Le maire de la commune de Libreville, Jean-François Ntoutoume Emane, élu le 23 mai dernier, a pris ses fonctions jeudi, au cours d’une cérémonie solennelle présidée par le ministre gabonais de l’Intérieur, André Mba Obame.
Son installation a été suivie de celle de ses quatre adjoints, Mehdi Teal, (1er), Christian Odou Mba (2è), Eloi Ndzondo (3è) et Léandre Nzue (4è).
Dans son discours de circonstance, M. Mba Obame a sermonné les responsables des collectivités locales qui, pour justifier leur incompétence, instrumentalisent la loi sur la décentralisation.
’’Il est récurent que nombre de maires et de présidents de conseils départementaux, pour justifier l’inefficacité de leur action, opposent à leurs concitoyens la non application par l’Etat de la loi sur la décentralisation, notamment par rapport aux dispositions relatives au transfert des compétences », a-t-il déclaré.
Pour lui, il est plus qu’urgent que les collectivités locales fassent le travail qui est le leur afin d’inciter l’Etat à proposer au parlement d’aller encore plus loin dans le transfert des compétences car, depuis 1996, la bonne gouvernance n’a pas été le souci premier des élus locaux.
Citant la gestion du fichier d’Etat-civil, qui est une compétence de l’Etat transférée aux mairies, le ministre a regretté le fait que celle-ci laisse à désirer aujourd’hui.
Aussi, le ministre de l’Intérieur a-t-il rappelé que la décentralisation est le transfert des compétences de l’Etat à une collectivité placée sous sa tutelle, ajoutant qu’il est claire que celles-ci ne sont pas des »territoires indépendants, ni même autonomes, qui auraient une quelconque faculté de s’auto-saisir de compétences particulières ».
Pour sa part, le nouvel édile de Libreville qui a loué les efforts de certains de ses prédécesseurs, s’est engagé à attaquer de front les deux pathologies (internes et externes) dont souffre la capitale gabonaise et qui l’empêchent d’être une ville moderne de référence.
Selon lui, les pathologies internent s’articulent autour d’un bâtiment vieillot dont la structure est »grevée depuis des années d’incompatibles très désagréables, sinon gênantes, privant le personnel de salles d’eau ou de toilettes ; la climatisation n’est plus fonctionnelle dans la quasi-totalité des bureaux sous-équipés en matériel informatique ; la direction technique qui était en matière d’interventions immédiates, le fleuron opérationnel de la municipalité, n’est plus technique que de nom, parce que la plupart de ses engins ont disparu ou sont devenus obsolètes. Dans ces conditions, a reconnu le maire, il est difficile d’obtenir un rendement efficient des agents.
Ajouter à cela l’organisation »abracadabrante » de la mairie marquée par des vagues de recrutements irrationnelles et au plan social par un lourd contentieux avec la CNSS de près de 10 milliards de FCFA, lequel obère le fonctionnement de l’institution.
Quant aux pathologies externes ou ambiantes, elles ont pour noms le manque de suivi des actions initiées et le manque d’entretien des monuments érigés, lesquels sont notamment couverts de graffitis et de calicots ou de banderoles ; la lutte contre l’incivisme, la saturation des cimetières existants et l’encombrement des voies de circulation. ; ainsi que la prolifération des marchés anarchiques, une lèpre qui, estime Jean François Ntoutoume Emane, s’étend et qui enlaidit aujourd’hui Libreville.
Aussi, l’équipe municipale entend-elle rationaliser les implantations des lieux de petits commerces et les assainir, comme il importe aussi de rationaliser le fonctionnement des grands marchés et de clarifier leurs liens avec la municipalité.
Mais pour obtenir l’efficacité, la nouvelle équipe municipale veillera à avoir un ratio approprié entre le nombre d’agents de l’institution et l’effectif du cabinet du haut responsable car, note-t-on, la mairie de Libreville ne peut pas être efficace dans ses missions si les agents à des postes de responsabilité ne sont pas de qualité et si le personnel n’est pas motivé et dynamique.
C’est pourquoi, souligne le nouveau maire, l’Etat doit dégager les moyens conséquents pour relever le défi, à travers la pleine application de la loi sur la décentralisation et à travers un budget d’investissement conséquent constitué en partie de la collecte des taxes.
Avant de renvoyer ses quatre adjoints à l’exercice de leurs fonctions, l’ex-premier ministre gabonais a invité le gouvernement, la municipalité, le secteur privé et tous les citoyens, à mener des actions concertées, en marchant d’un même pas pour promouvoir l’intérêt général qui, pour ce qui concerne Libreville, est d’habiller la capitale gabonaise de façon appropriée.