Par Georges Dougueli.
C’est en 2008, au cours d’une fouille archéologique de routine, en étudiant les traces de vie découvertes dans une ancienne carrière près de Franceville, qu’une équipe de chercheurs coordonnée par Abderrazak el-Albani, sédimentologue à l’université de Poitiers, en France, est tombée sur le jackpot : des restes fossiles, parfaitement conservés dans des sédiments, datant de 2,5 milliards d’années ! La découverte, qui a fait l’objet d’une publication, le 30 juin, dans la revue scientifique britannique Nature, remet tout bonnement en question nos connaissances sur l’apparition de la vie.
Certes, des formes de vie plus anciennes – 3,5 milliards d’années – ont déjà été décelées, mais il s’agissait d’organismes unicellulaires, à l’instar des bactéries ou des virus. Par ailleurs, on croyait savoir que les premiers organismes multicellulaires (de l’insecte au grand mammifère) étaient apparus il y a 600 millions d’années. Or la découverte gabonaise semble bien indiquer que la vie multicellulaire est apparue 1,5 milliard d’années auparavant !
Les chercheurs, qui ont eu recours au nec plus ultra de la technologie – sondes ioniques ou scanners haute résolution –, ont étudié une centaine de fossiles, sur les 250 prélevés sur le site. Ils sont parvenus à reconstituer en 3D les fameux organismes, d’une taille comprise entre 7 mm et 12 cm de long, et à établir qu’ils vivaient en colonies, dans un environnement marin.
La découverte ouvre la voie à plusieurs pistes de travail. Selon l’université de Poitiers, il s’agira de « comprendre l’histoire du bassin gabonais et pourquoi les conditions y étaient réunies pour permettre cette vie organisée et complexe, explorer ce site pour enrichir la collection de fossiles mais également comparer l’histoire de l’oxygénation de la terre à la minéralisation des argiles ».