Le vice-président de l’Union nationale, Bruno Ben Moubamba, a dénoncé ce matin dans la presse française le séjour gabonais du président Nicolas Sarkozy, qui ne remplirait pas ses promesses de rupture avec la Françafrique entretenue par ses prédécesseurs.
Brandi en étendard par le président français lors de sa visite au Gabon, le renouveau des relations franco-gabonaises consacré par la série de nouveaux accords entre les deux pays ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique locale.
Ce 25 février, la presse française publie une interview du vice-président de l’Union nationale (UN, opposition), Bruno Ben Moubamba, candidat malheureux à l’élection présidentielle, qui dénonce le séjour de Nicolas Sarkozy au Gabon, où «il se comporte exactement comme Jacques Chirac et Valéry Giscard d’Estaing», estime-t-il.
«Lorsqu’il était candidat, il avait déclaré au cours d’un de ses meetings, en janvier 2007, qu’il ne serait jamais complice d’une dictature. (…)Il promettait la rupture et ringardisait Chirac et sa politique Françafrique», rappelle Bruno Ben Moubamba.
«Jacques Chirac comme Valéry Giscard d’Estaing chantaient les louanges du maréchal Mobutu. Ils pratiquaient une forme d’autisme diplomatique tant le maréchal était impopulaire et pillait littéralement le pays. On les voyait à l’époque en VRP de réseaux privés, (…) en défenseurs d’intérêts privés», explique-t-il.
«Ce voyage au Gabon marque le soutien au régime d’Ali Bongo et je le crains, c’est considérer le Gabon comme une vache à lait», s’est-il indigné.
«A titre personnel, Nicolas Sarkozy est peut-être contre la dictature et pour les droits de l’homme en Afrique, mais il est inscrit dans ce même processus qui consiste à renvoyer l’ascenseur à ceux qui l’ont soutenu», a-t-il poursuivi.
Evoquant la présence de Pascaline Bongo au Conseil d’administration de Bolloré au Gabon, Ben Moubamba a dénoncé le fait que «la plupart des gens que nous combattons, nous, dans l’opposition, siègent au conseil d’administration des sociétés françaises installées dans le pays».
Concernant la rencontre organisée en catimini entre le président français et l’opposition gabonaise le 24 février dernier, le vice président de l’UN estime qu’«il n’y a dans cette rencontre aucun caractère officiel. Ce n’est pas public, pas publié, pas assumé. C’est une méthode d’un autre âge».
Face à cette rencontre «humiliante», «La moindre des choses aurait été de soigner les formes. Au Gabon, ça ressemble à une convocation soumise à la magnanimité du maître», a-t-il déclaré.
«Le simple fait que le Gabon soit une étape sur la route du Rwanda devrait faire réfléchir l’opposition. Il faut se défendre pour être respecté. Kagamé s’est défendu et Sarkozy va donc aller à Canossa [s’humilier] en se rendant au Rwanda», a conclu Bruno Ben Moubamba.