Irradiation, pollution des rivières, disparition de la pêche: dans un rapport publié lundi, l’ONG Brainforest alerte sur les impacts de l’exploitation minière des sociétés françaises Areva et Eramet, sur les populations dans l’est du Gabon.
« Des projets qui engendrent des milliards d’investissements, en grande partie étrangers (…), avec des retombées économiques considérables, ne doivent pas se faire au détriment des populations locales et de l’environnement », conclut le rapport « Impacts de l’exploitation minière sur les populations locales et l’environnement dans le Haut-Ogooué » (est), publié à la veille de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du pays.
« L’Etat gabonais doit promouvoir une gestion durable et concertée des ressources naturelles », indique le rapport qui pointe particulièrement le manque d’information des populations.
Brainforest a étudié trois sites: Mounana, où l’uranium a été exploité par la Comuf (Compagnie des mines d’uranium de Franceville, filiale du français Areva) « pendant plus de quarante ans »; Moanda, où la Comilog (Compagnie minière de l’Ogooué, filiale du français Eramet) exploite depuis 1962 le manganèse; et Poubara où un grand barrage doit voir le jour pour satisfaire notamment les besoins en énergie de Comilog.
« Le manque d’information concernant la situation radiologique (à Mounana) est inacceptable », note ainsi l’ONG, qui décrit la « proximité entre les différents quartiers de Mounana et les zones présentant un risque » d’exposition forte à la radioactivité.
Elle estime par ailleurs que « l’indépendance du CNPPRI (Centre national de prévention et de protection contre les rayons ionisants, chargé de la surveillance radiologique) (…) pose question lorsqu’on sait que la Comuf finance depuis des années cet organe +indépendant+ du ministère des Mines ».
Les résultats de la surveillance radiologique n’ont jamais été communiqués aux autorités locales et à la population, affirme Brainforest, qui réclame une étude indépendante, soupçonnant que les mesures du CNPPRI soient partielles.
A Moanda, les cours d’eau ont été envasés et pollués par des boues et déchets provenant de l’exploitation du manganèse par Comilog, modifiant « considérablement les activités de populations » qui doivent parcourir des kilomètres pour chasser, rencontrent des difficultés à trouver de l’eau consommable et ont dû abandonner la pêche sur certains cours d’eau.
L’ONG concède cependant que « la Comilog a pris compte de l’ampleur des impacts de ses activités sur l’environnement ».
A Poubara enfin, le « plus grand projet hydroélectrique du Gabon », doit « submerger une surface de 46km² » sans que les populations locales n’aient été visitées « pour la concertation, la négociation de (…) compensations, ni l’inventaire des activités prévu », contrairement à ce que l’étude d’impact prévoyait, affirme Brainforest.
L’exploitation de l’uranium par Areva au Gabon a cessé il y a une dizaine d’années, mais elle pourrait reprendre sur d’autre sites.
Le manganèse représente la deuxième industrie exportatrice du Gabon. Comilog, avec une production de minerai de 3,3 millions de tonnes en 2007, est le deuxième producteur mondial de minerai de manganèse à haute teneur, selon Eramet.