Murmurée dans les coulisses du marché financier sous régional depuis quelques mois, la fusion entre les places boursières de Libreville et de Douala semble aujourd’hui inéluctable pour faire décoller la culture boursière en Afrique centrale. Avec l’accord de principe donné par le dernier sommet des chefs d’Etats à Bangui, la Commission de surveillance des marchés financiers d’Afrique centrale (COSUMAF) chargée de l’opération devrait faire ses propositions d’ici 12 mois.
L’Afrique centrale a peut-être mis la charrue avant les bœufs pour tracter son marché financier sur la scène internationale. Souffrant d’une inculture boursière patente, ce petit marché financier avait laissé perplexe en érigeant deux places boursières.
La Douala Stock Exchange (DSX) de la capitale économique camerounaise qui s’implantait lentement depuis 2006 a vu s’ériger en grande pompe la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC) à Libreville, qui n’a valu son démarrage effectif qu’à l’emprunt obligataire lancé de 100 milliards de francs CFA lancé par l’Etat gabonais.
Mais les opérateurs économiques cibles de la sous région connaissent encore mal la culture boursière, ses enjeux et ses possibilités pour la croissance économique. Ce qui a valu aux deux places boursières des débuts difficiles, et même un balbutiement patent depuis leur lancement.
Après les comptes rendus de l’Union monétaire d’Afrique centrale (UMAC) qui mettait en exergue ce paradoxe, les bruits ont commencé à parcourir les coulisses des places boursières et du pouvoir dans la sous région : la fusion des deux bourses semble aujourd’hui le passage obligé pour sortir le marché financier de son marasme.
Il aura fallu attendre le dernier sommet de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) en janvier dernier à Bangui, pour que les chefs d’Etats donnent leur accord de principe à ce projet, et chargent la Commission de surveillance des marchés financiers d’Afrique centrale (COSUMAF) de réaliser cette fusion.
«J’ai fait un bilan à la conférence des chefs d’Etats, un bilan (…) toujours en deçà des attentes des acteurs du marché. Donc maintenant que nous abordons une deuxième décennie et que les chefs d’Etats ont conforté leur intention de renforcer l’intégration, il était normal que l’on puisse revoir l’organisation de ce marché qui a deux bourses et qui n’a pas donné les résultats escomptés», a expliqué le président de la COSUMAF, Alexandre Gandou.
«Au niveau de l’UEMOA, il y a 37 entreprises à la cote, et une dizaine de lignes obligataires. C’est déjà un marché plus actif que le notre. C’est pour cela qu’en s’inspirant de l’expérience de l’Afrique de l’Ouest et des autres bourses en Afrique, il est vraiment grand temps qu’en Afrique centrale, nous allions vers un marché plus grand et donc procéder au rapprochement des deux places boursières», a-t-il poursuivi.
«On ne va pas faire perdurer le statu quo, avoir deux régulateurs, avoir des textes différents, ce qui complique la lisibilité de ce marché. Les schémas existent, il y a les schémas d’Euronext qui peut nourrir la discussion, c’est-à-dire avoir deux places boursières qui communiquent, qui ont des règles identiques, mais l’étape finale devrait être la fusion», a-t-il conclu.