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La France va fermer sa base de Dakar

Paris revoit à la baisse son dispositif militaire en Afrique. Mais signe de nouveaux accords avec plusieurs pays.

Le général Bruno Clément-Bollée est l’un des militaires français qui connaissent le mieux le continent africain. Il y a effectué une partie de sa carrière et il commandait la force Licorne, en Côte d’Ivoire, avant de prendre ses fonctions à Bordeaux à la tête de la Région terre sud-ouest en 2008. Au début des années 2000, il a, entre autres, été en charge des questions de sécurité en Afrique au sein de l’état-major particulier du président de la République Jacques Chirac.

« Sud Ouest »: La France ferme ses bases militaires au Sénégal. Ce retrait remet-il en cause la présence militaire française sur le continent ?

Général Bruno Clément-Bollée: Le Livre blanc de 2008 prévoyait un allégement de notre présence militaire en Afrique tout en jugeant indispensable le maintien de deux ouvertures sur les océans Atlantique et Indien. La fermeture de notre présence militaire permanente à Dakar est la traduction très concrète de ces orientations. Mais la France conserve sur place une force militaire de coopération. Dakar a en effet une vocation de coopération sous-régionale avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

Comment s’organise désormais la présence militaire permanente française en Afrique ?

Elle repose maintenant sur deux bases : Libreville au Gabon et Djibouti, où les effectifs ont été allégés depuis l’ouverture de notre base à Abu Dhabi.

Il faut aussi tenir compte de deux choses. D’une part, les troupes déployées sur le terrain pour des opérations en cours, essentiellement en Côte d’Ivoire, Tchad et Centrafrique. D’autre part, les forces sur place au titre de la coopération militaire.

Ce dispositif est centré autour de quatre points d’appui. Dakar pour la Cedeao. Libreville pour la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac). Djibouti en partenariat avec l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad). La Réunion pour la Communauté de développement de l’Afrique australe (Sadec).

Le rôle des deux bases permanentes va-t-il évoluer ?

Il ne change pas. Elles sont là pour participer à l’effort de stabilité en accord avec les pays hôtes. Djibouti a toutefois une vocation plus large, puisque nous participons couramment à des exercices conjoints avec des pays du Golfe. L’activité de la base de Libreville n’est pas non plus centrée sur le Gabon, puisqu’elle doit pouvoir intervenir ailleurs en Afrique en cas de besoin.

Vous avez été l’un des instigateurs du dispositif qui vient d’être allégé.

À quoi correspondait-il ?

Il a été pensé pour prendre en compte la volonté africaine de prendre en main son destin. L’Union africaine est porteuse d’un grand projet : la Force africaine en attente. Il s’agit de mettre en place une brigade dans les quatre sous-régions. Les brigades sous-régionales doivent être capables de mobiliser 5 000 hommes, un état-major et tous les outils nécessaires pour des opérations de maintien de la paix, chaque pays de la sous-région apportant sa contribution. Les quatre points d’appui évoqués un peu plus tôt sont en cohérence avec ce projet. Nous participons à l’entraînement des troupes et des états-majors. Mais nous souhaitons ouvrir cette coopération à nos partenaires européens intéressés.

La France a signé de nouveaux accords de défense avec le Togo, le Cameroun et hier avec le Gabon.

En quoi sont-ils nouveaux ?

La plupart des accords de défense en vigueur n’avaient jamais été révisés et dataient des indépendances. Certaines clauses étaient secrètes. Nicolas Sarkozy avait souhaité que ces accords soient mis au goût du jour et qu’ils soient totalement transparents. Des contacts ont été pris avec les différents pays pour tout remettre à plat.

Quitte à donner l’impression de vouloir rester le gendarme de l’Afrique à tout prix ?

Ces accords sont des accords de partenariat en matière de défense. Ils sont complètement ouverts et bien compris des deux parties.

Quels sont les autres pays étrangers qui assurent une présence militaire permanente en Afrique ?

Les États-Unis sont présents à Djibouti. Leur dispositif est très centré sur la lutte contre le terrorisme dans les six pays africains de la Corne de l’Afrique et au Yémen.

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