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Gabon: Omar Bongo, Mba Obame et le bongoïsme : jusqu’où ira la politique de liberté d’expression mesurée au pourcentage?

Dr. Daniel Mengara
(BDP-Gabon Nouveau, 16 janvier 2008) – Il y a des logiques au bongoïsme que seuls Omar Bongo et ses sbires attitrés tels André Mba Obame et Ali Bongo maîtrisent comme la paume de leur main. Ces logiques viennent, de par la très bizarre décision que vient de prendre le ministron de l’intérieur qu’est André Mba Obame, de confirmer le caractère tout à fait léger d’un régime qui, au cours des 15 dernières années, a donné plus de signes de maladie mentale collective que de stabilité.

En décrétant, ce 9 janvier, la suspension des ONG gabonaises pour ce qu’il a appelé des pourcentages exagérés de « propos politiques » qui vont au-delà de ce qui leur est autorisé de par leur statut d’associations à caractère non politique, Mba Obame a, encore une fois, révélé au monde la nature foncièrement animalière du régime Bongo, et confirmé ce qu’il est désormais aujourd’hui convenu d’appeler la dictature bongoïste au Gabon.

L’annonce intempestive de cette mesure le 9 janvier, puis son retrait précipité le 15 janvier, est, pour le moins, étrange. Mais ce qu’elle révèle, en dernier recours, c’est le type de gestion improvisée et, donc, arbitraire, que le régime Bongo fait de l’état au Gabon depuis 40 ans. Comme Omar Bongo lui-même qui, tous les dix ans, sort de son coma pour remarquer avec stupeur la dérive dans laquelle se trouve « son Gabon », chaque ministron de la république se croit, à son tour, imbu du pouvoir de se réveiller lui aussi un beau matin de son coma « manioqueux » pour « maboulement » décréter des mesures n’ayant aucun fondement juridique au regard de la loi gabonaise, même dans sa structure dictatoriale actuelle.

A la fin, l’on se prend à se demander si le doctorat en sciences politiques que vante André Mba Obame vaut vraiment quelque chose. Soit il a ramassé ce doctorat dans une poubelle de fac en France, soit le manioc empoisonné par les CFA qu’Omar Bongo fait manger tous les jours à ses sbires a irrémédiablement remplacé, dans le crâne d’André Mba Obame, les neurones qui permettent à un cerveau bien portant de fonctionner de manière optimale. Quand un supposé intellectuel, plutôt que de contribuer par son éducation à l’amélioration de sa société, se prostitue sans retenue morale aucune aux fins de promouvoir la pérennité d’un régime assassin des libertés fondamentales du peuple, il y a crime. Et quand ce même intellectuel fait montre d’une incompétence aussi chronique que celle d’un inculte n’ayant jamais connu les nobles élévations spirituelles qui découlent d’une éducation mise au service du peuple, il y a malaise.

Il y a chez Mba Obame un tel manque de moralité citoyenne que ce manque de personnalité et de dignité se reflète de plus en plus dans les nombreuses aberrations politiques commises par le ministron depuis sa trahison de l’idéal républicain dans les années 1980. Et c’est cela qui explique aujourd’hui ses malsaines prestations au sein des gouvernements manioc d’Omar Bongo.

André Mba Obame est, sans aucun doute, ce que l’on peut appeler un prostitué intellectuel ou, si l’on veut, un intellectuel prostitué. Les deux qualificatifs lui vont très bien. Peu de Gabonais savent, par exemple, que Mba Obame se serait, en secret, fait formellement adopter par Omar Bongo comme fils adoptif, et qu’il se serait, dans la même foulée, converti à l’Islam pour imiter son « frère » Ali. Mba Obame aurait donc ainsi renoncé à la paternité pourtant connue de son propre père pour, de manière quasi pathétique, se faire fils adoptif d’Omar Bongo. Il est donc aujourd’hui une sorte d’André Mba Ali Bongo Ondimba Obame totalement méconnaissable non seulement en matière de paternité morale, mais également en matière de paternité filiale. Pourquoi? Facile: il s’est prostitué. Son esprit est tellement mal tourné qu’il n’a pas hésité à renoncer à la paternité de son propre père, se faisant fils d’Akiéni alors même que son village de Médouneu existe toujours et qu’il s’y trouve des « pères » et des « grands-pères » pouvant, plus valablement, jouer ce rôle pour lui selon les normes fixées par nos traditions ancestrales.

