Près d’un mois après son arrestation et la chute de son régime, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo va être entendu pour la première fois vendredi par la justice ivoirienne, dans le cadre d’une enquête préliminaire portant notamment sur des accusations de crimes et exactions.
Les violences qui ont secoué la Côte d’Ivoire ont fait près de 3.000 morts selon le nouveau président Alassane Ouattara, et causé le déplacement d’environ un million de personnes.
AFP – Sia KambouPrès d’un mois après son arrestation et la chute de son régime, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo va être entendu pour la première fois vendredi par la justice ivoirienne, dans le cadre d’une enquête préliminaire portant notamment sur des accusations de crimes et exactions.
L’audition de M. Gbagbo se déroulera à Korhogo (nord), où il est assigné à résidence depuis le 13 avril, deux jours après son arrestation dans sa résidence présidentielle à Abidjan, avec sa femme Simone et une centaine de proches.
M. Gbagbo, âgé de 65 ans, sera entendu par le procureur de la République d’Abidjan, Simplice Kouadio Koffi, récemment nommé par M. Ouattara, qui sera accompagné d’officiers de police judiciaire, dans le cadre d’une enquête préliminaire portant sur des accusations de crimes et exactions, de concussion et d’appels à la haine.
Ce premier rendez-vous judiciaire pour le président déchu avait été reporté de mercredi à vendredi afin de permettre à ses avocats de l’assister.
Me Marcel Ceccaldi, membre du collectif des avocats chargés de défendre M. Gbagbo, a indiqué jeudi à l’AFP qu’il arrivait vendredi matin à Abidjan avec Me Jacques Vergès et l’avocate franco-camerounaise Lucie Bourthoumieux, pour assister à l’audition à Korhogo. « Nous ne savons pas ce qui est exactement reproché à Laurent Gbagbo. Il y a une grande pagaille qui favorise la désinformation », a déclaré Me Ceccaldi.
Selon le procureur Kouadio Koffi, l’enquête préliminaire porte sur des faits commis lors des quatre mois de crise post-électorale née de la présidentielle du 28 novembre et des 15 jours de guerre qui ont abouti à l’arrestation de M. Gbagbo le 11 avril.
Les violences qui ont secoué le pays ont fait près de 3.000 morts selon le nouveau président Alassane Ouattara, et causé le déplacement d’environ un million de personnes.
« S’il y a des personnes mises en cause, elles seront poursuivies », a ajouté le procureur, à propos des accusations contre des membres des Forces républicaines (FRCI) du président Ouattara, soupçonnés d’avoir commis des massacres dans l’ouest. « Nous avons exclu ce qui relève de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI), comme les crimes contre l’humanité », avait souligné le ministre ivoirien de la Justice, Jeannot Kouadio Ahoussou.
Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a indiqué mardi que ses services préparaient une demande au tribunal pour ouvrir une enquête concernant des massacres commis en Côte d’Ivoire.
Me Ceccaldi et ses confrères assisteront également à l’audition prévue samedi de Simone Gbagbo, à Odienné (nord-ouest), où l’épouse de l’ancien président est assignée à résidence depuis le 22 avril, après avoir été détenue avec son mari au Golf hôtel d’Abidjan, le quartier général du président Ouattara.
Début avril, une fille de Laurent Gbagbo, Marie-Antoinette Singleton, qui vit aux Etats-Unis avait saisi des avocats français, dont Me Vergès, pour étudier notamment la « légalité » de l’arrestation de ses parents.
Les avocats du collectif seront aussi présents lors des auditions d’autres membres de l’ancien régime, placés en résidence surveillée dans différentes villes du pays, dont le chef du parti de M. Gbagbo, le Front populaire ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, à Katiola (nord), et d’autres qui se trouvent à l’hôtel La Nouvelle Pergola à Abidjan.
« Près de 200 personnalités de l’ancien régime sont concernées par ces auditions. Elles figurent pour la plupart sur la liste des personnes sanctionnées par l’Union européenne », avait indiqué le ministre de la Justice, précisant que le procureur d’Abidjan devrait les entendre « d’ici le mois de juin ».
L’audition de M. Gbagbo intervient après l’arrivée mercredi en Côte d’Ivoire de trois experts internationaux indépendants chargés par l’ONU d’enquêter sur les violations graves des droits de l’Homme commises depuis la présidentielle.