangères d’Iran, Manochev Mottuki, et du Portugal, Luis Amado, ont confirmé la place majeure qu’occupe le Gabon sur la scène diplomatique régionale.
Durant son séjour, le chef de l’Etat a été fortement sollicité pour divers entretiens portant sur les relations bilatérales, la place et le rôle que de grandes puissances mondiales veulent donner au Gabon et son implication dans la sphère diplomatique africaine, notamment.
Dès son arrivée, samedi à Addis Abeba, Ali Bongo Ondimba, a eu un entretien avec le secrétaire général l’ONU, Ban Ki Moon.
Les deux hommes ont saisi l’occasion pour faire le point des discussions initiées quelques jours plus tôt à Genève, entre la partie gabonaise et équato-guinéenne, sur le différend Mbanié, autour du médiateur de l’ONU, Nicolas Michel.
Il apparaît que le président gabonais a fixé M. Ban Ki Moon sur ce dossier que le Gabon s’emploie à résoudre en respectant le cadre retenu au niveau des deux Etats et celui des Nations unies. La perspective, en marge du sommet de la capitale éthiopienne, d’une rencontre entre les présidents gabonais Ali Bongo Ondimba et équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbazogo, n’a pu être envisagée, quelques jours seulement après ce round de négociations.
Par contre, sur le rôle que le Gabon peut à nouveau jouer sur la scène régionale, les deux hommes qui se rencontraient, pour la seconde fois, après leur premier entretien à Copenhague, en marge du sommet mondial sur les changements climatiques, ont évoqué les perspectives relatives à l’action et au rôle que pourrait, sinon, va être amené à jouer le Gabon dans la sous-région d’Afrique centrale, et au-delà, jusqu’aux Grands Lacs.
Hormis l’implication personnelle du défunt président Omar Bongo Ondimba dans la règlement des conflits, notre pays a régulièrement servi de base d’appui aux actions humanitaires initiées par les Nations unies et par de nombreux pays occidentaux pour l’évacuation de leurs ressortissants, ces dernières années, principalement lors des crises qui ont secoué des pays de la sous région.
Au demeurant, intervenant à quelques semaines de l’entrée du Gabon comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Organisation onusienne, l’on croit savoir que le tête-à-tête entre Ali Bongo Ondimba et Ban Ki Moon a aussi permis d’évoquer le rôle important que notre pays aura à jouer sur la scène diplomatique internationale pendant son mandat. Celui-ci devrait tout naturellement être intense et chargée, eu égard au contexte diplomatique mondial assez trouble qui prévaut actuellement.
De nombreuses régions du globe, y compris l’Afrique, sont ravagées par des crises et des conflits. Les questions de terrorisme, sans oublier les relations assez tendues qu’entretiennent certains pays mis au banc de la communauté mondiale, les rapports Nord-Sud, etc., devraient occuper davantage les membres du Conseil de sécurité, l’organe central des Nations unies, qui devra encore œuvrer dans le sens des missions qui sont les siennes.
La perspective de la présence du Gabon au sein de cet organe aura, par ailleurs, placé le président gabonais au cœur d’un ballet diplomatique. On peut affirmer que notre pays a été très sollicité voire courtisé à Addis Abeba où, en marge du sommet, la dimension diplomatique a, comme à l’accoutumée, a atteint les sommets, au regard du nombre important des audiences et autres rencontres bilatérales entre chefs d’Etat ou encore entre chefs d’Etat et émissaires des pays et autres responsables d’organisations multilatérales et régionales présents lors de ces 14èmes assises.
Le président Somalien, Charrif Cheick Charrif Ahmed, a eu un entretien avec Ali Bongo Ondimba. La Somalie a connu plusieurs heures plus tôt des affrontements entre troupes de la force de l’Union africaine et les milices islamistes, qui ont fait huit morts.
La question du renforcement des troupes évoquée pendant le sommet, ne manquera pas d’être posée au niveau onusien. D’autant que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Monn, a dit sa préoccupation face à la situation et souhaité un engagement plus marqué de la communauté internationale.
La rencontre que le chef de l’Etat gabonais a eue avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Monachev Mottuki, procédait de cette logique. Elle n’a pas non plus occulté la volonté des autorités iraniennes de voir, avec le nouveau président gabonais, les axes de la coopération entre les deux pays.
Si l’on imagine bien au regard de la situation assez trouble des relations qu’entretiennent aujourd’hui encore l’Iran avec les grandes puissances mondiales, que l’évolution de cette situation ne manquera pas, si elle était posée, d’être abordée dans la sphère onusienne, donc par le Gabon et les autres membres du Conseil de sécurité.
L’Iran n’entend pas, pour autant, être absente du continent africain. Elle est présente dans de nombreux pays à travers une coopération multiforme. Les dirigeants iraniens qui avaient, naguère, une ambassade à Libreville veulent, assure un haut responsable du ministère iranien des Affaires étrangères, relancer cette coopération avec le Gabon. Ils se proposent de l’intensifier, en étant convaincus du rôle important que peut jouer notre pays, au niveau sous-régional.