Ce type de renoncements, qui rappellent un peu le renoncement qu’Omar Bongo fit de son propre père Ondimba, dont il ne se rappela la filiation que très tardivement, sont symptomatiques d’une carence mentale aggravée, et d’une totale dépersonnalisation de la part d’individus dont les comportements ressemblent de plus en plus à des comportements d’animaux.

Et voilà que, par la mesure intempestive d’André Mba Obame de suspendre la liberté d’expression des ONG, les tares quadragénaires incrustées dans les cervelles des hommes qui dirigent ce pays se révèlent comme étant devenues irrémédiablement pernicieuses.

Où donc André Mba Obame est-il allé ramasser son fameux doctorat en sciences politiques’ Il nous semble que ce fameux, et bizarre, docteur ès sciences politiques ne sait pas la définition du mot « politique » ! Il semble voir le mot « politique » comme un mot au sens isolé et applicable à la seule existence de « partis politiques ». Il apparaît ainsi qu’il ait réduit le sens de ce mot à sa plus simple expression, le confondant maladroitement avec l’acception dénotée par le syntagme « partis politiques », alors même que ce mot comporte des sens multiples qui en expriment, au contraire, la complexité !

Lors de ses études de sciences po, notre ministron de l’intérieur « doctoré » n’a apparemment appris ni du Larousse ni de ses professeurs que le mot « politique » est un mot qui regroupe pratiquement tous les sens qui concernent non seulement la société des hommes, mais aussi la gestion de cette société, ce qui implique non seulement les aspects purement politiques au sens restreint, mais également les aspects économiques, sociaux et même culturels ! Le Larousse nous dit pourtant que le mot « politique » utilisé comme adjectif défini tout ce qui est « relatif à la cité, au gouvernement de l’état, à la société organisée ». Dans ce contexte, le mot définit non seulement tout ce qui est « relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir dans une société organisée », mais aussi tout ce qui est « relatif aux rapports du gouvernement et de son opposition, au pouvoir et à la lutte autour du pouvoir ». En tant que substantif féminin (nom), le mot « politique » tel qu’utilisé dans le syntagme « la politique », veut dire non seulement « art et pratique du gouvernement des sociétés humaines, manière de gouverner un état », mais aussi « l’ensemble des affaires publiques ».

Autrement dit, gouverner un état au sens « politique », c’est-à-dire dans un sens qui concerne l’«ensemble des affaires publiques », n’est pas qu’une affaire de « partis politiques » et ne peut se limiter à eux comme semble le supposer André Mba Obame ; gouverner un état au sens « politique », en réalité, c’est avant tout une affaire de gestion de l’« ensemble des affaires publiques », c’est-à-dire y compris les aspects sociaux et économiques qui impliquent la cité dans son ensemble. Du coup, la gestion de l’état interpelle obligatoirement la société dans son entièreté, déclenchant aussitôt et automatiquement un engagement citoyen dans le cadre de ce que l’on appelle « la société civile ». Et c’est parce que la « société civile », de par les critères fixés dans la constitution gabonaise elle-même, n’est rien d’autre que la somme totale des citoyens qui, individuellement ou en association, se trouvent interpellés par la gestion qui est faite de leur pays, le droit d’exprimer leurs opinions « politiques » se retrouve automatiquement fixé dans l’espace et dans le temps comme un droit inaliénable. A ce titre, ce droit ne peut ni se cloisonner, ni se limiter, ni même se quantifier en termes de pourcentages de « propos politiques » à allouer puisque tout propos citoyen, qu’il soit exprimé individuellement ou en association, est forcément un « propos politique ».

