Deux dirigeants syndicaux gabonais, incarcérés depuis juillet à la suite d’un mouvement social d’agents municipaux de Libreville protestant contre des retards de salaires, observent une grève de la faim contre leur détention « arbitraire », a-t-on appris jeudi auprès de leur avocat.
Alexandre Nzengui, président du syndicat des agents de la mairie de Libreville (SYAML), et Olui Nzué Memine, secrétaire général de l’Action pour le renouveau municipal (ARM), refusent de s’alimenter depuis mardi, ont indiqué à l’AFP un agent municipal et le cabinet de l’avocat René Fidèle Gomes qui les défend.
Les deux syndicalistes entendent protester contre leur détention préventive qu’ils jugent « arbitraire », a indiqué Me Gomes.
« Ca fait deux mois qu’ils sont en prison, il n’y a pas de jugement, les deux demandes de liberté provisoire ont été rejetées et tout le monde se tait », a déploré de son côté l’agent municipal. « En plus, on leur a coupé leurs salaires depuis deux mois, c’est bientôt la rentrée (scolaire, le 4 octobre, NDLR), leurs familles vont faire comment ? », a-t-il ajouté.
Les deux responsables syndicaux sont accusés par les autorités municipales d' »entrave à la liberté du travail » et de « destruction de la propriété immobilière d’autrui ».
Ils ont été écroués le 22 juillet dans un climat social tendu, après la mort d’un collègue.
Début avril, les agents municipaux de Libreville avaient déposé dans le hall de la mairie le corps d’un collègue, décédé « faute de soins » selon eux car il n’avait pu acquitter les frais médicaux. Ils entendaient ainsi démontrer les conséquences sur leur vie quotidienne des retards de paiement de salaires.
Les agents municipaux ont observé depuis janvier plusieurs grèves pour protester contre ces retards et contre le non-versement des cotisations sociales prélevées par la Ville à la source sur leur paie.