Le président de la République, chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, à l’instar de plusieurs de ses homologues venus du monde entier, a prononcé, mardi, devant la 65ème Assemblée générale de l’ONU, un discours dans lequel il aborde de « réelles avancées » enregistrées notamment au Gabon dans la mise en œuvre des objectifs du millénaire pour le développement (ODM) mais aussi lance un appel à la mobilisation des ressources suffisantes avant l’échéance de 2015, qui, pour « beaucoup de pays, dont le Gabon, demeure un défi difficile à relever dans un environnement économique et financier défavorable ».
TEXTE INTEGRAL :
« Je voudrais tout d’abord le féliciter de cette rencontre qui s’inscrit dans le prolongement du Sommet mondial de 2005, au terme duquel nous avons réaffirmé notre pleine adhésion à la Déclaration du Millénaire, fondement d’un monde plus pacifique, plus prospère et plus juste.
Nous nous retrouvons aujourd’hui, cinq ans après, pour faire une nouvelle évaluation de nos actions en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Malgré de réelles avancées enregistrées dans la mise en œuvre de ces objectifs, l’échéance de 2015 demeure pour beaucoup de pays, dont le Gabon, un défi difficile à relever dans un environnement économique et financier international défavorable.
Monsieur le Président,
Je souhaite parler de mon pays avec un sens d’humilité et de réalisme au regard des multiples obstacles qu’il nous reste à surmonter pour atteindre ces objectifs.
Mais cela n’entame en rien notre détermination d’accélérer notre développement en nous appuyant sur nos potentialités. Dès le départ, nous avons su consolider et pérenniser ce que nous considérons comme étant le principal socle de tout développement, à savoir la paix et la stabilité.
Depuis notre accession à l’indépendance, cet atout a toujours été le trait distinctif de notre pays dans une région caractérisée par des crises et des conflits armés récurrents.
Ce climat de paix et de stabilité nous a permis de faire des progrès dans les domaines de la lutte contre l’extrême pauvreté, de l’éducation, de la promotion de la femme, de la lutte contre le VIH/SIDA et les autres maladies, de la santé maternelle et de la préservation de l’environnement.
En ce qui concerne la réduction de l’extrême pauvreté, nous avons déjà pris d’importantes mesures destinées à préserver le pouvoir d’achat des ménages en revalorisant les revenus et la protection sociale.
Il s’agit entre autres de l’augmentation de la prime de transport, de la hausse des allocations de rentrée scolaire, du relèvement du revenu minimum mensuel à 300 dollars américains et de l’adoption d’une ordonnance fixant le régime des prestations familiales des Gabonais Economiquement Faibles.
En effet, ces personnes vulnérables bénéficient désormais d’une pension versée par la Caisse Nationale de Garantie Sociale et d’Assurance Maladie (CNAMGS), et d’une couverture médicale leur permettant de se soigner à moindre coût dans les structures hospitalières agréées.
Il faut ajouter à ces mesures, l’adoption d’un programme national sur la sécurité alimentaire qui dispose d’un volet nutritionnel destiné à relancer le secteur agricole, pastoral et des pêches.
Pour ce qui est de l’éducation, nous avons fait des investissements substantiels come l’atteste l’augmentation du budget consacré à l’éducation nationale qui est passé depuis 2004, d’environ 130 à 204 millions de dollars américains.
L’Etat a par ailleurs mis en place un mécanisme de soutien aux jeunes afin des les accompagner durant leurs études primaires, secondaires et supérieures.
Le taux de scolarisation du primaire au Gabon est parmi les plus élevés d’Afrique subsaharienne. Il se situe à 96% avec une parité presque égale à l’unité. Le taux d’alphabétisation des Gabonais se chiffre, quant à lui, à plus de 85%.
Monsieur le président
Nous avons également fait des progrès dans la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de la femme.
En effet, outre la création d’un ministère chargé de la promotion de la femme, de nombreuses actions ont été menées en vue de favoriser l’approche genre. Aujourd’hui, de plus en plus de femmes ont accès à la santé, à l’instruction, aux micros-crédits ainsi qu’aux postes de responsabilité dans l’Administration publique, dans l’armée et dans les autres instances de décision.
L’exemple le plus tangible de cette évolution nous a été donné lors de la transition politique que mon pays a connue dernièrement et au cours de laquelle deux femmes remarquables ont joué un rôle déterminant : l’une en qualité de Chef de l’Etat, l’autre, comme Président de la Cour Constitutionnelle.
Dans le domaine de la santé, nous avons poursuivi avec l’aide de nos partenaires, à savoir l’OMS, l’ONUSIDA, le PNUD et le FNUAP, nos efforts de lutte contre VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies.
Aujourd’hui, le nombre de patients ayant accès à la thérapie antirétrovirale s’est accru. En matière de prévention, nous avons multiplié les campagnes de sensibilisation sur l’ensemble du territoire national grâce aux partenariats que nous avons su établir avec les acteurs de la société civile, les agences des Nations Unies, et le secteur privé.