Vouloir contourner cet impératif constitutionnel par des dosages au pourcentage de ce que peuvent ou ne peuvent pas dire les ONG est non seulement une grave limitation de l’esprit de la constitution de la part de ceux qui ont fomenté cette « suspension » de la liberté d’expression des Gabonais, mais aussi une preuve de l’état de dictature sauvage dans lequel se trouve le Gabon aujourd’hui. Aujourd’hui, on veut doser et quantifier les pourcentages de « propos politiques » que peuvent tenir les citoyens, qu’est-ce que cela va être demain ? La pendaison publique pour ceux qui oseront exprimer leurs opinions ?

La mesure irréfléchie de Mba Obame relève véritablement d’égarements attribuables à des esprits non seulement mesquins, mais aussi animaliers. Où est, peut-on oser demander, la limite, mais aussi la différence, que Monsieur le ministron « doctoré » dresse entre l’expression dite « politique » et l’expression dite « associative »? 

Quand il clame, par exemple, que « Quatre-vingt pour cent des propos ne sont pas du ressort des ONG », où dresse -t-il cette limite et comment mesure-t-il cette quantification’ Mba Obame n’ayant jamais utilisé son doctorat à des fins utiles à l’avancement de la nation, l’on ne peut que s’étonner qu’il ait subitement pu concocter, dans le secret des couloirs du palais Bongo, une méthode scientifique aussi brillante capable d’aider les états du monde à quantifier le pourcentage de propos politiques que doivent tenir les associations ! Bravo, Monsieur le ministron. Les chercheurs du pays attendent que vous alliez à la télé exposer votre trouvaille ! Peut-être pourrez-vous alors mériter le prix Nobel de la bêtise, car les Gabonais sont plus que curieux de savoir de manière précise à quel pourcentage de « propos politiques » vous voulez limiter l’expression associative au Gabon et selon quelle méthode !

Autrement dit, pour que les ONG méritent leur statut d’ONG, quel pourcentage vous semble acceptable ? 0%, 5%, 10%, 15%? Devront-ils bannir de leur vocabulaire les noms des ministres, les noms de Bongo, les mots « fraude », « corruption », « chômage », « Sida », « routes mortes », « salles de classe surpeuplées », « incompétence des pouvoirs publics », et j’en passe, y compris le mot « politique » lui-même ?

Et pouvez-vous nous donner quelle définition vous faites du terme « politique » qui, de par sa nature, confinerait les inquiétudes exprimées par les ONG aux seuls domaines pour lesquels vous les aurez légalisées’

Anwa!

Vraiment, vous donnez un sale nom à l’intellectualisme gabonais, Monsieur le ministron « doctoré ». Ne vous a-t-on jamais appris sur vos bancs de sciences po que l’on ne pouvait dissocier le mot « politique » du reste des phénomènes (sociaux, économiques, politiques) qui touchent à la société des hommes’ Ne vous a-t-on jamais appris que parler d’économie, de société et, même, d’environnement, c’est parler de politique ?

