Par Georges Malbrunot
Le responsable des médias au sein de la branche maghrébine d’al-Qaida a accordé une intéressante interview au journal saoudien Al-Hayyat publié à Londres.
Saleh Abi Mohammad y affirme que l’organisation terroriste a des implantations (des émirats dans le langage d’al-Qaida) à Benghazi, Al-Bayda, Al-Marj, Shihat et surtout à Dernah.
«Nous sommes spécialement présents à Dernah, où sheikh Abdul Hakim est notre émir et où il a formé – aux côtés d’autres frères – un conseil islamique pour gouverner la ville en vertu de la sharia», la loi islamique, déclare Saleh Abi Mohammad.
À l’est de la Libye, les villes d’implantation d’al-Qaida correspondent aux principaux fiefs de la rébellion, appuyées par la coalition occidentale. Le responsable d’al-Qaida confirme également que l’organisation terroriste a acquis récemment des armes, «destinées à protéger nos combattants et à défendre la bannière de l’islam». Des dignitaires algériens et tchadiens s’étaient inquiétés de tels transferts d’armes à al-Qaida.
Cette implantation d’al-Qaida en Libye est à l’origine des réserves occidentales sur la livraison d’armes aux rebelles, qui peinent à déloger le colonel Kadhafi du pouvoir à Tripoli. Nous l’avions signalé début avril en rappelant la forte proportion de djihadistes libyens partis combattre les troupes américaines en Irak (voir note du 2 avril).
À la question de savoir si l’intervention étrangère en Libye est positive et a permis d’éviter que les forces de Kadhafi ne commettent un massacre à Benghazi, le représentant d’al-Qaida répond sans ambiguïté :
«Il est toujours préférable de mourir en martyr, plutôt que de demander l’aide des croisés. Si les rebelles avaient attendu un peu, les troupes de Kadhafi auraient été vaincues. Nous ne considérons pas l’intervention étrangère en Libye comme positive. Les criminels (loyaux à Kadhafi, ndlr) et l’alliance diabolique (nouée entre le Conseil national de transition, reconnu par la France notamment, ndlr) sont nos ennemis, et nous les vaincrons». Un message plutôt inquiétant qu’on aurait tort de sous-estimer.