Ces efforts ont fortement contribué à la réduction de nouvelles contaminations et à l’amélioration des conditions de prise en charge des malades.
En ce qui concerne la réduction de la mortalité infantile et l’amélioration de la santé maternelle, nous avons défini une feuille de route nationale dont les grandes lignes sont prises en compte dans le document de Politique Nationale de Santé (PNS) récemment actualisé et en passe d’être adopté par le Gouvernement.
Cette nouvelle orientation s’inscrit dans le prolongement des actions déjà menées par le Gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de réduction de la morbidité et de la mortalité maternelle néonatale.
Monsieur le président,
La réduction de la mortalité maternelle et infantile est vitale pour le développement des pays africains. Je voudrais, ici, me faire l’écho de l’appel lancé par l’Afrique au sommet de Kampala, à savoir qu’ « aucune femme ne doit mourir en donnant la vie ».
La stratégie mondiale pour la santé des femmes et des enfants que le Secrétaire Général lancera demain et à laquelle mon pays adhère pleinement constitue à cet égard une initiative louable.
Nous sommes persuadés que la mise en œuvre de cette stratégie permettra de mobiliser des ressources, de renforcer les dispositifs de soins pour les mères et les enfants, et de lutter contre les inégalités d’accès aux soins.
Quant à la préservation de l’environnement, le Gabon a consacré 11% de son territoire à la création des parcs nationaux comme contribution à l’effort mondial en matière d’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique.
Depuis mon accession à la magistrature suprême, je me suis engagé, à travers le programme « Gabon vert », à valoriser l‘or vert du Gabon par l’industrialisation de la filière bois et la conservation des richesses écologiques dont recèle notre immense forêt tropicale si nécessaire à notre développement.
J’ai entrepris de renforcer la sécurisation des parcs nationaux pour assurer, entre autres, une plus grande protection de notre exceptionnelle biodiversité. J’ai lancé une vaste campagne contre l’extraction illégale de ressources naturelles qui rencontre aujourd’hui d’importants succès.
Par ailleurs, j’ai pris d’importantes mesures visant à réduire nos émissions de dioxyde de carbone et à relever le taux de séquestration de C02 de notre forêt végétale.
Il est de notoriété que le Gabon jouit d’une stabilité climatique qui s’est affermie à travers le temps. Aussi longtemps que nous préserverons notre forêt, nous sommes plus ou moins assurés de minimiser l’impact du changement climatique dans notre pays.
Toutefois, nous vivons aujourd’hui dans un village planétaire où les défis deviennent transnationaux. Face à ces défis, il nous faut joindre nos efforts pour mener des luttes collectives. Le Gabon fait partie de notre village planétaire. C’est à ce titre qu’il s’est résolument engagé, avec les Nations Unies et les autres Etats membres, dans le combat auquel le monde se livre aujourd’hui contre le changement climatique.
Monsieur le Président,
La faible croissance de nos économies nous rappelle, hélas, le fossé qu’il nous reste à combler pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Le poids de notre dette et l’impact de la crise financière internationale sur les investissements publics en faveur des secteurs sociaux de base tels que l’éducation, la santé et la fourniture de l’eau potable et de l’électricité, limitent notre marge de manœuvre à promouvoir le développement humain.
Conscient de cette difficulté, je me suis engagé, dès mon accession à la magistrature suprême, à construire un Gabon nouveau, reposant sur les piliers que sont la diversification de l’économie, la bonne gouvernance, la promotion du capital humain et les grands travaux. L’objectif étant de remettre le pays au travail et d’assurer une croissance économique rapide et durable dont les fruits nous permettront de procéder à une meilleure redistribution des revenus.
Le triptyque « Paix-Développement-Partage » qui sous-tend mon projet de société, illustre bien cette nouvelle approche que je souhaite mettre en œuvre pour améliorer le bien-être de nos populations et inscrire le Gabon parmi les pays émergents.
Cette vision nationale s’inscrit également dans la dynamique de l’intégration économique régionale encadrée par la Communauté Economique Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) et par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC).
Monsieur le Président,
Nos efforts en matière de développement ne peuvent être efficaces que s’ils s’accompagnent d’une mobilisation des ressources suffisantes et d’une forte augmentation des investissements directs. A cet effet, mon pays encourage les efforts en cours visant à institutionnaliser les mécanismes innovants de financement du développement.
Dans cette perspective, l’effectivité d’un partenariat mondial en faveur du développement s’avère indispensable pour assurer une croissance économique durable dans nos pays.
Je souhaite que le document final qui sanctionnera nos travaux, reconnaisse le caractère crucial de la mobilisation des ressources pour accélérer le processus de mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Je perçois cette rencontre comme une nouvelle opportunité de destiner à l’humanité, un geste fort, un geste qui soit à la mesure des engagements souscrits à Monterey, à Doha, à Gleeneagles, à Paris et à Accra en faveur d’un réel partenariat mondial pour le développement ».