Quand, par exemple, des ONG comme « Brainforest » s’inquiètent des conséquences écologiques de l’exploitation du fer de Belinga, comment comprenez-vous ces inquiétudes’ Etes-vous capable de dissocier les conséquences écologiques des conséquences humaines qui découleraient d’une telle exploitation (pollution, destruction de la biodiversité, colonisation du Gabon par invasion de Chinois, etc.)? Et êtes-vous capable de dissocier ces conséquences humaines et écologiques des responsabilités de ceux qui ont pris la décision de vendre le Gabon aux Chinois pour l’exploitation de ce fer, c’est-à-dire vous et vos collègues, dans le mépris total des conséquences écologiques, humaines, sociales, économiques et culturelles multiples que va occasionner cette exploitation ? La nature « politique » de l’incompétence de votre régime dans le dossier « économique » de Bélinga ne vous semble-t-elle pas évidente dans ce lien qui existe entre la thématique écologique d’une ONG comme Brainforest et les prises de décision totalement irrationnelles de votre gouvernement coma en matière écologique ? Ne voyez-vous pas la contradiction entre votre désir de cloisonner les ONG dans leurs domaines statutaires et votre incapacité à comprendre qu’il y a un espace où cette thématique statutaire apparemment « non politique » deviendrait automatiquement « politique » dès lors que les politiques gouvernementales de votre régime iraient à l’encontre des logiques écologiques à même de garantir la préservation  d’une biodiversité importante pour l’homme, c’est-à-dire indissociable du bien-être des Gabonais vivant dans ces zones ?

Quand, par ailleurs, une association de chômeurs se mettra demain à critiquer le ministre de l’emploi ou même Omar Bongo pour le manque de solutions aux problèmes de chômage et de précarité au Gabon, chômage et précarité qui sont le résultat direct de la mauvaise gestion, des détournement et de la corruption qui sévissent dans le régime que vous représentez, pouvez-vous nous dire par quelle méthode de « vaudou » ou de chirurgie « maraboutiste » vous allez pouvoir dissocier ces facteurs économiques de la gestion désastreuse que votre régime fait de ce pays depuis 40 ans’ Pouvez-vous nous montrer à quel niveau vous faites la séparation entre les maux économiques du pays et la politique de l’emploi mise en place par les hommes qui sont censés apporter des solutions à ces maux ? Protester verbalement ou dans la rue contre la précarité, dans ce cas, ne vous semble-t-il pas être une remise en cause « politique » des hommes qui gèrent le pays à partir de considérations purement « économiques », démontrant ainsi le lien incontournable qui fait de la « politique » une question économique et de l’économie une question « politique » ?

A partir de quand, donc, un « propos » d’ampleur socioéconomique ou associatif devient-il purement « non politique » ? Quels « propos », finalement, allez-vous pouvoir désigner comme « purement apolitiques » et quels « propos » allez-vous considérer comme « purement politiques » ? Quand on sait que parler d’économie et d’environnement, c’est forcément parler de « politique », et que critiquer, dans le cadre associatif ou individuel, les politiques économiques et environnementales d’un régime comme le vôtre, n’est, en dernier ressort, rien d’autre qu’une expression « politique », allez-vous donc faire le choix de tout simplement « clouer le bec » à tous les Gabonais, y compris à toutes ces associations satellitaires de votre régime dont vous avez inondé le pays pour décourager et faire taire les revendications citoyennes ?

Quant à l’idée de « liberté d’expression » elle-même, que croyez-vous qu’elle représente? Quand on dit qu’il existe la « liberté d’expression » dans un pays donné, croyez-vous que l’on puisse se livrer, comme vous essayez de le faire, à une segmentation, puis à une quantification, de cette liberté en « libertés » spécifiques réservées aux partis politiques, puis en « libertés » spécifiques limitant dans sa portée l’expression associative ?

Non, Monsieur le ministron, la liberté d’expression ne peut être cloisonnée car elle est, de par sa nature, totale et absolue. Elle est à la fois politique, économique et sociale. Elle est totale, suprême et inaliénable.

Il est donc important que Monsieur André Mba Obame, Ministre de l’intérieur manioc dans un état coma, aille revoir ses propres textes de lois. Il verra peut-être, grâce à cet exercice intellectuel, que la Constitution gabonaise, comme toutes les autres constitutions du monde qui disent respecter et protéger le droit à la libre expression, ne peut et ne doit jamais contredire le principe de l’inaliénabilité des droits de l’homme, droits qui contiennent comme principe le plus fondamental, le droit à la libre expression.

