Attendu à Libreville le 24 février 2010, pour sa première visite officielle depuis le changement intervenu à la tête de l’Etat, suite à l’élection anticipée du 30 aout 2009, le président français Nicolas Sarkozy va tenter de jouer serré pour obtenir d’Ali Bongo Ondimba des aménagements sur la mesure d’interdiction d’exportation des grumes qui pénalise lourdement nombre de forestiers français.
La visite du président français sur le sol gabonais du 24 au 25 février est la première du genre depuis l’accession du président Ali Bongo au pouvoir. Cette visite qui débutera le 24 février par le dépôt de gerbe de fleurs au mausolée du président Omar Bongo Ondimba à Franceville sera l’occasion de réactiver l’axe de coopération Paris-Libreville corrodé depuis peu par certaines prises de positions françaises qui ont souvent irritées Libreville.
Le passage par le mausolée du « vieux » marque sans doute une volonté d’enterrer les « incompréhensions » nées depuis le discours de Dakar et surchauffées au rythme de la respiration de la justice française sur certaines « affaires », notamment celles des biens mal acquis.
Le président français qui ne manquera pas, au cours de cette visite, de justifier « son réalisme politique », en professant les vertus de la bonne gouvernance, sans avoir enterré la « France-Afrique », vient surtout à la rescousse des industriels français de la filière bois. Ceux-ci sont fortement frappés par la mesure de l’interdiction d’exportation des grumes entrée en vigueur le premier janvier 2010.
En effet, lors de leur première rencontre à l’Elysée, au lendemain de l’investiture d’Ali Bongo Ondimba, Nicolas Sarkozy avait obtenu de son homologue gabonais que certains aménagements, en termes de mesures d’accompagnement, soient accordés aux industriels français de la filière. Le choix de la visite de l’usine Rougier par les deux présidents prévue le 24 février à 13h00 n’est pas anodin. Il s’agit de toucher du doigt les réalités de l’impact de cette mesure sur l’industrie forestière.
« C’est un symbole: Sarkozy va voir Rougier, un groupe industriel français de transformation et négoce des bois tropicaux et exotiques, pour montrer son soutien aux forestiers français qui jouent le jeu », assure un observateur français installé au Gabon.
« C’était surtout un effet d’annonce avant le sommet de Copenhague » sur le climat. « Ali (Bongo) a voulu secouer le cocotier, virer ceux qui ne respectent pas les règles », analyse un consultant.
Si la possibilité d’un assouplissement de cette mesure, souhaité par l’Elysée et réaffirmé par le gouvernement gabonais est acquise, « Il n’est pas question de revenir sur le principe. La première bille de bois a été exportée il y a plus d’un siècle », souligne une source proche de la présidence à Libreville. Une telle fermeté n’étonnerait d’ailleurs personne, surtout pas les tenants du discours de Dakar.
Toute fois, les industriels français ne sont pas les seuls à souffrir des impacts négatifs de cette mesure, le gouvernement doit accorder à tous les mêmes mesures d’accompagnement sinon, donner plus aux entrepreneurs nationaux qui n’ont personnes pour faire 6000 kilomètres pour les soutenir.