Le Nigeria peine à retrouver la quiétude. Après les violences de ce week-end, les organisations internationales craignent de nouvelles représailles.
Le calme a succédé aux tensions, la peur aux violences. L’Etat du Plateau compte ses morts. Les affrontements de ce week-end auraient fait plus de 500 morts selon un bilan dimanche. La police a revu ce chiffre à la baisse, une centaine, mercredi. Les Nations unies, les Etats-Unis, Human Rights Watch et des hommes politiques d’opposition ont exhorté les autorités nigérianes à traduire en justice les responsables des attaques.
Les craintes restent vives. Les attaques de ce week-end, attribuées à des éleveurs musulmans, semblent être des représailles à quatre jours de violences en janvier dernier. Des centaines de personnes avaient alors été tuées. Une nouvelle vengeance est redoutée dans cette région située entre le nord musulman et le sud chrétien.
« Une meilleure sécurité est bien sûr vitale, mais ce serait une erreur que de décrire ceci comme des violences purement confessionnelles ou ethniques et de traiter ceci uniquement comme une question sécuritaire », a estimé Navi Pillay, haut commissaire aux droits de l’Homme. « Ce qui est le plus nécessaire, c’est un effort concerté pour traiter les causes sous-jacentes de ces flambées répétées de violences ethniques et religieuses qui ont éclaté au Nigeria ces dernières années, à savoir la discrimination, la pauvreté et les querelles foncières. »
Interim
Des troupes avaient été déployées dans la zone depuis janvier. Mais le couvre-feu, du crépuscule à l’aube, n’a pas empêché l’attaque, dimanche, qui s’est déroulée dans la nuit. L’armée se serait limitée à contrôler les routes principales, selon Human Rights Watch, omettant de surveiller les petites communautés. Le gouverneur du Plateau, Jonah Jang, a reproché aux militaires de n’avoir pas tenu compte de ses mises en garde concernant des mouvements d’hommes armés signalés par des villageois peu avant les attaques.
« Les tueries sont plus politiques que religieuses (…) Le problème incombe au gouvernement. Il a le pouvoir d’arrêter et d’engager des poursuites. Il a la capacité et les ressources pour recueillir des renseignements », a déclaré le parti d’opposition Action Congress en réclamant des « actes concrets ». La grogne monte dans le pays contre le pouvoir. Mercredi, des centaines de Nigérians ont manifesté à Lagos pour réclamer une apparition en public du président. Umaru Yar’Adua est revenu il y a deux semaines d’une hospitalisation en Arabie saoudite et n’a pas été vu en public depuis. Goodluck Jonathan assure un intérim à risques.