Du moment donc, que ce droit est garanti dans la Constitution, aucune autre loi ne doit pouvoir le contredire car la Constitution étant la loi suprême qui définit les principes fondamentaux sur lesquels repose la société, toute loi organique ou autre qui serait créée en contradiction de l’esprit de la constitution serait automatiquement anticonstitutionnelle, donc nulle et non avenue. Le droit des Gabonais de se constituer en association de libre pensée et de libre expression s’en retrouve dont irrévocablement affirmé. Les Gabonais ont donc, dans ce cadre, le droit de se constituer soit en associations « à caractère politique », soit en associations à but social, ce dernier choix comportant un éventail de thématiques aussi variées que la société elle-même le permet.

Il se trouve malheureusement que pour des sbires du régime fossilisés dans la gestion arbitraire de l’état comme André Mba Obame, c’est-à-dire habitués à un fonctionnement « hors-la-loi » qui ne donne aucune prérogative ni précédence à l’esprit des lois de la république, des égarements comme celui dont il est question ici ne sont rien d’autre que l’expression de dérangements mentaux qui trahissent plus que jamais les effets nuisibles du bongoïsme au Gabon. Il est donc tout à fait « naturel », dans ce contexte « hors-la-loi », de voir un Ministre de l’intérieur se lever de son coma un beau matin pour « pondre » de toute pièce une « loi associative » verbale par laquelle il redéfinit verbalement, par son humeur du jour, la loi sur les associations existante, loi qui nulle part ne contient de préceptes définissant les pourcentages de « propos politiques » auxquels auraient droit les associations à caractère « non politique » créées en terre gabonaise. Et dans la forme même de la fameuse « suspension » des associations prononcée par le ministron, aucune mention informée des lois sur lesquelles il se base pour prononcer cette « suspension », encore moins le signe que ce ministre aurait demandé conseil à la Cour constitutionnelle pour se rassurer que le droit gabonais se prêtait à ce type de fanfaronnades.

C’est dire qu’au Gabon, la seule loi qui compte, finalement, c’est celle que Bongo proclama jadis quand il affirma que l’état au Gabon, c’était lui, ce qui fait que, quand un journaliste lui posa, en 2007, la question de savoir ce que le Gabon attendait de la France après l’élection triomphale de Nicolas Sarkozy, il répondit que lui, Bongo, était « à prendre ou à laisser », prouvant ainsi la confusion qui existait dans la tête des bongoïstes entre l’état et les individus qui gèrent cet état. On peut donc penser que, dans la tête de Mba Obame, être ministre de l’intérieur veut tout simplement dire les pleins pouvoirs pour décider de tout sans tenir compte des textes de loi qui sont supposés réglementer le fonctionnement de la république. La loi, dans ce cas, ce n’est plus la Constitution, mais « Mba Bongo Ondimba Obame », fils adoptif de « papa Bongo », président, lui aussi autoproclamé, du Gabon.

Et pourtant, les lois gabonaises elles-mêmes,  même en leur état actuel, sont assez limpides. Elles ne définissent pas les associations en termes de pourcentages de « propos politiques » autorisés, mais plutôt en termes d’objectifs visés. Autrement dit, au Gabon, il est, grosso modo, possible de réunir les associations en deux grands groupes : les associations dites de caractère politique et les associations dites de caractère non politique. Une association à caractère politique, c’est-à-dire un parti politique, fait le choix d’articuler son combat ou son existence autour du domaine politique comme association citoyenne visant à la gestion directe du pays et, à ce titre, hérite du droit de participer aux élections comme moyen d’accession au pouvoir et/ou à la gestion concertée de la chose publique. Les associations à caractère non politique, qui ont souvent des buts socioéconomiques, quant à elles, peuvent avoir des objectifs aussi divers que le permet la société, y compris des objectifs non seulement d’éducation populaire, mais aussi de protection de droits humains et parfois d’interpellation des organes publics, donc des politiques, au sujet des problèmes qui se posent à la société.

