Les insurgés ont été repoussés vers l’est par les forces de Kadhafi. Alors que plusieurs initiatives diplomatiques sont en cours pour tenter d’obtenir un cessez-le feu, le chef de l’Otan a estimé qu’il n’y avait pas de solultion militaire à la crise.
Malgré l’appui de l’aviation occidentiale, les insurgés libyens ont subi un nouveau revers samedi. Alors qu’ils s’étaient rapprochés dans la matinée à quelques dizaines de kilomètres de Brega, ils ont essuyé des tirs d’obus et de roquettes qui les ont obligés à battre en retraite vers l’est et Ajdabiya, à 80 km. Au moins dix fortes explosions ont été entendues dans les environs de cette ville, tandis que les forces loyalistes bombardaient les insurgés dans leur retraite.
Après une violente explosion, suivie d’un immense panache de fumée, plusieurs témoins ont assuré qu’il s’agissait d’une frappe aérienne de l’Otan. Mais l’Alliance atlantique a démenti, affirmant qu’aucun de ses avions n’avait effectué de frappe samedi sur cette ville.
En fin de journée, les insurgés contrôlaient toujours l’est d’Ajdabiya et quelques voitures revenaient. Selon des habitants, des affrontements isolés avaient cependant lieu dans différentes parties de la ville.
Ce même jour, des journalistes de l’AFP ont vu un hélicoptère militaire, arborant les couleurs des rebelles, volant à très basse altitude en direction du front, donc en violation de la zone d’exclusion aérienne en vigueur depuis le 19 mars. L’Otan a dit enquêter sur l’appareil. Des avions de l’Otan ont par ailleurs intercepté un chasseur MiG-23 piloté par un rebelle qui violait la zone d’exclusion et l’ont contraint à atterrir, a déclaré un responsable de l’organisation.
Le ministère britannique de la Défense a de son côté indiqué que des Tornado de la Royal Air Force avaient touché sept chars des pro-Kadhafi vendredi.
Mobilisation dipomatique internationale
Alors que l’Otan et les Etats-Unis divergent sur les risques d’enlisement, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et la Ligue arabe ont annoncé de nouvelles initiatives, à quelques jours d’une réunion du Groupe de contact sur la Libye mercredi prochain au Qatar. La Ligue arabe accueillera le lendemain au Caire une conférence en présence notamment du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.
Dès ce dimanche, un groupe de dirigeants africains, médiateurs de l’UA, est attendu en Libye pour tenter de rencontrer Mouammar Kadhafi puis des responsables de l’insurrection dans leur fief de Benghazi et obtenir un cessez-le-feu.
La rébellion a par avance rejeté toute idée d’un cessez-le-feu impliquant le maintien au pouvoir de Mouammar Kadhafi ou de ses fils. «Nous savons exactement ce que nous voulons. S’ils pensent qu’il peut y avoir une période de transition avec Kadhafi ou ses fils, alors ils doivent se rendre à Misrata (ville théâtre de violents affrontements, ndlr) où des femmes et des enfants ont été violés et leur dire ça», a averti Moustapha Gheriani, un porte-parole de la rébellion.
Rasmussen prône une solution politique à la crise
Le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a estimé quant à lui qu’il n’y avait «pas de solution militaire» au conflit et qu’il fallait une solution politique, dans une interview au magazine allemand Der Spiegel.
Mardi, les ministres européens des Affaires étrangères ont prévu de rencontrer un représentant du CNT, une première pour l’UE dans son ensemble. La France, le Qatar et l’Italie ont déjà reconnu officiellement cet organisme représentatif des insurgés.
L’UE se prépare en outre à lancer une mission militaro-humanitaire pour aider la population assiégée de Misrata, bombardée depuis un mois et demi par les forces de Kadhafi. Samedi, un navire affrété par le Comité international de la Croix-Rouge y a accosté avec à son bord suffisamment de fournitures médicales pour soigner 300 blessés.
(Avec AFP)