La levée de son immunité parlementaire ouvre la voie à des poursuites judiciaires contre l’opposant André Mba Obame qui s’était autoproclamé président. Et qui craint désormais pour son intégrité physique. D’autant qu’il ne s’est pas rendu à sa première convocation par les services de renseignement gabonais.
« Un opposant comme lui, on le préserve et, surtout, on n’en fait pas un martyr », ironise le président gabonais Ali Bongo Ondimba à propos de son rival, André Mba Obame (alias « AMO »). Le 5 mai, peu après que les députés de la majorité ont levé – en l’absence de l’intéressé – l’immunité parlementaire de l’ancien candidat à la présidentielle, par ailleurs député du Haut-Komo (Woleu Ntem), ce dernier a accusé le pouvoir de planifier son « élimination physique » – ce que dément évidemment l’entourage présidentiel.
Paranoïa ou pragmatisme ? Une chose est sûre : les partisans de l’Union nationale (UN) – le parti d’opposition dissous en janvier par les autorités – sont sur leurs gardes. Dernier incident en date : quatre hommes, dont un agent de police judiciaire armé, ont failli être lynchés jeudi soir près du domicile de Mba Obame à Libreville. Ceux-ci disaient poursuivre un voleur mais ils ont été encerclés et molestés par des fidèles de l’opposant gabonais avant d’être remis aux autorités judiciaires. « On va attendre la justice pour tirer ça au clair. Mais, on ne peut pas jouer à ce jeu là ici. L’atmosphère est délétère », a alors expliqué le secrétaire exécutif adjoint de l’UN, Gérard Ella Nguema, qui a eu du mal à calmer les ardeurs des militants.
Pour Ali Bongo Ondimba, il n’est pas question, pour l’instant, d’ordonner l’arrestation de Mba Obame. Mais la machine judiciaire est en marche contre l’ancien ministre de l’Intérieur, qui s’est autoproclamé vainqueur de la dernière présidentielle plus d’un an après l’élection, a prêté serment comme chef de l’État en janvier et a nommé un gouvernement dans la foulée. Convoqué ce vendredi 20 mai à 10 heures du matin par le B2 (services de renseignements gabonais), il ne s’est pas rendu à la convocation. « Il n’y a pas de motif sur la convocation. Il ne s’y rendra pas. Il avait été clair ces derniers jours sur le sujet », avait affirmé son avocat Me Lubin Ntoutoume.
La médiation de l’ONU, qui avait permis aux opposants d’évacuer sans dommages les bureaux du Programme des nations unies pour le développement (Pnud) dans lesquels ils s’étaient réfugiés après la prestation de serment de leur champion, avait échoué à obtenir une amnistie pour AMO. Celui-ci reste donc dans le collimateur des radicaux du régime.
« Trouble à l’ordre public »
Le 4 mars, une requête du procureur général de Libreville avait demandé la levée de l’immunité parlementaire du député, augurant une saisine prochaine de la justice. « Depuis le 25 janvier, on m’a accusé de haute trahison, de porter atteinte à la forme républicaine de l’État et, maintenant, de trouble à l’ordre public », énumère l’opposant. Désormais justiciable, le secrétaire exécutif de l’UN pourrait comparaître libre devant des juges de droit commun.
En dépit de son rapprochement avec le pouvoir, l’ancienne opposition radicale incarnée par l’Union du peuple gabonais (UPG) de Pierre Mamboundou n’a pas assisté à la séance plénière du 5 mai, à l’instar des élus de l’UN. On le voit, le cas Mba Obame divise les Gabonais, habitués par Omar Bongo Ondimba à régler les litiges autour de l’arbre à palabres plutôt que devant des juges. Demandé par le chef de l’État avec l’accord de toute la classe politique, le probable report des législatives initialement prévues en fin d’année apportera peut-être répit et sérénité aux différents protagonistes.
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