Le président français Nicolas Sarkozy est attendu le 24 février prochain à Libreville pour sa troisième visite officielle dans ce pays, au cours de laquelle il devra notamment boucler le dossier de la coopération militaire franco gabonaise. Alors que Libreville s’apprête à devenir le dernier pied de l’armée française sur la façade atlantique du continent, il reste au président français à négocier les nouvelles conditions de ces accords de défense censés rompre avec les liens néocoloniaux de ceux établis après les indépendances.
Les présidents français et gabonais s’apprêtent à dessiner l’avenir de la coopération militaire entre les deux pays, et partant les contours de la «nouvelle» stratégie militaire française en Afrique. Sur la table de travail du président Sarkozy, attendu le 24 février prochain à Libreville, la révision des accords de défense devrait figurer en bonne place.
Nicolas Sarkozy devrait en effet ratifier demain le nouvel accord de défense franco-gabonais, qui doit nettoyer les termes «néocoloniaux» qui entachent celui qui avait été signé au lendemain de l’indépendance en 1960.
Le Gabon devrait ainsi devenir le troisième pays africain, après le Cameroun et le Togo, à réviser ses accords militaires avec la France. Conformément à son «petit livre blanc», le président français a décidé que chaque nouvel accord devrait être ratifié par le Parlement et que ses termes rendus publics.
«On avait des accords qui donnaient à la France des privilèges très importants, qui avaient une conception très large de la défense, qui accordaient notamment à la France un monopole dans l’approvisionnement des forces armées nationales et qui lui donnaient un droit de préemption sur l’exploitation des ressources dites stratégiques. (…) En contrepartie, la France garantissaient la défense de ces Etats», explique l’Elysée.
Or, les nouveaux accords prévoient de mettre l’accent «sur la coopération entre les armées, sur la formation des armées nationales et aussi sur l’utilisation des dispositifs français au service des organisations régionales», ajoute la présidence française.
Mais l’enjeu principal de ce dossier reste qu’au sortir de cette révision, Libreville demeurera la dernière base militaire française sur la face atlantique du continent, Sarkozy venant d’annoncer la fermeture de la base de Dakar, où elle ne conservera qu’une «plate-forme régionale de coopération».
Le contingent français au Gabon est actuellement d’environ 1000 hommes et l’évolution de ses effectifs devrait également être au menu des travaux.
Et pour peser dans la balance, l’Elysée «a concocté un plan d’actions pour un partenariat stratégique régulier», apprend-on à Paris, avec un volet diplomatique, «spécialement en 2010-2011, le Gabon étant membre du conseil de sécurité de l’ONU» ; un volet défense comprenant l’«appui aux forces armées gabonaises dans un cadre régional (…), [et] la formation de la police et de la gendarmerie dans la perspective de la Coupe d’Afrique des Nations 2012» ; mais aussi un renforcement de la «bonne gouvernance avec la réforme de l’administration», des annulations de dettes «reconverties pour la préservation de la forêt», ou encore des aides au développement dans les domaines prioritaires des infrastructures.
Si cela ne suffisait pas à assouplir les négociations à Libreville, Paris aurait même prévu la mise en place à terme d’un «Conseil des Investisseurs français au Gabon». Le Gabon est 9e au classement des investissements français en Afrique subsaharienne. Quel est la pertinence d’un tel organe dans le contexte précis de ce voyage ?