Le directeur du Centre National du Cinéma Gabonais (CENACI), Imunga Ivanga, dont l’Institution a pris part, du 17 au 20 février à Libreville, à la première édition du Salon numérique, interviewé par GABONEWS, a relevé les liens étroits qu’entretiennent le cinéma et le numérique, avant de présenter les innovations prévues par sa structure au plan national dans le courant de l’année 2010.
GABONEWS (GN): – M. le directeur, à l’image des opérateurs nationaux et internationaux, le CENACI a pris part à cette première édition du Salon national de numérique. Quel bénéfice l’Institution que vous dirigez entend- elle tirer?
Imunga Ivanga (II): – Pour ce qui est du bénéfice, nous le situerons au plan de l’information. Nous nous sommes rendus compte qu’en dépit des nombreuses productions du Centre, il demeure mal connu. Nous avons saisi cette opportunité pour mieux communiquer sur nos missions. Pour ce qui est de la présence, je crois que le cinéma est directement lié aux innovations technologiques actuelles, précisément celles qui ont un rapport avec le numérique. Il faut savoir qu’en 1895 lorsque les frères Lumière inventent le cinématographe, la fascination est telle qu’on en oublie la technologie pour célébrer la magie des histoires. Par la suite, le film ne cessera d’évoluer jusqu’à ce que l’on parvienne au numérique. Pour nous cinéastes, le numérique intervient à la fois dans nos modes de productions et de diffusion. En termes de production, la tendance est de tourner davantage en vidéo plutôt qu’en film. Encore que les exigences ne sont pas toujours les mêmes. Mais la vérité est que cela correspond davantage à notre économie. Il y a en plus de cela une forme de dématérialisation, car les consommables sont de moins en moins utilisés. Les caméras possèdent des disques durs, ainsi les images captées sont téléchargées dans les disques durs des bancs de montage. Gain de temps, gain d’espace, économie sur les coûts. Après il y a des productions qui ne peuvent malgré tout se priver de la qualité du 35mm, qui sera bientôt approchée par la vidéo numérique, une fois certains algorithmes résolus.Mais le progrès est indéniable. Si certains d’entre nous utilisent encore des caméras 35mm, nous avons également des caméras haute définition, extrêmement performantes, qui possèdent un disque dur intégré.Nous n’avons plus ce problème de magasin pour le film. Nous n’avons plus besoin de cassettes vidéo, du moins dans certains cas. Cela est valable également pour le son.L’autre intérêt c’est qu’au point de vue technique et artistique l’on peut très rapidement visionner le travail que l’on fait. S’il y a des choses à corriger, on peut le faire assez vite. Cela a un impact sur les coups de production. Évidemment, il faut pouvoir accéder à cela, et nous ne sommes pas tout à fait à ce stade au Gabon. Nous commençons progressivement. Certaines sociétés de production sont assez bien loties. Nous y arrivons donc à petits pas. C’est un confort de travail vers lequel il faut qu’on aille. Les coûts d’acquisition de ce matériel sont encore un peu élevés mais demeurent moins coûteux comparativement à certaines caméras haut de gamme « traditionnelle ». Le numérique intervient également dans la diffusion. De façon « classique » il y a la fabrication des supports numériques tels le DVD. Mais aujourd’hui nous pouvons aller bien au-delà. Nous avons désormais la possibilité de faire en sorte que des personnes intéressées par l’acquisition de nos films puissent les télécharger. C’est ainsi que nous avons intégré cette option dans notre site web qui est actuellement en construction, à côté d’informations générales portant sur nos activités et l’actualité liée à nos productions. Le téléchargement permettra de vulgariser davantage la diffusion des œuvres produites par le CENACI bien au-delà des frontières nationales. Cela nécessite toutefois une organisation entre la Banque du Gabon, qui est la Banque du Trésor, le technicien web master du site, sans oublier les acteurs administratifs. L’aspect technique ne pose, je crois, aucun problème. Une fois que tout cela sera fait, nous présenterons le site avec tout ce qu’il offre comme avantages.
GN: – Une planification a-t-elle t déjà été faite pour fixer l’échéance?
II: – Si tout se passe bien, nous le présenterons au plus tard en mai. On prend le temps de bien le préparer.
GN: – L’actualité du CENACI semble bien chargée pour le mois de mai prochain, puisqu’en effet, à cette période Libreville accueillera la « Semaine du cinéma gabonais ». Pouvez-vous nous en dire un peu?
II: – Cet événement entre dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du Gabon. Nous allons démarrer la semaine du cinéma gabonais, mais nous ferons plus que cela. L’idée c’est d’entreprendre une tournée à travers toutes les provinces et de montrer ces films qui sont le résultat de nos territoires culturel et sociologique comme j’aime à la définir. Nous espérons, avec l’appui des collectivités locales, départementales et gouvernementales que le projet sera facilité. Nous avons été interpellé par le public qui souhaite qu’il y ait d’avantage de proximité. C’est ce que nous allons essayer de faire pour répondre à ces attentes.
GABONEWS: – Le salon de l’Économie numérique, nous y revenons, n’a fait que confirmer cet engouement des jeunes gabonais non seulement vers le cinéma, mais également vers les activités du CENACI. Quel Constat ?
II: – C’est déjà bien que le jeune public puisse nous suive. Car, nous avons des productions qui les concernent directement. Je pense notamment à la série des « Années écoles ». Mais bien avant les « Années écoles », il y a eu le long métrage « Dôlè », qui concernait la jeunesse urbaine du Gabon. C’est un phénomène intéressant parce qu’il y a une production artistique aujourd’hui de jeunes gabonais, et pas seulement ceux de Libreville, qui ont une culture urbaine malheureusement méconnue par les adultes, mais qui ne fera que grandir. Ceux qui sont jeunes aujourd’hui le seront moins dans quelques années. Ils porteront et transporteront avec eux cette culture. Il est intéressant de porter dès maintenant un regard intéressé sur ce qu’ils font. Mais cela dit, nous travaillons avec toutes les générations. Parce que l’on pense que les différents films, qu’il s’agisse de la fiction ou du documentaire, sont destinés à un large public.
GABONEWS: – Merci monsieur le Directeur.
II: – C’est moi qui vous remercie.
Mis à jour ( Lundi, 22 Février 2010 18:43 )