Mais la seule différence entre les deux types d’association, cher Monsieur le ministre, se trouve non pas au niveau de leurs propos politiques ou non politiques, mais plutôt au niveau de savoir si elles veulent ou non, dans le cadre de leurs activités dites « politiques », rechercher le suffrage universel par la participation aux élections. Quand donc, une association vise la participation aux élections et/ou la gestion de la chose publique, elle se crée comme association à caractère politique (parti politique) car l’état a en place des dispositions spéciales pour les associations de type électoralistes (impression de bulletins de vote, franc électoral, etc.). Mais si l’association n’a qu’un but éducatif ou socio-économique, elle se crée sous la rubrique d’association à caractère non politique.

Mais en matière de propos à tenir, leurs sujets de préoccupation sont exactement les mêmes. De la même manière que l’association à caractère politique ne limite pas ses sujets de préoccupation au seul domaine électoral, car elle se doit de parler non seulement de politique, mais aussi de tous les sujets et projets de société qui touchent à la vie sociale et économique du pays, les associations à buts sociaux, elles aussi, se réservent le droit de parler des problèmes sociaux et économiques avec comme finalité ultime d’interpeller les pouvoirs publics en vue d’un solutionnement des problèmes particuliers qui se posent dans le cadre de leur domaine d’activité. Leur discours ne peut donc que se transformer en discours politique dès lors que se pose, dans leur domaine d’activité, des problèmes d’intérêt général.

Et comme la société n’est pas une structure monolithique, il n’est pas possible, en pratique, de préciser, de manière exacte, la limite entre divers domaines. Par exemple, une association peut se créer autour du thème d’assistance aux sans-abris. Ce thème est donc un thème social. Mais donner simplement de la nourriture aux sans-abris ne résout pas le problème qui en a fait des sans-abris au premier chef. Donc, ces associations, pour mener à la suppression du problème, se doivent d’interpeller les pouvoir publics sur le phénomène des sans-abris. Du coup, leurs préoccupations, à l’origine purement sociales, se transforment en « propos politiques », établissant ainsi le lien entre la situation des sans-abris et l’incompétence des pouvoirs publics. Du coup également, plusieurs ministères se retrouvent touchés par le problème des sans-abris : le ministère de l’intérieur pour les problèmes de sécurité publique, le ministère de l’habitat pour les problèmes de logement, le ministère des affaires sociales pour les problèmes sociaux (familles brisées, enfants dans la précarité), le ministère du travail et le ministère de l’économie pour les problèmes de chômage et de précarité économique, le ministère de la santé pour les problèmes de santé publique, le ministre de l’éducation pour les enfants de sans-abris non scolarisés, le Premier ministre pour l’incompétence de son équipe gouvernementale et le président pour avoir mis en place des collaborateurs incompétents.

Voilà pourquoi il serait théoriquement possible à un citoyen de créer une association à caractère politique (parti politique) à visée locale et/ou restreinte, comme par exemple, le « Parti des Délaissés du Haut-Ogooué » dont l’objectif serait de participer uniquement aux élections locales de cette province ou une « Association des Délaissés du Haut-Ogooué », dont l’objectif serait d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les problèmes de la province. Dans ce cas, les buts seraient les mêmes, mais les outils différents. Mais dans les deux cas, le discours serait assurément « politique ».

Bref, ce que cet exemple montre est que, quand un problème de société se pose, il ne se pose pas de façon isolée. Au contraire, il touche pratiquement à tous les aspects de la vie publique et se retrouve, obligatoirement, à remonter la chaîne de responsabilités politiques jusqu’à la remise en cause totale du régime sous lequel ces crises se manifestent. Les ramifications qui lient les problèmes de société les uns aux autres sont tellement vastes, multiples et imbriquées que vouloir séparer le « politique » du social ou de l’économique, ou tenter de cloisonner, quantifier, mesurer, limiter ce qui peut être dit ou non dit, fait ou non fait, se révèle être un véritable exercice en futilité. La seule vraie distinction entre les associations à caractère politique ou non politique se confirme donc comme étant celle qui fait que certaines, les politiques, peuvent participer aux élections et les autres, les sociales, non. Mais toutes ont le droit de tenir des « propos politiques ».

