L’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP) a annoncé hier qu’elle rentrerait très bientôt ’’en grève illimitée’’, alors que les discussions avec le gouvernement ne sont pas encore terminées.
Trente jours d’intenses négociations entre gouvernement et ONEP, sous l’égide du Premier ministre, n’ont pas suffit pour trouver des solutions aux revendications des employés du pétrole et par préoccupation l’ONEP a invité les populations à s’approvisionner déjà en produits pétroliers (gaz, pétrole, gazole…).
Parmi les dix points sur lesquels ont planché les deux parties, cinq seulement ont trouvé une suite favorable. L’Onep ne semble donc pas apprécier l’attitude du gouvernement dans les discussions. ’’Vu que certains représentants de l’administration y participent de manière épisodique (…), plus aucun sérieux dans le déroulement des travaux’’, écrit l’ONEP dans note transmise à la presse.
C’est à la suite de la rupture de ces négociations que l’Onep a décidé de rentrer en grève illimitée. Ces négociations engagées il y a un mois avaient permis de repousser cette grève, qui devait avoir lieu à la suite d’un préavis déposé le 8 mars au cabinet du Premier ministre pour protester contre l’instauration du service minimum dans plusieurs secteurs en cas d’arrêt de travail. L’organisation reproche au gouvernement ‘’son absence d’engagement’’ et réclame une équipe de négociations fixe et engagée pour résoudre les crises du secteur pétrolier.
La date de la grève n’a pas encore été révélée mais l’ONEP a déjà appelé la population à se ravitailler ’’dans les 24 heures’’. ’’Nous ne pouvons pas vous dire quand la grève va être déclenchée, mais nous vous annonçons déjà que les conséquences de ce mouvement seront plus importantes par rapport aux grèves antérieures. Que les populations se ravitaillent !’’, a averti Guy Roger Aurat Reteno, secrétaire général de l’ONEP lors d’une conférence de presse mardi à Libreville. ’’Notre objectif n’est pas de nuire à la population, mais la grève n’est qu’un moyen pour amener le gouvernement à trouver de solution à nos problèmes’’, a ajouté M. Aurat Reteno.
L’Onep qui reste ouverte aux discussions a conditionné la reprise du dialogue par la mise en place d’une commission présidée conjointement par les ministres du Travail et celui des Mines. Les employés voudraient être rassurés que le gouvernement mettra fin aux recours ’’abusifs’’ de certaines sociétés à la main-d’œuvre étrangère au détriment des nationaux et l’abus d’autorité de certains employés. Sur la question de l’importation d’une main-d’œuvre étrangère, l’ONEP entend attaquer en justice, sans les cibler, certains chefs d’entreprises étrangers coupables.
L’Onep estime en revanche que le décret obligeant certaines entités à instaurer le service minimum (adopté par le gouvernement en janvier) remet en cause le droit de grève. Entre autres points figurant dans le cahier de charges de l’ONEP : la problématique de la Société gabonaise de raffinerie (Sogara), de la révision du Code de travail et la négociation des conventions collectives, les carences de l’inspection du travail. Sur la centaine des sociétés pétrolières installées à Port-Gentil, seuls 17 inspecteurs font le contrôle des employés en matière de respect des règles d’hygiène et de sécurité du travail. ’’C’est très peu’’, affirme un responsable de l’Onep. L’Onep est affilée dans environ 50 sociétés du secteur pétrole. L’organisation regroupe près de 4.000 des quelque 5.000 employés exerçant dans les sociétés pétrolières et parapétrolières installées dans la capitale économique.