Monsieur Flavien Enongoué, maître assistant de philosophie à l’Université Omar Bongo, en bon observe, considère que c’est l’occasion pour le Gabon de marquer sa présence et de donner son point de vue pendant les deux prochaines années là où se prend un certain nombre de décisions importantes qui engagent la vie internationale.
’’Nous y sommes pour une durée de deux ans jusqu’à la fin de 2011 et je pense que ce n’est pas une moindre chose que de pouvoir prendre part à ces décisions surtout qu’il s’agit de la question de la paix et de la sécurité dans le monde’’, a déclaré Mr Enongoué, précisant que cela n’a pas une emprise dans le quotidien des gabonais, mais, ’’vous savez que dans la vie d’un Etat, il est important, surtout au niveau de la diplomatie que de pouvoir avoir une occasion de contribuer à la participation de la scène internationale même si au sein du conseil de sécurité il faut évidemment compter avec les cinq membres permanents.
Mais, a-t-il poursuivi, le fait d’être parmi les membres non permanents n’est pas une chose à négliger, au contraire pour la diplomatie d’un pays, c’est un élément important. Pour soutenir son propos, l’universitaire s’est servi de quelques exemples en Afrique où, a-t-il estimé, que nous sommes embarqués depuis quelques années dans le processus de sortie de crise comme en République centrafricaine ou au Soudan et dans bien d’autres.
’’il est clair que pour les décisions des organes de la sous région, à travers la CEMAC et aussi la CEEAC, il est important sur ce dossier, de savoir le point de vue du Gabon quand on sait que les plus gros contributeurs dans l’affaire c’est d’abord les nations unies à travers le PNUD, l’UE, donc je pense que, étant membre du conseil de sécurité des nations unies, nous pouvons influer sur un certain nombre de décisions, pour booster le processus de sortie de crise en République centrafricaine’’.
’’Je prends le cas du soudan, un autre point chaud de l’Afrique qui est également dans un processus de sortie de crise, de la pacification du Darfour et dans la perspective du référendum de la partie sud, il est toujours important de prendre part à certaines décisions’’, a-t-il dit tout en rappelant que ce soit le cas de la Centrafrique, du Soudan ou de la Côte d’Ivoire, la position que le Gabon occupe actuellement et surtout le fait de présider le conseil de sécurité à partir de ce mois de mars, fera qu’on ait toujours besoin du point de vue de notre pays avant de prendre une décision sur l’un de ces dossiers.
Intervenant sur l’image que dégage le Gabon sur le plan international après son admission au conseil de sécurité, Mr Enongoué a affirmé qu’il est difficile de pouvoir choisir un pays englué dans des difficultés comme membre du conseil de sécurité donc, ’’si on est au chevet du monde, il est difficile d’être parmi les décideurs l’important est à relativiser mais en tant que membre non permanent, nous sommes parmi ceux qui doivent exprimer le point de vue de la communauté inter nationale, ce qui n’est pas rien et est la preuve d’une diplomatie à laquelle les autres membres de la communauté internationale font confiance malgré ce qui nous est arrivé à savoir la disparition du président Bongo Ondimba qui a incarné, forgé cette diplomatie durant les quatre dernières décennies.
’’Je pense que pour ceux qui doutent encore de la capacité du Gabon à pouvoir rebondir après cette expérience douloureuse, c’est là la preuve que notre diplomatie a toujours été au service de la paix, de la réconciliation entre les peuples et donc de ces deux questions qui restent des points matriciels de notre diplomatie et que le Gabon reste encore un pays qui compte dans la sous région et peut-être même dans l’Afrique.
Abordant la question sur ce que peut attendre le Gabon de cette participation, Mr Enongoué a relevé que pour les lecteurs moyens, il n’est pas évident d’avoir à l’esprit réellement ce qu’ils peuvent attendre de notre présence au conseil de sécurité des nations unies, on peut tenter de dire pas grand chose mais en réalité, on peut en attendre beaucoup à savoir que la crédibilité sur la scène internationale a forcément des répercussions dans la possibilité que le pays a d’attirer des investisseurs.
’’vous savez, lorsqu’on n’a perdu la crédibilité au niveau international, c’est là qu’on ressent les difficultés au niveau interne mais lorsqu’on continue d’être perçu comme un pays crédible, on peut plus facilement mobiliser les capitaux que lorsqu’on est englué dans des difficultés internes et la crédibilité que nous avons vis-à-vis des autres pays est un facteur important pour attirer les investisseurs ou encore pour négocier parce que la scène internationale et particulièrement les organisations internationales sont des lieux de marchandage intergouvernementaux caractérisés par « je te donne ceci en contre partie tu me donnes cela »
Mais lorsqu ‘on n’a pas la crédibilité d’être présent, il est clair que l’on n’a pas les moyens de pouvoir mettre sur la table nos exigences ou discuter de ses éléments de revendications avec les autres. Encore faudrait-il être crédible pour être présent à la table donc, a-t-il insisté, le fait d’être présent où ces choses se discutent, est déjà une bonne chose en soit. Maintenant ça dépend de l’efficacité des acteurs qui représentent notre diplomatie pour pouvoir arracher un certain nombre de chose.
A la question de savoir si le fait pour le Gabon d’assurer la présidence du conseil de sécurité, pendant deux ans est un élément qui vient renforcer l’idée d’un Gabon émergent, prôné par le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba, l’orateur a indiqué que l’émergence est un objectif donc, pour être atteint il faut effectivement qu’ il y ait à la fois, à l’interne des actions qui soient menées pour y parvenir mais aussi à l’externe que la crédibilité que nous pourrons obtenir puisse aider à renforcer ou encore à accélérer le rythme des efforts en terme de réformes engagées au niveau économique en interne.
’’Voila la dialectique entre la crédibilité au niveau international et les réformes entreprises au niveau interne d’autant plus que pour réussir ces réformes, nous avons besoins des partenaires internationaux’’, a confié Mr Enongoué, ajoutant que ce n’est qu’à travers notre diplomatie que nous pouvons convaincre ces partenaires du bien fondé de nous soutenir.