Mais on comprend peut-être un peu mieux pourquoi les ministères, dans le régime Bongo, ont l’air de fonctionner de manière isolée et pourquoi les politiques de développement de ce régime ne sont jamais menées de manière concertée et rationnelle. Ainsi, les fêtes tournantes, par exemple, n’ont jamais obéi à aucune logique d’action gouvernementale et, du coup, l’argent confié à des individus hors du cadre gouvernemental s’est évaporé. C’est que les membres de ce régime ne voient jamais les liens explicites ou implicites qui lient tous les ministères entre eux et qui doivent les obliger à une concertation globale et totale quand il s’agit de définir une politique de développement digne de ce nom. Le gouvernement, dans ce cas, ne sert à rien d’autre qu’à caser les amis et complices à des postes faits pour manger et la gestion du pays se retrouve assurée par Bongo lui-même à la tête d’un gouvernement parallèle fait d’individualités obscures et mafieuses à qui l’ont distribue individuellement l’argent du pays.

Mba Obame ne comprend donc rien à ce que c’est que le mot « politique ». La preuve, c’est que la loi gabonaise devrait normalement pouvoir, dans sa forme actuelle, permettre la création d’une association à but social autour de l’objectif d’éduquer politiquement les Gabonais sur leurs droits et leurs devoirs de citoyens et, donc, utiliser une thématique entièrement politique sans pour autant viser ni la prise de pouvoir ni la participation aux élections. Sous la loi gabonaise, une telle association serait sans équivoque une association à but social clair, mais avec une thématique pourtant politique puisque son but serait d’éduquer les Gabonais sur leurs droits et leurs devoirs politiques! La logique de Mba Obame voudrait donc, sur la base de sa conception du mot « politique », que l’on ne puisse, au Gabon aujourd’hui, créer aucune association de défense des droits de l’homme vu que le but de ce type d’associations serait d’aider à la protection des citoyens contre les abus politiques de régimes dictatoriaux comme celui de Bongo au Gabon. Mais dans le cerveau frappé d’arbitraire de Monsieur Mba Obame, l’on peut tout de suite supposer que cette perspective serait tout de suite frappée d’anachronisme car il ne lui est pas facile de voir comment une association, en se posant comme association de défense des droits de l’homme, se retrouverait automatiquement dans un bras de fer politique avec son régime. L’on peut donc supposer qu’une telle association, à l’instar de Human Rights Watch, ne verrait jamais le jour au Gabon tant que les Bongo réels et les Bongo adoptifs seront au pouvoir. Les « propos politiques » ne semblent pas être de leurs goûts, apperremment.

Et voilà pourquoi le régime Bongo a du mal à comprendre comment, dans un pays qui se veut démocratique, une association ou même un parti politique pourrait choisir de s’appeler « Bongo Doit Partir » car, pour eux, il y a une flagrante confusion entre les droits garantis aux citoyens par la Constitution, et la conception monarchique, despotique et familiale qu’ils se font du pouvoir. Pour eux, un Président ou un ministre est au-dessus de la loi et intouchable. Il peut donc se permettre de suspendre qui il veut sur un simple mouvement d’humeur sans tenir compte de l’esprit des lois. Et c’est cet arbitraire qui est à la source des maux fondamentaux dont souffre notre pays, cet arbitraire qui fait, par exemple, dire à Mba Obame et aux sbires de Bongo que le BDP-Gabon Nouveau ne peut être légalisé comme association ou parti politique au Gabon avec un nom comme « Bongo Doit Partir » et, à ce titre, est considéré comme un mouvement illégal quand bien même la loi gabonaise autorise une existence légale basée sur le simple droit d’association, droit qui n’oblige personne à cette « légalisation forcée » inventée par le régime hors du cadre fixé par la loi. Là où, donc, des pays comme les Etats-Unis permettent librement à leurs citoyens de créer des associations sur des thèmes demandant directement le départ de Bush ou aux électeurs de ne pas voter pour tel ou tel candidat, au Gabon, le roi Bongo et ses petits roitelets s’inventent des lois parallèles et arbitraires qui n’ont rien à voir avec les lois inscrites dans les documents fondamentaux de la République.

