Dominique Strauss-Kahn, pris dans une affaire de mœurs, risque fort de ne pas se présenter aux primaires socialistes en vue de 2012. Une nouvelle donne politique qui bouleverse le paysage de la course à la présidence.
DSK accusé d’agression sexuelle, les primaires PS s’en trouveront recomposées SIPALe « cas » DSK rebat les cartes pour 2012. Planant dans la stratosphère sondagière, DSK était le commandant de bord de facto des primaires socialistes. Même sans candidature ouvertement déclarée jusque-là. Sauf que le favori des sympathisants socialistes, bien que présumé innocent, a été cueilli avant même que l’avion ne décolle. Sur le tarmac de l’aéroport JFK de New-York précisément, avant d’être formellement inculpé dimanche pour « agression sexuelle, séquestration et tentative de viol ». Résultat ? Politologues et politiques considèrent que le patron du FMI, qui nie les faits, est désormais très probablement hors-course pour les primaires PS dont les dépôts de candidature sont prévus du 28 juin au 13 juillet.
Alors à qui profite cette probable sortie de route ? Jusqu’à dimanche, le paysage politique était relativement stabilisé : DSK sur le podium, François Hollande à la seconde place, Martine Aubry ralentie et Ségolène Royal stagnant loin derrière. La première secrétaire, liée à l’ex-maire de Sarcelles par un pacte de non-agression, était disposée à renoncer à la course aux primaires. Le pacte est désormais caduque. Si la maire de Lille décidait malgré tout de ne pas se présenter, Laurent Fabius, un de ses soutiens, pourrait « y » aller à sa place.
François Hollande, lui, voit sa position d’outsider confortée. Concurent de DSK sur le créneau de la gauche « sérieuse », l’ex-premier secrétaire pourrait prendre la pole position. « Tout devient possible » pour lui, considère ainsi Frédéric Dabi, de l’Ifop. Le candidat corrézien, qui tablait sur une absence de DSK aux primaires, pourrait croiser le fer avec Martine Aubry, rivale déclarée. Le politiologue Gérard Grunberg anticipe déjà un « affrontement gauche/droite au sein du parti ». Une ligne de rupture sur laquelle se positionne Arnaud Montebourg. Le député de Saône-et-Loire, chantre de la « démondialisation », a rarement masqué son opposition à la ligne du patron du FMI.
Dans le camp de DSK lui-même, les candidatures de compensation pourraient se multiplier. Manuel Valls, Pierre Moscovici ou Gérard Collomb pourraient ainsi rentrer en lice.
Et à droite, bien sûr, on se frotte sans doute les mains de la mise sur la touche du champion des sondages. Pas sûr, toutefois, que la nouvelle plaise à l’Elysée. « Cette affaire pourrait bénéficier à Jean-Louis Borloo (président du Parti radical), qui dans les sondages mord sur l’électorat du centre qui se reportait sur DSK », estime ainsi Gérard Grunberg.
Par G.F.V.