En voulant défendre le maire de Moanda incarcéré depuis un certain temps à la maison d’arrêt de Franceville, les patrons de l’Union nationale se sont visiblement trompés d’interlocuteur.
oanda, Jean Rémy Lépémengoye a été écroué à la prison centrale de Franceville, les responsables de l’Union nationale qui avaient gardé un silence de mort sur cette embarrassante affaire, sont sortie de leur réserve. En effet, les responsables de l’UN étaient, lundi dernier, rencontrer le ministre de l’Intérieur, Jean François Ndongou, pour évoquer l’incarcération à la prison centrale de Franceville, du maire de la cité minière à qui il est reproché d’importantes malversations financières, dans la gestion de l’argent public mis à sa disposition pour le pavage de la route du marché de cette localité.
Selon des informations dignes de foi, la délégation de l’Union nationale conduite par le président Zacharie Myboto, est allée demander à son hôte d’appliquer la loi. C’est-à-dire faire en sorte que le militant de l’UN, qui se trouve présentement dans les geôles de Franceville, est détenu de façon illégale.
Visiblement, on peut affirmer que les patrons de l’Union nationale se sont trompés d’interlocuteur, car la personne la mieux indiquée dans cette affaire est sans aucun doute le ministre de la Justice. Selon les requérants en effet, le mis en cause aurait dû passer tout au plus 72 heures pendant sa garde à vue.
En engageant une telle démarche auprès du ministre de l’Intérieur qui est totalement ‘’incompétent pour connaître de ce dossier’’ car n’étant pas ministre de la Justice, le président Myboto et les autres cadres de son parti cherchent à politiser une affaire qui n’a pas lieu de l’être et qui, de notre point de vue, devrait exclusivement relever du domaine de la Justice.
En effet, si le juge d’instruction qui s’est occupé de cette affaire a décidé, en son âme de conscience, et certainement en se fondant sur son intime conviction, de placer le maire de Moanda, Jean Rémy Lépémengoye, en détention préventive à la maison d’arrêt du chef lieu de province du Haut Ogooué, c’est qu’il avait de bonnes raisons de le faire. Autrement dit, le magistrat était en possession d’éléments matériels (preuves) qui soutiennent son accusation et prouvent si besoin en était, que le mis en cause est effectivement responsable des faits qui lui sont reprochés, à savoir des malversations financières.
De plus, si le magistrat a décidé de le placer sous mandat de dépôt, c’est très certainement pour éviter que le premier magistrat de la ville de Moanda ne fasse d’une part disparaître les preuves, et d’autre part, qu’il n’influence pas toutes les personnes qui seraient de près ou de loin mêlées à cette affaire. En droit, cela s’appelle la ‘’subordination de témoin’’.
Quand les patrons de l’Union nationale demandent au ministre Ndongou de saisir son collègue patron de la Justice, Anicette Nanda Oviga, savent-ils seulement qu’ils sont en train de vouloir une chose et son contraire ? Comment peut-on demander l’application de la loi et se retrouver en même temps à demander l’immixtion du ministre de l’Intérieur dans la procédure en cours ? En réalité, les responsables de l’UN mettent le doigt là où il ne faut pas, c’est-à-dire dans un engrenage.
En voulant coûte que coûte obtenir du ministre de l’Intérieur d’obtenir, comme on dit en droit, l’élargissement de leur militant, les patrons de l’UN cherchent à notre avis à mettre la ‘’justice sous leurs ordres’’, alors que le magistrat, dans son travail, sait qu’il ne doit avoir pour seul chef, que la loi, rien que la loi.
Au stade actuel de cette affaire et de la procédure en cours, il est prématuré, voire présomptueux, de penser que le pouvoir judiciaire en veut en la personne du maire de Moanda. Il n’en est rien. Il a eu des ‘’comportements déviants’’ que l’un des Vice présidents de cette formation politique, en l’occurrence l’ancien Premier ministre Jean Eyeghé Ndong n’a eu d cesse de dénoncer, du temps où il trônait à l’immeuble du 2 Décembre, ancien siège de la primature.
Nous devons tous le reconnaître : la justice instruit à charge et à décharge. Cela veut dire que si, au terme de la procédure, le maire de Moanda, qui n’est pas encore jugé, est finalement l’auteur des malversations qui lui sont reprochées, à ce moment-là, il sera jugé et il restera en prison.
Mais si le magistrat venait à s’apercevoir que les accusations portées contre lui sont infondées, il retrouvera à coup sûr la liberté, parce qu’ayant bénéficié d’un non lieu et quittera la maison d’arrêt de Franceville.
Agir autrement pour les responsables de l’Union nationale n’est, ni plus, ni moins, qu’une manière de ‘’vouloir noyer le poisson’’, comme l’a dit un haut cadre de notre administration, qui se demande pourquoi le directoire de l’Union nationale cherche à ‘’politiser’’ une affaire qui, en définitive, ne relève que de la Justice. Et donc de l’Etat de droit que tous, pourtant, réclament à cor et à cri.
Théophile ASSOUMOU-MOMBEY