(Par Ladislas Demaison NDEMBET)
Le parc national de waka doit-il changer de nom? En tout cas, les populations habitant dans sa périphérie le souhaitent parce qu’elles ne se reconnaissent pas dans l’appellation actuelle qui aurait été tirée du nom d’un cours d’eau arrosant la contrée.
A l’occasion d’un atelier de cartographie participative en trois dimensions qui s’est déroulé du 22 septembre au 3 octobre à Fougamou, chef-lieu du département de Tsamba Magostsi, dans le sud du Gabon, les pygmées Babongo et les Tsoghos, riverains du parc, ont indiqué ne pas avoir connaissance de l’existence, dans ces lointaines contrées, d’un cours d’eau dénommé Waka.
Ils ont déploré le fait de n’avoir jamais été consultées par les autorités ayant pris la décision de créer le parc national de Waka, l’une des 13 aires protégées représentant 11% du territoire nationale, mises en place au Gabon, pays situé dans le massif forestier du bassin du Congo, 2ème,poumon vert de la planète, après l’Amazonie.
Les Pygmées Babongo en veulent particulièrement aux exploitants forestiers installés dans la région parce qu’ils n’emploient pas la main d’oeuvre locale et n’assistent les populations ni sur le plan de l’éducation ni sur le plan sanitaire.
Ils ont attiré l’attention des autorités et des défenseurs de la nature sur les dégâts causés dans leurs plantations par les éléphants et les singes mandrills, des animaux interdits de chasse. « Qu’allons-nous devenir si cela continue? » s’est interrogé Jean-Pierre Ekia du village Ozimba, dans le district d’Ikobey.
Une maquette représentant une partie de l’espace Nord du Parc national de Waka a été élaborée par les populations Tsoghos et Pygmées, installées dans la périphérie de cet espace protégé. L’ébauche a été présentée aux autorités, le 3 octobre dernier à Fougamou, à la clôture d’un atelier portant sur la cartographie participative en trois dimensions.
La maquette qui porte sur une superficie de 288m2 (24km de long et 12km de large), donne aperçu de la forêt d’Ikobey habitée par les populations autochtones. Elle a été conçue grâce à la connaissance qu’ont les Tsogho et les Pygmées Babongo de leur milieu naturel.
Les populations autochtones ont situé sur la maquette une roche mystérieuse appelée « Enongué », les cours d’eau de la région, les villages, les lieux sacrés, les cimetières, les forêts primaires et secondaires, les plantations, les endroits de pêche et de chasse ainsi que les voies de communication reliant les différentes localités de la région.
La cartographie participative est une méthode qui entre dans le cadre de la conservation de la nature et la bonne gestion des ressources naturelles ainsi que des actions en faveur du développement durable, a expliqué Mme Hindou Oumarou Ibrahim, une déléguée venue du Tchad, représentante des délégations étrangères.
La cartographie permet aux communautés autochtones de produire des supports qui serviront comme outils de communication, de dialogue et de négociations pour une prise en compte de leurs droits et de leurs intérêts dans le processus législatif et politique de gestion des ressources naturelles, a-t-elle ajouté.
La cartographie des différents sites situés autour du parc national de Waka a été rendu possible grâce à plusieurs partenaires tels que l’Agence nationale des Parcs nationaux, les ONGs WCS, Brainforest (Gabon), la Fondation Rainforest (Angleterre), le Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique centrale (IPACC), le Comité d’Appui Technique (CTA), le Ministère gabonais des Eaux et Forêts, en collaboration avec le Programme pour l’Environnement en Afrique centrale (CARPE) et le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Toute la maquette n’a malheureusement pas été présentée en raison de l’absence d’une partie des populations qui n’ont pu être déplacées à cause d’un pont défectueux au village Tchibanga.