Porté à la tête du pays le 16 octobre 2009, Ali Bongo a marqué les esprits par des réformes «osées» lors de son tout premier Conseil des ministres, notamment par le remplacement de la quasi-totalité des cadres de l’administration publique et parapublique du pays. Si beaucoup y ont vu la «rupture» tant attendue, le nouveau chef de l’Etat inscrit lui son action dans la droite ligne de la politique de redressement née du discours du 1er décembre 2007 de son père et prédécesseur à la tête du pays.
Le Conseil des ministres du 19 octobre 2009 restera à jamais gravé dans les mémoires des Gabonais, car jamais l’administration gabonaise n’aura connu pareil coup de karcher dans ses rangs. Ali Bongo avait en effet décidé de remplacer la quasi totalité des cadres de l’administration publique et parapublique du pays.
Pour plusieurs Gabonais, la rupture était née. Ali Bongo n’a pourtant de cesse de rappeler que l’anniversaire de cette rupture n’est pas le 16 octobre dernier, où il prenait les rennes du pouvoir, mais bien le 1er décembre 2007, date à laquelle son défunt père prononçait le fameux discours sur les cendres duquel il battit son projet de société.
«J’ai déjà indiqué que le terme de rupture était un terme qui était inapproprié dans la mesure où les décisions que j’ai eu à prendre étaient des choses auxquelles le président Bongo pensait déjà. Je vous rappelle son discours célébrant ces 40 ans de pouvoir. Dans ce discours il avait dressé un inventaire de tout ce qui allait et tout ce qui n’allait pas, il a donc fait lui ce devoir d’inventaire. Donc moi je l’applique parce que lui, il n’en a eu ni le temps, ni la santé», martèle le nouveau chef de l’Etat.
«Dans ce sens, ce n’est pas une rupture, c’est quelque chose qui était programmé. Nous nous sommes d’abord engagés vers une meilleure gouvernance et donc c’était réduire les dépenses. Là nous sommes en train d’adopter un budget qui va faire en sorte que nous aurons un outil pour aussi remettre le pays au travail, car nous voulons absolument consacrer tous nos efforts à améliorer le sort des Gabonais», a-t-il poursuivi.
Et depuis, le communiqué final du Conseil des ministres est presque devenu le «programme» le plus suivi par les Gabonais, tant le «nettoyage» de l’administration se poursuit. Lors du Conseil des ministres des 4 février dernier, plusieurs cadres notamment à la Primature de la République, ont encore été démis de leurs fonctions.
Personne ne s’attendait à de tels renversements lors de l’investiture d’Ali Bongo le 16 octobre 2009, pas même ses plus fervents militants dont plusieurs ont été évincés des arcanes du pouvoir. Mais aujourd’hui, une question taraude les esprits : jusqu’où ira Ali Bongo ? Certainement, la portée de l’«inventaire» réalisé par l’ancien président répondra partiellement à cette question.