(Par LP MBADINGA)
L’exploitation en perspective de l’uranium dans la région du Haut-Ogooué (sud-est) par leader mondial du nucléaire, le français AREVA, dont une filiale la Compagnie d’uranium de Franceville (COMUF) a exploité pendant près de quatre décennies ce minerai dans la ville de Mounana mérite que l’on établisse des garde-fous en raison de la controverse suscité au lendemain de l’arrêt de ses activités.
La question est sujette depuis 2007 à une polémique encore fumante et à plusieurs rebondissements, entre les ONG environnementales Gabonaises et françaises, le conseil municipal de la commune de Mounana (composée en majorité de membres de l’ancienne Union gabonaise pour la démocratie, (le parti crée par Zacharie Myboto en 2005 et qui a aujourd’hui disparu au profit de l’Union nationale) d’une part et la Compagnie des mines d’uranium de Franceville (COMUF) ex-filiale de la COGEMA devenu AREVA en 2006.
Selon un rapport publié par la par la Commission de recherche et d’informations indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) le 9 décembre 2009 serait de 2 à 50 fois supérieur à la normale. Un rapport qui n’avait pas été confirmé par l’agence internationale de l’énergie atomique, à en croire Alain Acker, le Directeur médical du groupe AREVA.
Onze ans, après la fin de l’exploitation de l’uranium à Mounana la vie des populations, rythmée pendant près de 40 ans par le fonctionnement de la COMUF, est désormais inscrite dans une monotonie de problèmes sociaux. Leurs soucis de fourniture en électricité et eau potable courante, sont doublés de la hantise sanitaire alimentée par ces polémiques autour de la radioactivité, qui donne libre cours à toutes sortes de supputations, loin des années fastes de la ville minière. Le géant français du nucléaire avait dû, courant 2009, promettre la mise en place d’un observatoire de la santé au tour des mines de Mounana, avec le concours de l’ONG Médecins du monde et le cabinet d’avocats Sherpa, pour rassurer le gouvernement et les populations, même si à ce jour les consultions n’ont pas débuté.
En février 2010, au moment du rebondissement la polémique, avec l’enfouissement de produits usagés supposés toxiques du CIRMF, dans une verse de la COMUF et qui a mis au devant de la scène le Maire adjoint de Mounana Eric Bokoko et la GEOFOR, un sous traitant de la COMUF, il avait été établi que le Gabon ne disposait pas d’une législation et d’une technologie en matière de traitement de déchets toxiques et des questions liées à la radioactivité.
Il va sans dire qu’il s’agit de phénomènes qui jusqu’alors demeurent mal maîtrisés, même pour les pays développés, d’autant plus qu’aucune solution définitive n’existe dans leur traitement absolu. En outre, en dehors de la responsabilité des industries de traitement et d’extraction, souvent mises en cause, pour le peu d’information sur le sujet, la découverte en 1968 d’un réacteur naturel à Oklo proche de Mounana au (Sud-est du Gabon) a permis de relativiser les connaissances et les responsabilités sur le phénomène.
Toutefois, sur ces questions d’une gravité certaine, le gouvernement et le Parlement devraient s’atteler à protéger les populations par une panoplie de dispositifs juridiques et techniques. Si dans le temps qu’a duré l’exploitation Mounana a constitué un laboratoire qui était encadré par la législation française, il serait peut être temps pour le Gabon de se prémunir de nouvelles déconvenues, en actualisant son code de l’environnement et en se dotant d’une expertise en la matière.
Le groupe AREVA annonce qui est détenteur de trois permis d’exploration de l’Uranium dans el bassin francevillien annonce une reprise des activités d’exploitation de l’uranium dans un avenir relativement proche.