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Présidentielle ivoirienne: l’armée ferme les frontières après la large victoire, contestée, de Ouattara

L’armée a fermé jeudi soir les frontières de la Côte d’Ivoire, où la large victoire à la présidentielle de l’opposant Alassane Ouattara sur le sortant Laurent Gbagbo, annoncée par la commission électorale, a été aussitôt contestée par le Conseil constitutionnel.

Autres signes de la confusion extrême et de la tension dans le pays, des incidents faisant plusieurs blessés ont été signalés à Abidjan dans la soirée, et les autorités ont ordonné « la suspension sans délai » de la diffusion des chaînes de télévision d’informations étrangères.
M. Ouattara, ex-Premier ministre, a remporté le scrutin « avec 54,10% des suffrages », contre 45,9% pour le chef de l’Etat, selon les résultats provisoires de la Commission électorale indépendante (CEI).

Dans l’après-midi, le président de la CEI Youssouf Bakayoko avait annoncé ces résultats provisoires à l’improviste devant une poignée de journalistes dans l’hôtel où était installé le QG de campagne de M. Ouattara.

Cette proclamation était un coup de théâtre car mercredi à minuit (00H00 locales et GMT) avait expiré le délai légal pour l’annonce des résultats provisoires, sans qu’un vainqueur ne soit proclamé.

Mais dans la foulée, le président du Conseil Constitutionnel, Paul Yao N’dré, un proche de Laurent Gbagbo, affirmait à la télévision publique que ces résultats n’étaient pas valables: le délai passé, la CEI n’est « plus à même de décider quoi que ce soit ».

Le Conseil constitutionnel – seul habilité à proclamer les résultats définitifs, dans un délai de sept jours – doit désormais statuer sur les requêtes pour « donner les résultats définitifs du second tour » dans « les heures qui suivent », a-t-il insisté.

Présidentielle ivoirienne: l’armée ferme les frontières après la large victoire, contestée, de Ouattara

Le camp du président Gbagbo – au pouvoir depuis dix ans – a saisi le Conseil pour faire annuler des votes « frauduleux » dans le nord sous contrôle ex-rebelle depuis 2002.
Exclu du scrutin de 2000 pour « nationalité douteuse » et symbole des tourments identitaires de ce pays de forte immigration, Alassane Dramane Ouattara, 68 ans, surnommée « ADO », aura, si son élection est définitivement confirmée, pour tâche de relever et réunifier la Côte d’Ivoire.

Naguère modèle de stabilité en Afrique de l’Ouest, le pays est plongé depuis le coup d’Etat de 1999 dans une crise qui s’est aggravée avec le putsch raté de 2002 et la partition du territoire en un sud loyaliste et un nord aux mains de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).

Dans sa première déclaration après les résultats, Alassane Ouattara a exhorté à la « paix » et promis de former « un gouvernement d’union » nationale.
Ses partisans ont laissé éclater leur joie à Abidjan et à Bouaké (centre), fief des FN. Dansant devant un char de Casques bleus de la mission onusienne dans le pays, l’Onuci, une dizaine de jeunes aux anges chantaient « Gbagbo est parti! »

Le pays a connu deux semaines de forte tension: une attaque dans la nuit de mercredi à jeudi a ainsi fait huit morts dans le QG de M. Ouattara du quartier populaire de Yopougon selon des témoins, une source policière et un responsable local de son parti.

La communauté internationale a mis la pression maximum pour éviter tout débordement violent.

Le président français Nicolas Sarkozy a demandé de permettre l’achèvement rapide et « dans un climat apaisé » du processus électoral.
La Maison Blanche a appelé « toutes les parties » à respecter les résultats de la présidentielle, mettant en garde contre toute « obstruction ».

« Des observateurs dignes de foi et accrédités ont qualifié ce scrutin de libre et juste, et aucune partie ne devrait être autorisée à faire davantage obstruction au processus électoral », a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Michael Hammer.

D’une façon très ferme, le Conseil de sécurité de l’ONU a menacé jeudi de « prendre les mesures appropriées » contre ceux qui entravent le processus.
Le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a également averti qu’il « surveillait » la situation en Côte d’Ivoire.

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