Cette vision n’est pas différente de celle des autorités portugaises. Lors de l’audience que le président Ali Bongo Ondimba a accordée au ministre d’Etat des Affaires étrangères, Luis Amado, ce dernier avait, aussi à cœur, en rencontrant pour la première fois le chef de l’Etat gabonais, de cerner sa nouvelle vision de l’axe Lisbonne et Libreville. Une coopération qui doit se renforcer en tenant compte, bien évidemment, de la dimension développement que privilégie davantage aujourd’hui Ali Bongo Ondimba, avec l’ensemble des autres partenaires bilatéraux et multilatéraux.
Il était important pour le chef de la diplomatie portugaise d’échanger avec le nouveau président gabonais en fonction depuis un peu plus de cent jours, mais également, pour les deux hommes de réaffirmer la volonté des deux pays de maintenir les liens de coopération qui les unissent depuis plusieurs années.
La rencontre, la première entre le président gabonais et le secrétaire d’Etat adjoint américain pour les Affaires africaines, Johnnie Caster, était bien plus qu’une simple prise de contact. Le haut responsable américain a tenu à échanger avec le président gabonais sur la nouvelle vision américaine en Afrique, singulièrement, dans la région du Centre au sein de laquelle le Gabon a toujours joué un rôle majeur.
Les Etats-Unis engagés dans une action de réorientation de leur politique souhaitent que le Gabon, qui jouit d’une stabilité et dispose de nombreux autres atouts, continue à occuper son rang. De ce fait, l’envoyé de Washington a voulu partager avec Ali Bongo Ondimba, un certain nombre de préoccupations et, surtout, l’apport du Gabon dans la recherche de solutions à certaines crises qui secouent la sous-région.
Dans le cadre des relations bilatérales, les entretiens et échanges que le président Ali Bongo Ondimba a eus avec Pierre Nkurunziza du Burundi, Abdoulaye Wade, du Sénégal, avaient trait aux modalités de promotion plus accru des liens qui unissent leurs pays et le Gabon. On se souvient que le chef de l’Etat burundais a toujours marqué un intérêt pour son homologue gabonais.
Les deux hommes entretiennent d’excellentes relations et entendent bien les renforcer. Et surtout œuvrer de concert au niveau de la sous-région d’Afrique centrale, notamment au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC). Avec le président Wade, nul doute que les deux hommes ont évoqué la prochaine visite qu’effectuera le chef de l’Etat gabonais à Dakar dès que son calendrier le lui permettra. Depuis son investiture, Ali Bongo a entamé un périple dans différentes pays pour se présenter, recueillir avis et conseils des « anciens ». Après les Etats de la sous-région, il était, il y a deux semaines, aujourd’hui, à Ouagadougou (Burkina Faso) et Yamoussoukrou (Côte d’Ivoire). Ces deux premières étapes dans la région ouest-africaine avaient une signification particulière, en ce sens que le chef de l’Etat avait souhaité, dans un premier temps, rendre visite au doyen des dirigeants de cette région, le président Blaise Compaoré.
Dans un second temps, le président gabonais, voulait, à son tour, rendre hommage au défunt président ivoirien Houphoüet Boigny en allant se recueillir sur sa tombe. L’étape ivoirienne avait également une portée économique, d’autant que les deux présidents, Ali Bongo Ondimba et Laurent Gbagbo croient fermement aux apports économiques ainsi qu’aux échanges commerciaux que les deux pays peuvent davantage entretenir et faire prospérer.
D’ailleurs, la Côté d’Ivoire appuie le Gabon dans le domaine des transports, notamment, avec la fourniture de bus à la Sogatra. D’autres secteurs interviennent dans cette coopération, notamment le volet culturel. La visite avait débouché également sur la réaffirmation de la volonté de réactiver la Grande commission mixte de coopération ivoiro-gabonaise.
Par ailleurs, le secrétaire général de l’Union international des Télécommunication (UIT), le Dr Hamadan Touré, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, ainsi que le secrétaire exécutif du Nepad, Brahim Mayika, ont été reçus par le chef de l’Etat.
Il s’est agi d’échanger sur la mise en œuvre de la vision technologique du président gabonais par rapport à la réponse au défi que constituent les technologies de l’information et de la communication. Cette vision présentée aux chefs d’Etat présents au sommet, a reçu le soutien de l’IUT qui n’a d’ailleurs jamais ménagé son appui au Gabon. L’action menée depuis des années par les différents gouvernements gabonais sera davantage soutenue.
C’est, entres autres, le message délivré par le dirigeant de l’UIT au chef de l’Etat. Quant au patron de la BAD, institution financière avec laquelle Libreville est engagée dans plusieurs projets, Kaberuka a réaffirmé sa volonté de soutenir son partenaire dans la réalisation et l’aboutissement de nombreux projets en cours. Son prochain séjour en terre gabonaise devrait permettre de faire le tour d’horizon de cette coopération.
Il est à noter, au-delà, des discussions, la volonté partagée par ces responsables d’organismes de maintenir l’excellent niveau de coopération avec le Gabon. Rappelons que tout au long du ballet diplomatique, Ali Bongo Ondimba était accompagné des ministres Paul Toungui (Affaires étrangères), Laure Olga Gondjout (Communication, Economie numérique), Emile Doumba, (Intégration régionale, etc.).