Le chef de l’Etat burkinabé, Blaise Compaoré, qui résiste depuis février à des mouvements de colère multiples, dont ceux de soldats, a été confronté, jeudi et vendredi, à une nouvelle mutinerie de sa propre garde présidentielle, qui s’est étendue à d’autres militaires. Cette mutinerie a entraîné, vendredi 15 avril, la dissolution du gouvernement dirigé par le premier ministre Tertius Zongo, et le limogeage du chef d’état-major des armées, le général Dominique Djindjéré, remplacé par le colonel-major Honoré Nabéré Traoré.
« Les secrétaires généraux des départements ministériels assurent l’expédition des affaires courantes », précise un communiqué diffusé à la radio nationale. Le mouvement de révolte avait commencé jeudi soir, et a pris fin dans la journée de vendredi après que les soldats eurent finalement reçu le paiement d’une indemnité de logement et d’alimentation qu’ils réclamaient.
En raison de cette mutinerie, le président Compaoré avait quitté Ouagadougou, la capitale, dans la nuit de jeudi à vendredi pendant quelques heures pour rejoindre son village natal, Ziniaré, à une trentaine de kilomètres de là.
UNE GROGNE RÉCURRENTE
Le mouvement avait débuté jeudi dans une caserne située dans le périmètre d’une vingtaine d’hectares du palais présidentiel, les soldats tirant en l’air pendant plusieurs heures. Il s’était ensuite étendu à une deuxième caserne. Le domicile du général Dominique Diendiéré, chef d’état-major particulier du président Compaoré, situé dans cette caserne, avait été saccagé, selon une source militaire.
Il ne s’agit pas du premier mouvement de protestation de militaires. Fin mars, des militaires en colère, qui protestaient contre la condamnation et l’emprisonnement de certains de leurs camarades inculpés dans des affaires de mœurs et de viols, s’étaient emparés d’armes de guerre dans des garnisons de plusieurs villes.
La révolte de ces soldats avait été précédée par un mouvement de contestation de jeunes étudiants à la suite de la mort, fin février, d’un des leurs, tué lors d’une manifestation. D’autres manifestations s’étaient ensuivies dans tout le pays, faisant au moins six morts, dont quatre étudiants. Cette double protestation, des militaires et des jeunes, avait constitué l’une des plus graves crises qu’ait connues le régime du président Compaoré, un ancien militaire arrivé au pouvoir il y a vingt-quatre ans à la faveur d’un coup d’Etat contre son ancien compagnon Thomas Sankara, figure emblématique de l’émancipation africaine.
Le Monde.fr avec AFP