Le doctorat ès sciences politiques de Monsieur André Mba Obame nous semble donc profondément périmé. Il lui serait ici vivement recommandé de retourner en France le recycler, et peut-être alors pourra-t-il, sur cette base, mieux comprendre le texte même de la Constitution gabonaise, qu’il se doit aussi de relire.

Il semble, en dernière analyse, que le bongoïsme ait transformé en ignares tous ceux qui l’ont, de près ou de loin, intégré. Omar Bongo, niveau CP zéro, ignare. Ali Bongo, niveau inconnu, ignare. Mba Obame, gros doctorat  ès sciences politiques, ignare. Ntoutoume Emane Jackie aux Mille Diplômes ronflants, ignare. Paul Mba Abessole, prêtre défroqué et ancien opposant aux trois doctorats pourtant très philosophiques, ignare. Et j’en passe. Avec le drame de toute une série d’intellectuels dont les diplômes n’ont jamais été d’aucune utilité pour le pays vu que, dans bien des cas, leurs comportements se révèlent être encore pires que ceux de personnes reconnus incultes comme Omar Bongo. Si Omar Bongo lui, a au moins l’excuse d’être ignare de naissance, quelle excuse ont des gens comme Casimir Oyé Mba, Paul Toungui et tous les autres ventrus et ventriloques du régime qui, bardés de diplômes, ont fini par vendre leurs âmes aux diables. Où est la fierté ? Où est la dignité ?

 Voilà toute une génération d’intellectuels dont le passage dans la vie sociale, politique et économique du Gabon n’aura servi strictement à rien, créant ainsi un vide qui risque, à long terme, de nuire à leurs propres enfants parce qu’ils auront manqué au devoir le plus fondamental qui incombe à toute génération, celui de préparer le terrain à leurs enfants pour que eux, à leur tour, puisse œuvrer à la consolidation des générations futures, sauvegardant ainsi la société de l’autodestruction.

Dans un pays où intellectuels et incultes sont au même niveau de conception de la chose publique, et dans un régime où le sens même de la moralité primaire s’est, depuis belle lurette, évaporé, comment s’étonner que les dérives autoritaires et animalières soient devenues l’expression même de tout ce que représente aujourd’hui le régime Bongo au Gabon, c’est-à-dire un amalgame d’animaux aux élans de bestialité avérés ?

Ce qui est sûr, c’est que les Gabonais, dans un sens comme dans l’autre, se doivent de se préparer au pire. A moins que nous ne prenions enfin sur nous, collectivement, de mettre fin immédiatement au traumatisme, par tous les moyens possibles.

Pauvre Gabon.

Dr. Daniel Mengara
Président

BDP-Gabon Nouveau
P.O. Box 3216 TCB
West Orange, New Jersey, 07052, USA
Tel: 973-447-9763
Fax: 973-447-9763
Site: https://www.bdpgabon.org
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Le BDP-Gabon Nouveau (« Bongo Doit Partir, pour la Construction d’un Gabon Nouveau ») est un mouvement politique gabonais de libération nationale en exil dont le siège se trouve dans le New Jersey aux Etats-Unis. Le BDP-Gabon Nouveau (https://www.bdpgabon.org) recherche la suppression du régime Bongo et le départ d’Omar Bongo du pouvoir par tous les moyens possibles. Le Mamba (https://www.lemamba.org) en est la branche armée.

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