Le président français Nicolas Sarkozy est venu mercredi apporter son soutien au « nouveau » Gabon du fils d’Omar Bongo, élu il y a moins de six mois à l’issue d’un scrutin contesté, avec l’ambition d’en faire la vitrine d’un nouveau partenariat entre la France et l’Afrique.
Nicolas Sarkozy a d’autre part annoncé qu’il se rendrait dans la soirée à Bamako pour rencontrer l’ex-otage français Pierre Camatte, relâché mardi au Mali par un groupe d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et remercier le président malien Amadi Toumani Touré.
M. Sarkozy se rendra ensuite jeudi à Kigali pour sceller la réconciliation entre la France et le Rwanda, après trois ans de brouille autour du génocide de 1994.
Deux ans et demi après un premier séjour à Libreville, M. Sarkozy a entamé la troisième visite de son mandat dans ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale, symbole des errements de la « Françafrique », par une étape à Franceville, le fief de la famille Bongo.
Arrivé en début de matinée, il a été accueilli « à l’ancienne » par le président Ali Bongo, qui a déployé les grands moyens en mobilisant à l’aéroport, une « claque » musicale et chamarrée de plusieurs centaines de personnes. « Opération France-Afrique, au beau fixe. Amitié franco-gabonaise, au beau fixe », chantait notamment un groupe de musiciens.
Même si la journée a été placée sous le signe de la rénovation, les deux dirigeants l’ont débutée en se recueillant au mausolée Omar Bongo, décédé en juin après plus de quarante ans d’un règne sans partage sur son pays.
« La signification première de mon déplacement, c’est l’affirmation d’une fidélité. Je veux montrer que la France entend rester fidèle », a justifié Nicolas Sarkozy dans un entretien au quotidien gabonais L’Union.
Après un entretien en tête-à-tête, les deux présidents ont visité le Centre international de recherche médicale de Franceville, érigé pour l’occasion en symbole de l’avenir de la coopération entre leurs deux pays. Car, il l’a souligné dans L’Union, Nicolas Sarkozy tient avant tout à « faire évoluer » la relation de la France avec le Gabon.
Même répétée sur tous les tons depuis 2007, sa volonté de mettre en place un partenariat « débarrassé des soupçons du passé » avec les pays du « pré carré » africain de la France tarde encore à se concrétiser. La démission en 2008 du remuant secrétaire d’Etat français à la Coopération Jean-Marie Bockel avait été été attribuée par beaucoup à Omar Bongo…
Pour faire taire les critiques, le président français souhaite profiter de l’arrivée au pouvoir de Bongo fils, présenté par l’Elysée comme « jeune, moderne, dynamique et animé d’une véritable volonté de réforme » pour tourner véritablement la page de Bongo père.
Mercredi après-midi, la France, qui vient de confirmer le maintien de sa base militaire de Libreville aux dépens de celle de Dakar, va donc signer avec le Gabon un nouvel accord de défense, après ceux déjà signés avec le Togo et le Cameroun. Très critiqués, les anciens textes ont souvent servi de caution juridique au rôle de « gendarme de l’Afrique » de la France.
Dans la capitale gabonaise, Nicolas Sarkozy et Ali Bongo doivent également parapher un « plan d’action » qui recense l’aide que la France est prête à apporter dans tous les domaines au Gabon ces prochaines années.
Si l’opposition à Ali Bongo loue, elle aussi, la relation franco-gabonaise, elle a nettement moins goûté l’empressement de Paris à reconnaître son élection, qu’elle juge frauduleuse. Ses chefs seront reçus mercredi par Nicolas Sarkozy pour le lui dire de vive voix. Avant le scrutin, les rivaux d’Ali Bongo avaient accusé la France de faire campagne pour le fils du « doyen » des chefs d’Etat africains, en dénonçant le soutien public à sa candidature de l’avocat Robert Bourgi, un proche de Nicolas Sarkozy, présent dans sa délégation mercredi.