Six leaders des partis de l’opposition, dont Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé (CDJ), Victor Alain Eya Mvey (MORENA Unioniste), Léon Mbou Yembi (FAR), Benoît Mouity Nzamba (PGP), Luc Bengone Nzi (MORENA) et Zacharie Myboto (UN), ont ratifié mercredi dernier la nouvelle charte baptisée : coalition des groupes et partis politiques pour l’alternance (CPPA). Avec la mise en place de la CPPA, qui s’ajoute à l’alliance pour le changement et la restauration (ACR) composée de cinq partis, l’opposition gabonaise a désormais deux grands ensembles ayant chacun son projet de société, mais qui partagent le même idéal : renverser par le moyen des urnes la majorité présidentielle pour l’émergence ayant pour chef de fil, le parti démocratique gabonais (PDG), dirigé par le président de la République, Ali Bongo Ondimba.
Le fait particulier de ces leaders politiques, c’est qu’ils sont pour la plus, des septuagénaires, qui se regroupent en coalition ou qui tentent de le faire. Voilà des hommes et des femmes qui ont passé la moitié de leur vie à faire de la politique, et qui entendent prolonger l’exercice au-delà de l’âge de 80 ans sans songer à passer le flambeau aux plus jeunes, qui sont dans leurs entourages depuis des décennies et qui piaffent d’impatience d’accéder aux affaires. Dans l’opinion, cela ressemble étrangement au conservatisme qui traduit l’état d’esprit des signataires de la CPPA et de l’ACR. Par leur conformisme, ils refusent les innovations politiques, sociales et même techniques (…). On peut dire qu’ils font preuve de pragmatisme, car on passe difficilement la main en politique.
Doit-on comprendre que ces formations politiques n’ont pas de jeunes disposant d’une expertise politique nécessaire pour présider aux destinées du CDJ, du FAR, du PGP, etc. ? Où, doit-on interpréter leur présence prolongée à la tête de parti plutôt comme un système de gestion par des ‘’anciens : des gérontes ? ‘’. Cela sous-entend une politique conservatrice, car les « gérontes » sont observés comme peu disposés à modifier les structures de la société, mais enclins à la conserver telle qu’ils l’ont connue.
L’avènement de la démocratie au Gabon a entraîné des changements importants dans notre société, mais cet avènement semble n’être pas venu à bout de la gérontocratie au sein des partis de l’opposition. Cette attitude conduit à des résultats désastreux puisqu’elle tue dans l’œuf l’imagination et le dynamisme propres à la jeunesse. Est-ce parce qu’ils possèdent de l’argent pour animer leur parti, que la population jeune signifie se faire exploiter, mépriser ou tout simplement, ignorer par les plus âgés ?
Nonobstant la présence des jeunes ayant une expertise pointue de la politique au sein de l’Union nationale (UN), de l’Union pour la nouvelle république (UPNR), de l’Alliance nationale des bâtisseurs (ANB) , ect. ; malgré le mérite des jeunes résultant de diverses qualités morales, intellectuelles ou physiques : l’habileté, le talent, le courage, l’effort fourni, la prise de risque, la responsabilité, l’innovation et j’en passe, ne suffisent pas pour arriver à sortir la tête de l’eau. Les leaders de ces partis ont concentré leur pouvoir, leur jalousie et leur aigreur entre leurs mains.
Il est possible que cette ‘’vielle nomenklatura’’ place quelques jeunes à des endroits stratégiques, mais souvent, c’est pour mieux les surveiller afin de faire croire avec cynisme aux autres jeunes qu’ils partagent leur pouvoir. Le mot est là : verrou. Ces gérontes accaparent le pouvoir principalement parce qu’ils sont présidents fondateurs de leurs différentes formations politiques, et qu’ils étaient là avant les jeunes. Comme ils sont les principaux actionnaires au nom de ce principe, s’ensuit alors tout un lavage de cerveau et autres stratégies malsaines sur les jeunes pour conserver ce pouvoir. Le CDJ restera à Jules Aristide Bourdes Ogoulinguéndé, tout comme l’UPNR sera la propriété exclusive de Me Louis Gaston Mayila. Ce n’est donc pas évident que Benoît Mouity Nzamba lâche le PGP en faveur d’un jeune loup qui fourbit depuis longtemps ses armes à ses côtés.
On ne voit donc pas comment on peut se sortir de ce bourbier et construire un avenir meilleur à nos enfants, avec de vieilles idées, de vieux principes… Tant qu’il y aura « des vieux » plus attachés à la valeur, au prestige, il n’y aura pas d’avenir.
L’alternance à la tête de l’UN, du FAR, de l’UPNR, du CDJ, du MORENA, etc, reste du domaine du mirage parce qu’elle doit aboutir à une vraie retraite des éternels propriétaires des partis politiques. Alors qu’au moment des joutes électorales, les populations rêvent de voir qu’on leur sert servies des discours nouveaux, c’est-à-dire des projets de société et de développement dans lesquels se reconnaissent les candidats eux-mêmes, par leur âge. Ainsi, on pourra arriver à la fin des querelles de personnes qui minent le combat politique depuis des années. Que vaut une alternance tant chantée lorsqu’on positionne finalement les mêmes dans un starting-block prêts à rebondir au moment voulu pour eux-mêmes ? Et pas nécessairement pour le bien des populations que ces ‘’gérontocrates’’ prétendent défendre les intérêts.
PR BIYAMBOU